Le Luchon Aneto Trail a soufflé sa seconde bougie ce dimanche 12 juillet 2015. Une édition record avec plus de 900 participants à l’une des 3 courses au programme : La route 3404 (75 km, d+ 4500m), la Vénasque (44 km, d+ 2800m) et la Ravi-Sente (14km, d+ 650m) à 9h.
Nicolas Miquel, athlète du team Errea et ambassadeur i-Run.fr, revient sur l’évènement, avec le récit de sa course.
« Difficile de résumer une telle virée. 75km et plus de 4500m de dénivelé. Ce Luchon Aneto Trail est et a été une sacrée expédition que j’ai enfin pu faire dans son intégralité. C’est sûr, ce n’étaient pas mes 18km effectués en 2014 qui m’avaient permit de voir grand-chose et de découvrir cette région que je connais peu. Alors même si je n’avais pas initialement prévu d’y remettre les pieds (il n’y a que les imbéciles qui ne changent pas d’avis), cette cuvée 2015 sera l’occasion d’essayer d’effacer l’abandon de l’année passée que j’avais eu du mal à digérer. Donc cette année c’est à 1 mois de la course que mon retour sera décidé. La forme et l’envie sont là, même si je sais pertinemment qu’un tel exercice n’est pas ma tasse de thé. Mais pour ne rien gâcher j’apprends qu’Erreà et i-run en sont partenaires. Deux raisons supplémentaires donc de retenter l’aventure, même si c’est de loin le challenge personnel qui est ma motivation première.
Mais finalement que dire, que mettre en avant dans cette course ? Comment retranscrire un tracé aussi exigeant, aussi épuisant et aussi magnifique ? Avec du raide, du dur, de superbes paysages, des cartes postales, une mer de nuage à couper le souffle, des sommets qui semblent inatteignables, des cailloux, beaucoup de cailloux, des descentes de kamikazes, des ruisseaux, des cascades, puis des marmottes, mais vraiment plein de marmottes, des petits névés à traverser, des passages en rappel limite via ferrata … puis à nouveaux des cailloux … puis encore des marmottes … bref le trajet retour quoi, mais toujours des bénévoles aux petits soins, des randonneurs qui t’encouragent, des concurrents que tu croises et qui t’applaudissent, mais aussi et forcément des moments très durs à te demander ce que tu fous bien là, ce que tu es venu chercher ici … mais ça on en parlera pas !
En tous cas, après le départ à 5h du matin qui pique, hormis dire que j’ai ouvert la voie à Monsieur Fournier durant les 6 premiers kilomètres, je n’ai pas eu à me confronter à d’autres concurrents, si ce n’est moi-même. Et autant dire que ce n’était pas une mince affaire. Après avoir enclenché le mode « bâton » au km6, Jérôme s’envole avec sa technique irréprochable et moi je trouve mes copains que je n’avais pas utilisés depuis le GRP 2014. Bref je suis à la ramasse niveau technique, c’est une évidence. Autant j’économise un peu les cuisses en les utilisant, autant j’ai l’impression de passer en mode « tortue » … bref de quoi me dire que j’ai vraiment presque tout perdu du peu que j’avais compris l’année passée.
Pour rejoindre l’Hospice de France, fine bruine et brouillard seront aussi mes compagnons. J’avoue ne pas avoir savouré cette partie, de nuit qui plus est. Je prends mon mal en patience. Enfin l’Hospice de France avec ravito de circonstance et le brouillard a laissé place à une belle couverture nuageuse un peu brumeuse. Finalement 3km plus loin, le soleil est là. C’est par là que j’avais abdiqué en 2014 … allez je m’éloigne prestement de cette zone. Rapidement une mer de nuage nous tend les bras. Quel bonheur ! Quel spectacle !
Je comprends alors un peu plus pourquoi je suis là, mais aussi pourquoi je me sens tout petit. Magie de l’instant ! Mais je continue quand même d’avancer. On zigue, on zague pour atteindre le sommet à 2400 mètres d’altitude qui se mérite. Port de Venasque me voilà. Enfin ! Un bip et je redescends. J’ai fait 200m qu’on me somme de remonter. J’attends la chute de la blague, mais non il faut vraiment que je remonte pour rebipper car cela n’a apparemment pas bien marché. Bon bon OK. Allez on redescend et pour de bon cette fois. Longue descente pour rejoindre le coté espagnol de la virée puis un peu de roulant au niveau du plateau de la Besurta. Ah oui courir, comment on fait déjà ? Bon en fait hormis les premiers hectomètres, j’apprécie de pouvoir enfin allonger à ma guise la foulée, mais c’est un peu dur surtout aux alentours de 2000m d‘altitude.
