Se lancer dans le Grand Duc, c’est ajouter sa pierre à un édifice qui, depuis 26 ans désormais, unit dans l’effort et le partage des milliers de passionnés de course en montagne tout en fédérant les communes du massif de la Chartreuse autour d’un évènement commun, convivial et festif. Retour sur ce week-end en terres chartrousines, qui a réuni des centaines de mordus d’efforts et de beaux paysages.
Le Grand Duc, une belle aventure !
Organisée par Chartreuse Tourisme, cette épreuve voit son lieu d’accueil et son tracé changer sur chaque édition. Cette année, la commune de Les Echelles reçoit l’évènement sur la toute nouvelle base de loisirs Rivièr’Alp située à Les Echelles/Entre Deux Guiers, accueillant samedi plus de 800 coureurs impatients de retirer leurs dossards et qui, dès le lendemain, seront lâchés pour 85km et 4570m+ d’aventures inédites, décrites comme techniques par l’organisation « mais c’est ce qui fait le charme du Grand Duc !».
Les coureurs découvriront ainsi sur ce nouveau tracé certains spots d’entraînement de Julien Chorier. Ravito, aiguillage, distribution des dossards ou des repas, au total 300 bénévoles chaleureux sont présents pour soutenir les coureurs dans leurs efforts et accueillir leurs accompagnants.
Marie, bénévole pour la première fois sur un trail témoigne : « lorsque le Grand Duc a lancé son appel aux bénévoles, je me suis dis c’est pour moi ! J’avais envie de donner, d’échanger, de rencontrer des gens et surtout de partager avec eux ces moments humains, totalement désintéressés. J’ai trouvé cette expérience très bien, même s’il est vrai que c’est aussi un peu fatiguant. Mais on est bien considérés, chouchoutés même, alors c’est un plaisir ! »
Underground
C’est en ce dernier dimanche de juin, à 5h, sous un ciel étoilé, que les 179 solos sont catapultés à l’assaut des sentiers, suivis à 5h30 par les 81 duos et à 6h30 par les 92 relais 5. Si chacun à son histoire particulière avec le Grand Duc, il y a en revanche deux points qui fédèrent tous les coureurs : beauté des paysages et dureté de l’exercice!
Après un départ soft à la frontale vers Saint Christophe sur Guiers et un passage sur la Voie Sarde, les participants vont soudain plonger dans un univers mystérieux, aussi minéral qu’atypique, les profondeurs de la grotte du site historique de Saint Christophe-la-Grotte, dans un passage inédit de 250m au coeur de ses galeries inférieures, un privilège.
Le Mont Pellat dans la ligne de mire…
Peu après, aux environs du km8, commencent les choses sérieuses, direction la première grosse difficulté du tracé, la Pointe de la Cochette, point haut, qui les toise à 1618m d’alt. Son ascension par un sentier « oublié » va mettre à l’épreuve détermination et physique. Les premiers coureurs l’atteignent au lever du soleil, au terme d’une grimpée finale de 720m+ par ce versant sauvage, technique et raide!
En haut, la vue sur la Vallée des Entremonts et les sommets voisins mérite bien un coup d’œil avant de repartir en descente vers le checkpoint du Désert d’Entremont. C’est le Beaufortain Sébastien Gérard, triple vainqueur de l’Ultratour du Beaufortain, qui atteint ce point le premier, talonné de près par Luka Bollonjeon. Côté dames, Alexandra Rousset, gagnante 2014, mène la danse.
La deuxième montée, vers les aériennes crêtes de la Drière et le Mont Pellat, 1443m d’alt. va se charger d’éprouver de nouveau la volonté des concurrents, sous un ciel d’un bleu limpide permettant de savourer une vue superbe.
Le terrible Roi du Lac
Puis c’est la redescente vers Saint Thibaud de Couz, point marquant le passage de relais et le début de l’ascension vers le Mont Grêle, perché à 1425m d’alt. Au terme de 7km et 920m+, sur une fin de montée aux allures de KMV, le belvédère est rallié et la récompense s’offre enfin aux regards : une vue à couper le souffle sur le joyau de l’avant-pays savoyard, le lac d’Aiguebelette, la chaîne de l’Epine et le Lac du Bourget, au loin. Cette 3ème portion sera le début d’un véritable jeu des chaises musicales entre Sébastien Gérard, Luka Bollonjeon et Gwen Masson Schaeffer. Dans la montée vers le Mont Grêle, ce dernier attaque et prend l’ascendant, doublant Sébastien et passant premier au sommet.
Tandis que, des crêtes du Mont Grêle, le reste des concurrents entame une dévale de 1000m-, à Rivièr’Alp, on se prépare à les accueillir chaleureusement, leur destinant un ravito bien mérité avant de les renvoyer sur la seconde boucle. Il est 10h55 lorsque Gwen déboule en première position sur ce checkpoint du km50, Sébastien à 2min et Luka à 3min. Alexandra est toujours bien en tête, suivie quelques minutes plus tard par Valérie Bonnardel et Delphine Comparat.
