L’Ardenne Méga Trail se courait dans notre beau département le dernier week-end de juin. Il se résume par un passage de collines en collines. Trois courses étaient au programme : l’Ardenne Mega Trail (AMT) 93 kms 4800m de D+, le Roc la Tour 55 kms 2800 de D+, le Relais de 2 fois 27 kms. Et plusieurs parcours pour nos amis marcheurs …
Deux principales rivières ont creusé nos belles vallées : la Meuse et la Semois. Elles offrent des points de vues magnifiques à divers endroits du parcours. Cette année encore, je décide de m’aligner sur l’ultra (93 km). L’ayant déjà fait, je me demande encore pourquoi me refaire aussi mal… De l’inconscience, de la folie ? Non pas du tout, tout simplement l’amour du trail, la recherche de l’évasion, de la solitude mais aussi le plaisir de revoir la beauté des paysage qui nous sont proposés.
Mon ami Ben (Benoît) a décidé de faire le Roc La Tour, 55 km, un podium lui tend les bras. Je lui ai d’ailleurs dit deux jours avant mais comme on dit: » il ne faut pas vendre la peau de l’ours avant de l’avoir tuée « . Rentrons dans le vif du sujet… Vendredi veille de la course, journée de boulot terminée (elle fut courte pour moi et c’est tant mieux….), je me rends donc à Hautes Rivières pour présenter mon sac avec l’équipement obligatoire et ensuite prendre mon dossard, euh…mes dossards, car mes amis travaillent tard donc je prends aussi les leurs contre présentation de leur sac et d’une pièce d’identité.
Fier de mon dossard 148 en main, je me dis que le sort en est jeté et qu’il n’est plus question de faire marche arrière, la pression monte un peu…. Je croise Vivien, président de cette course, quelques mots de sympathie échangés et je reprends la direction de Douzy où une petite nuit m’attend. Arrivé à la maison, je vérifie mon sac, il ne faut rien oublier… 21h je décide de me coucher, le réveil programmé à 2h45 (ça va être dur, hou là là…). Une fois réveillé, je passe prendre Fred puis Ben encore à moitié endormi et nous filons vers Hautes Rivières. Je ne suis pas stressé du tout. Tenue mise, je rejoins la ligne de départ où un bel orage s’est abattu deux heures avant et maintenant à 5h du matin, la température est de 14 degrés, c’est agréable et suffisant.
Sur la ligne de départ avec mon ami Ben, on se serre la main et on se souhaite bonne course et hop c’est parti pour 93 km et je ne sais combien de temps … Direction Tournavaux, 19 km du départ, où se trouvera le premier ravito. En fait je me motive et m’encourage comme ça d’un ravito à l’autre. Tout se passe bien, mon allure est bonne, tout à fait dans mes prévisions. Tournavaux passé, je prends la direction de Bogny sur Meuse qui est au 27ème km. Arrivé en haut de la colline surplombant ce beau village, j’entends des « aller Jojo, aller Jojo », c’est Judith, une amie qui m’a vu tout là-haut. Mais quelle voie puissante ! Mieux vaut être loin… Un petit bisou pour lui dire bonjour, je me ravitaille et c’est déjà reparti, en direction de Monthermé. Tout va pour le mieux, mon pote Ben est devant, normal il court le 55 km donc je n’ai surtout pas cherché à le suivre. Nous passons la longue roche (lieu dit), la chaleur commence à se faire sentir et bientôt le 35ème km arrive. J’ai alors un gros coup de mou, mon état de fatigue est général et pour moi qui ne supporte pas la chaleur ça risque d’être dur car le thermomètre commence à grimper. Je pioche, je pioche, je pioche jusqu’au village de la petite commune au 40ème km.
Après avoir mangé et bu, je repars, il fait de plus en plus chaud, nous sommes dans la partie la plus difficile de la course. Le taux d’hygrométrie important, m’étouffe et m’affaiblit. Je prends vraiment conscience de l’importance de la gestion de l’alimentation et de la boisson. Je me traîne avec beaucoup de mal jusqu’au 55ème km, j’y arrive enfin et là, j’ai la surprise et le plaisir de voir Stéphanie, une amie, qui a abandonné et attend Olivier son mari. Le sourire revient… Mon sac d’allégement m’attend avec mes affaires sèches et un bon sandwich. Stéphanie m’éponge, j’étends mes jambes, prends mon temps. Les muscles me font mal. C’est comme si j’avais des aiguilles dans les cuisses. Heureusement je n’ai ni crampes, ni ampoules. « Merci Steph de me bichonner autant. » Elle me regarde et je lui dis que je repars, elle m’encourage… J’ai la surprise de constater que je recours bien et vite, ce qui me redonne un gros moral. Un instant j’avais envisagé d’arrêter au 68ème mais là je n’ai plus de raisons, au contraire, c’est très bien reparti.
Pendant ma pause, Steph a reçu un message nous annonçant la 2ème place de mon ami Ben, pote de galères passées et à venir. La fatigue aidant, j’en ai les larmes aux yeux… Impossible de ne pas repartir après une telle nouvelle. Un seul regret, ne pas avoir pu voir le podium de mon ami avec sa petite fille Lison, ça devait être très émouvant. Ma course se poursuit tranquillement, pleine de joie, de bonheur et d’émotion … Arrivé au kilomètre 65, Florent, le président de notre club, est là et me dit « j’ai une super nouvelle » mais je la connais bien sûr et il m’encourage et ajoute « tu es 10ème, allez continue… »
Arrivent les Hauts Buttés, important ravito… Je mange, je bois, prends même un petit café, (merci les bénévoles). Les jambes me font très mal, alors j’essaie d’oublier la douleur, je me parle, de tout et de rien, je chante… Tout est bon pour garder le moral quand la souffrance s’installe. Je descends jusque Naux comme un canard mais je tiens bon. A Naux plus que 8 km ouf… Je reprends le chemin des bois, des sentiers et des roches escarpées et j’arrive enfin au sommet de la dernière côte. Je vois Hautes Rivières, la Semois, l’arrivée, la délivrance, j’aperçois même ma famille, leur fait signe avec mes bâtons mais ils ne me voient pas, ne m’entendent pas. Je descends à toute allure vers la route où je vois Vivien, le président de la course qui hurle pour m’encourager. Trop drôle ce Vivien qui me propose de m’emmener dans sa voiture à quelques mètres de l’arrivée.
Sacré Vivien ! Je traverse la Semois, vois mon épouse, ma fille et son copain, je suis super heureux, il me reste 800m à faire que je décide de partager avec eux en marchant. Anne, une amie, vient à ma rencontre avec Vivien et on finit ensemble… Je cours les 50 derniers mètres les larmes aux yeux, je suis très ému et j’en ai tellement bavé. Merci à tous pour ce moment… Une bonne douche, un bon massage, un bon repas, une bonne bière ou deux, tout ça fait du bien… On oublie les mauvais moments, on garde les meilleurs, jusqu’à la prochaine fois !
C’est en 13h35 avec une belle dixième place que je termine cette Ardennes Méga Trail. Merci à tous !
José ALEXANDRE
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