La veille de la fête de la musique, un nouveau type de course décalée a débarqué en France : l’Électric Run. Dans la nuit parisienne, plus de 3000 participants ont évolué dans un monde à mi-chemin entre le running et le festival de musique. Lancé aux États-Unis en 2013, l’Electric Run a séduit plus d’une cinquantaine de villes outre-atlantique avant de d’étendre aux capitales européennes.
Mais que se cache derrière ce concept atypique ? Retour sur cette première édition française organisée par l’agence événementielle Golazo.
Peintures de guerre
Nous arrivons au jardin de Saint-Cloud, vaste esplanade au coeur du bois de Boulogne. Au loin, une scène résonne déjà fort d’un bon son électro alors que les queues s’allongent devant les stands de restauration. Il faut tuer le temps avant le départ de la course fixé à 22h30. Autour de nous, des groupes de jeunes, 25-30 ans, prennent des forces autour d’un burger-frites.
À l’inscription, pas de dossard mais un tee-shirt, un bracelet lumineux et un tube de peinture fluorescente pour se maquiller le visage. Une bonne idée pour se mettre dans l’ambiance et imaginer des dessins éphémères et insolites … Certains ont joué le jeu du déguisement multicolore, digne d’un joyeux carnaval de couleurs. Quelques égarés ont sorti leur attirail de traileur … de peur de se perdre dans la forêt, probablement. Nous profitons du temps libre s’attribuer nos peintures de guerre, comme un retour en enfance.
Après une bonne demi-heure d’attente sur la ligne de départ donné par vagues, nous sommes lâchés dans la nuit parisienne avec prudence, habituant nos yeux aux obstacles de la route. Tout au long du parcours, long d’environ 5 Km, différents mondes mêlant décors, jeu de lumières et de musiques plongent les participants dans des ambiances animées aux sonorités électro. De très belles images se profilent devant nous, des formes se dévoilent dans l’obscurité. Au milieu de cette longue ribambelle de petites lucioles, l’ambiance est plutôt sage. Certains tracent leurs route, d’autres sortent le téléphone pour saisir l’instant ou œuvrer d’un selfie entre amis. Les trublions jouent au chat et à la souris face à des farceurs décorés comme des sapins de noël. Peu à peu, les marcheurs se font plus nombreux jusqu’à la ligne d’arrivée, où une grande scène accueille les participants qui peuvent ainsi jouer les prolongations.
Premières impressions
Au moment de finir l’Electric Run, à peine essoufflé, on ne sait quoi penser, comme si nous avions raté quelque chose. L’expérience est passée vite, comme un petit manège de fête foraine dont ont peut maîtriser le rythme. Libres de nos mouvements, nous ne savions pourtant pas toujours quoi faire : courir, marcher, s’arrêter faire des photos ? Il manquait un peu de piment et d’euphorie à cette Electric Run, comme celle, explosive, que l’on voit sur le bitume américain. La faute à des participants trop disséminés sur le parcours, à un manque d’interactivité et d’animations. Pourtant, il y a là le potentiel d’une belle expérience, avec la particularité ici d’évoluer dans un grand parc, contrairement aux circuits urbains des autres Electric Run.
L’événement n’est pas une compétition ni un défi sportif. Contrairement à certaines autres épreuves décalées, ici la course à pied n’est rien d’autre qu’un prétexte. Mais pour quoi sont venus ces jeunes qui se sont acquittés d’un couteux billet d’entrée ? Le rassemblement, la convivialité et la fête semblent avoir été les maîtres mots de cette soirée. On y trouve d’ailleurs des similitudes à la Color Run : une course sans objectifs sportifs, du son qui crache, des artefacts pour offrir un grain de folie et des images déjantées !
Trouver le juste équilibre
Finalement, il faut plutôt voir l’Electric Run comme un festival de musique électronique et le lier à la date du 21 juin synonyme de fête de la musique. Proposer un programme plus complet, des animations plus festives tout en jouant sur la prudence avec les risques de l’alcool comme l’on fait les organisateurs cette année. Les comportements sont d’ailleurs révélateurs de l’état d’esprit des participants : la scène était le vrai cœur du rendez-vous et les espaces de restauration étaient pris d’assaut toute la soirée. On est là pour faire la fête ! À Paris, l’Electric Run doit encore trouver son identité pour arriver à maturité et attirer un public plus large.
L’Electric Run, c’est aussi un défi logistique. Outre le poids de la préfecture et de la réservation des lieux, la mise en place des nombreuses structures nécessite une main d’oeuvre et un gardiennage important, sans oublier les normes de sécurité toujours plus importantes. L’ouverture tardive des inscriptions a aussi limité le nombre de participants. Mais l’objectif n°1 est atteint : marquer les esprits et ancrer la date dans le copieux calendrier parisien pour mieux préparer l’édition 2016.
> En savoir plus sur le site officiel de l’Electric Run : http://electricrun.fr
Images : Rémi Blomme / Electric Run
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