Pas de temps à perdre car la quatrième partie recèle de nombreuses difficultés : le délicat passage de Tramoley, dans la montée vers le Belvédère de Pertuis et les Rochers de Fétrus, et celui, en descente, vers la cheminée de Fétrus, avec son chaos de rochers, mettront dans le rouge bien des coureurs. C’est au cours de cette grimpée que Gwen, dans le dur, est distancé par Sébastien, qui place son attaque finale, reprenant la tête de course pour ne plus s’en dessaisir, jusqu’à la victoire, suivi à distance par Luka. Quelques kilomètres plus loin, à Saint Laurent du Pont, Alexandra Rousset, souffrante, stoppera là les frais.
Ultime détermination…
Le passage à Saint Laurent du Pont marque le début du dernier tronçon. 20km, qui vont paraître bien longs à certains, séparent les trailers de la victoire. La difficulté sera ici de tenir, sous une chaleur impitoyable. Aux Tourniquet et Pont Napoléonien de Pierre Chave, la moitié de l’étape est abattue. Malgré tout, il faudra rivaliser de détermination pour en terminer avec ces ultimes kilomètres ! C’est avec fierté que solos, duos et relais franchissent petit à petit le dernier pont qui les sépare du titre de finisher.
Sur le site d’accueil de Rivièr’Alp, comme au coeur de tous les villages participant à l’évènement, c’est une belle ambiance, conviviale et festive qui règne. En attendant leurs challengers, familles et amis ont pu profiter des nombreuses animations proposées, la météo se prêtant à merveille à la détente.
Une détente que Sébastien Gérard a enfin pu ressentir après 10h31 de course, franchissant en grand vainqueur la ligne d’arrivée, suivi 9 min plus tard par le chartrousin Luka Bollonjeon. Malgré un passage difficile, Gwen Masson Schaeffer a su maintenir sa 3ème position jusqu’à l’arrivée. Côté dames, Valerie Bonnardel franchit la ligne victorieuse en 13:56:34, avec un petit quart d’heure d’avance sur sa dauphine Delphine Comparat. 20 min plus tard, Carmen Hildebrand boucle ce trio féminin. Du côté des duos, Yannick Vittoz et Benoît Exbrayat raflent la mise chez les messieurs en 10:01:35 tandis que Noémie Grandjean et Wilfrid Grossoeuvre l’emportent dans la catégorie duos mixtes en 11:36:36. Le duo dames est remporté par Eija Le Bris et Murielle Locatelli sur un temps de 13:23:37.
Sur les relais 5, l’équipe masculine « ça va watter ! » de Goeffrey Gras, Maxence Bruyas, David Bidoli, Ludvik Fernandes et Adrien Mingozzi remporte le défi en 08:04:30. Chez les mixtes, la victoire est pour le team Les Miaulands composé de Vincent Vittoz, Roselyne Buisson, Hélène Rochas, Eric Bruel et Wilfried Grangier en 09:47:28. Côté relais exclusivement féminin, les Potes Girls avec Catherine Leretaille, Mélanie Lucas, Nadège Borelly, Dominique Gautier et Véronique Vengeon prennent la première place de leur catégorie en 11:57:24.
L’arrivée du dernier concurrent à 22h30 clôture cette 26ème mouture. Une belle réussite où 801 coureurs et coureuses, toutes formules confondues, ont performé et pris du plaisir, sous un soleil éclatant.
Les mots de la fin…
La dureté de l’effort cède petit à petit la place à la satisfaction sur les traits des coureurs passant l’arche. Chaque trailer qui franchit l’arrivée s’abandonne enfin à la saveur, si particulière, de la victoire et à la fierté d’avoir remporté son défi personnel. Le temps est désormais à un repos mérité, où les souvenirs se libèrent enfin pour être partagés en famille ou entre amis, permettant à tous le temps d’un récit de courir dans les pas de son champion, sous l’aile du Grand Duc…
Sébastien Gérard, grand gagnant de cette édition revient sur son expérience : « pour moi, le tracé est super, très beau, comme je les aime, technique, où il faut avoir le pied montagnard et être endurant. On n’en trouve plus beaucoup dans le trail, c’est bien qu’ils aient réussi à faire ça. Après, sur les 20 derniers km, il y a pas mal de goudron, on est au soleil, il y a peu de dénivelé, c’est long et du coup les coureurs ont du souffrir de la chaleur. Moi je n’en ai pas trop souffert car j’ai réussi à me rafraîchir régulièrement mais si certains ont oublié de la faire, ça va être dur ! Mes passages préférés ? La vue du Mont Grêle sur le Lac d’Aiguebelette et le passage dans la grotte, vraiment très sympa. »
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Crédit photos : Bruno Lavit
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