Je cours au milieu des troupeaux de vaches. Je ne la ramène pas, car leurs sabots et leurs cornes me conseillent de tracer ma route. Bref direction le pic de Mullères, ses cailloux, ses névés, et ses marmottes à foison (je les préfère aux vaches), cette incroyable ascension qui semblent sans fin … et mon rythme qui faiblit au fur et à mesure que l’altitude s’élève. Je n’ai jamais autant marché pendant une course ! En fait je ne peux ni aller plus vite car je m’en sens incapable, ni aller plus lentement car sinon je crois que je vais m’arrêter voir reculer. Je n’y croyais plus, mais j’y suis arrivé. Point culminant atteint à 2940m. Youhou !!!
Bon j’ai croisé Jérôme depuis un moment avec quasiment trois quart d’heure d’avance. C’est le tarif ici ! Il est chez lui. A mon tour de faire le retour et de croiser les autres concurrents. Enfin du monde, ça change les idées et ça se passe dans la bonne humeur avec encouragement réciproque. Bon au passage j’ai quand même bien remarqué que derrière c’est bien revenu (10 minutes de gras maxi) et qu’il ne faudrait pas que je m’endorme sur mes lauriers. J’ai même croisé une féminine carrément bien placée, dans les 6 ou 7 si j’ai bien compté. Mais intérieurement je sais que le gros du boulot est fait. Cette 2nde place, j’aimerais bien la garder finalement et je sens que ma gestion de l’effort va me permettre d’y arriver. Je peux descendre sans couiner. Même si la descente est épique, dans les cailloux, tantôt lisse, tantôt tranchant mais avec rarement des passages propices à « se laisser tomber ». En plus il faut chercher sa trajectoire devant ses pieds et regarder un peu au loin pour deviner le balisage. Bien content de rejoindre à nouveau le plateau de la Besurta, son long passage presque roulant sur lequel je vais pouvoir tout le temps courir. Encore de quoi me rassurer.
Au ravito je refais tous les niveaux qui étaient bien bas, Et hop, je remonte en mode marche et bâton jusqu’au pas de l’Escalette. Là petit à petit on rejoint les concurrents du 44km. Cool des copains ! Il ne me reste plus qu’à me faufiler au milieu de ses concurrents et de descendre jusqu’à l’arrivée. Je vais quand même avoir droit à un supplément gratuit grâce à une bifurcation dédié au concurrent du long parcours pour finalement rejoindre mes compagnons de retour à l’Hospice de France et ce jusqu’à la ligne d’arrivée.
Mon dieu que je l’ai langui cette ligne d’arrivée. Je n’y croyais plus. Dur, dur cette longue descente avec ces petites montagnes russes dans le final. J’ai vraiment puisé dans mes ressources (plus mentales que physiques d’ailleurs) pour finir et venir à bout de cette route 3404 et ce Luchon Aneto Trail cuvée 2015. J’ai trouvé le parcours bien plus dur et exigeant que le GRP (et c’est la seule comparaison que je peux faire car c’est donc mon 2ème trail de « grand » effectué en entier). L’exercice est très éloigné de ce que je sais et ai l’habitude de faire et j’avoue ne pas avoir tout le temps pris du plaisir … mais le challenge a été relevé. Je suis vraiment heureux d’y être parvenu. Niveau organisation c’était irréprochable, niveau décor c’était incroyable, niveau ambiance c’était inimaginable. Cette ligne d’arrivée sera donc ma victoire, avec une seconde place très appréciée, même si je suis à des années lumière du vainqueur.
Il me faut un gros quart d’heure pour pouvoir retrouver mes esprits et des jambes pour me déplacer normalement … mais nouvelle cerise sur le gâteau, les bacs d’eau glacée, les ravitos, le buffet et les massages offerts à l’arrivée (et surement un peu ma gestion de course) seront ce qui va me permettre de ne presque pas avoir de courbatures suite à ce trail. Bref aucune casse ou séquelle physique à déclarer, pourtant j’ai eu, à plus d’une reprise, l’impression de flirter avec mes limites. Malgré cela, et même de façon évidente, je tiens à dire un grand merci et bravo à l’organisation qui a été au top sur toute la ligne, aux bénévoles hyper sympathiques et aux petits soins, à Marco et Patrick pour leur animation sans faille et de grande qualité, à tous les partenaires pour les activités et les attentions disponibles à l’arrivée puis à l’ensemble des concurrents avec qui j’ai pu échanger durant ma course ou à l’arrivée. »
Crédit photos : Florian Monnereau
>> Les résultats du Luchon Aneto Trail : 15km 44km 75km
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