Pas toujours évident de comprendre exactement ce qui nous pousse à pratiquer un sport. Il y a peut être avant tout l’envie de rester en forme. Il y a sûrement aussi le besoin de se défouler, ou encore juste la curiosité de découvrir une activité et d’en faire devenir une véritable passion.
Au delà de ses explications les plus banales et objectives, on peut également en trouver des bien plus subjectives. Ce sont les émotions que la pratique sportive nous apporte. Des émotions singulières, agréables, intenses, contradictoires, ou encore mystérieuses, indescriptibles, étonnantes … Qui font qu’on y retourne, et qu’on en devient rapidement complètement accroc. Le coureur à pied fait donc partie de ces sportifs à la recherche de ces émotions. Celles qui le font vibrer et le poussent à recommencer.
L’impatience
Le coureur est impatient. Lorsqu’il prépare un objectif, les derniers jours qui précèdent ce dernier sont insoutenables. La préparation a été longue et intense, désormais, il est prêt. Il décompte les jours jusqu’au jour J, il n’arrête pas de dire qu’il a hâte, il a du mal à contenir son énergie : « c’est quand l’départ ?? » Impatient, il l’est aussi lorsqu’au bureau, son sac de sport à ses pieds, il pense à la piste et les copains qui l’attendent ce soir. D’ailleurs, il est sensé plier vers 18h, mais à 17h50, il est déjà sur le pas de la porte, prêt à décoller.
Le stress
Le coureur est stressé. Il était pressé, mais maintenant qu’il y est, il fait moins le malin ! A J-1, il commence même à se poser 10 000 questions, à se demander s’il a fait la bonne préparation, s’il n’en a pas trop fait, ou pas assez. Les interrogations sur la météo le font stresser, ses concurrents le font stresser, il commence même à stresser de se voir stresser, parce qu’il sait qu’il risque de le payer. Il a finalement des doutes sur son matériel, alors qu’il a passé des mois à le tester. Il hésite à se resservir une assiette de pâtes en se demandant s’il en a mangé assez. Vivement demain qu’il arrête de stresser !
L’euphorie
Le coureur est euphorique. Au départ, il se sent pousser des ailes. Cette ambiance de fou le transcende. Il le sait, à chaque fois, c’est la même ! Il essaye de se raisonner mais c’est plus fort que lui, il se laisse porter par la foule et sa foulée légère qui lui donnent envie de s’envoler. Il sait pertinement que ces sensations ne vont pas durer, mais tant pis, il profite. C’est pour vivre ce genre d’émotions qu’il est venu et qu’il va ensuite en baver.
La détermination
Le coureur est déterminé. Ces sentiments euphoriques du départ passés, il a retrouvé des sensations de course « normales » mais reste motivé à ne rien lâcher ! Il repense à son objectif, à ses heures d’entraînement, à ces semaines de sacrifices, à sa famille et ses copains qui le suivent aujourd’hui. C’est sûr, il va tout donner, il va aller au bout et se dépasser ! D’ailleurs, il se sent vraiment bien ce matin, ça l’encourage et le rassure, ça lui donne même une énergie supplémentaire pour avancer. C’est sûr, aujourd’hui, il va tout déchirer !
Les moments de doutes
Le coureur se pose des questions et se demande parfois, pourquoi il est là. Le sport, c’est ça : des hauts, des bas. Et quand rien ne va, il doute, perd confiance, ou encore se démotive. Jusqu’à même avoir envie d’abréger ses souffrances et de tout arrêter. Il cherche des explications à cette baisse de forme soudaine, il se dit qu’il a fait quelque chose de travers, parfois même, il a honte, et se demande s’il a bien sa place ici. Il se sent nul, il se déteste, il continue à avancer en se demandant combien de temps ce cauchemar va encore durer.
La remotivation
On l’a dit précédemment, dans le sport, on connait des hauts, puis des bas. Et parfois on retourne vers le haut. En même temps, une fois à terre, on ne peut que se relever. Mais par moments, on fait bien plus que se relever, on retrouve un second souffle, une force qui sort de nulle part et qui nous donne la motivation de repartir, de se battre à nouveau. Cette fois-ci, on ne se pose pas de questions, on prend et on relève la tête, c’est le moment d’envoyer, de se laisser porter !
L’accomplissement
L’objectif. Ce pour quoi on s’est donné tant de mal, ce qui nous a poussé à nous faire si mal. L’atteindre, c’est vivre des instants magiques d’accomplissement de soi, de fierté personnelle et de joie intérieure. C’est précisement l’envie de vivre ces émotions qui nous amène ici. C’est le moteur de ce dépassement de soi. Le bonheur de se dire : « je l’ai fait ! » Peu importe le résultat, l’important finalement, c’est d’avoir réussi à ressentir ces émotions. Celles qui nous procurent tant de plaisir et nous donnent l’envie de recommencer.
Pour terminer, je rajouterais que le partage de ces émotions permet de les vivre de manière encore plus intense. Gagner ou perdre à plusieurs, c’est ressentir et vibrer encore plus fort. Alors vivez votre passion pleinement et sans retenue, criez la haut et fort et savourez chacun de ces instants ! C’est la vie, et il faut la croquer à pleines dents !
Texte : Sylvaine CUSSOT
Photo : Remi Blomme