Le Trail des Crêtes m’avait laissé de sacrés souvenirs l’année dernière. Difficulté du circuit, beauté des paysages, sentiers sauvages et chaleur avaient été les maîtres mots de l’édition 2014. L’édition 2015 ne devrait pas déroger à ses impressions. Mais je me souviens aussi que malgré ma victoire, j’avais fini cramé.
Cette année, je me sais moins affuté mais moins fatigué aussi et vraisemblablement plus expérimenté. Du coup revenir sur ce trail exigeant, à tout juste 1H de Toulouse, me semble une bonne opportunité pour tester ma gestion de course et faire un petit comparatif personnel.
C’est dans le village de Saint Paul de Jarrat, en Ariège, à quelques kilomètres de Foix que le départ est donné sur les coups de 7h. On est juste 115 au départ, mais cela fait 20 personnes en plus par rapport à 2014. Je décide de ne pas partir pas trop vite, surtout que l’on commence par 12km d’ascension non-stop vers le Fourcat. 1600m de D+ dans la musette direct.
Rapidement je me retrouve avec 2 adeptes des bâtons. J’avais prévu de les prendre mais mon sac (qui a fait son temps) et sa fermeture éclair récalcitrante vont en décider autrement. J’avoue que, du coup, être avec ces deux personnes que je ne connais pas (enfin pas encore) avec des bâtons que j’aurais aimé avoir est une drôle de position. En plus ils ont l’air de se connaitre. Ça sent la course d’équipe. En fait il s’agit de Rudy Bonnet et Jean-Bapiste Lahitte qui viennent de la région Poitou Charente et qui ne sont pas venu faire que du tourisme.
Ils ont bien raison. Le rythme est soutenu mais juste ce qu’il faut. Parfois je prends le temps de chercher un ou deux morceaux de bois ici ou là pour faire office de bâtons et économiser les cuisses … car je sais que la course est longue. Finalement je vais finir l’ascension avec Jean-Baptiste. On arrive ensemble au Fourcat (2001m) dans la brume et le froid. On croise d’ailleurs des autochtones, Nahuel (mon dauphin ici même l’année dernière) et Xavier. Des supporters inattendus ! Rudy, qui a notamment gagné le 73km du FestaTrail, est environ 1 minute derrière.
On bascule et la descente dans la brume est folklorique, mais déjà je fais un petit écart. Faut bien ouvrir les yeux pour voir le marquage ou la rubalise. Mais la brume se lève rapidement et là, panorama sublime et météo au beau fixe. Elle sera de la partie pour le reste de la course. Top ! Je descends jusqu’à la Station des Monts d’Olmes. Je refais les niveaux. Je commence à être bon à ce jeu-là. Je ne me stresse pas, remplis juste ma bouteille en plastique qui me sert de flasque avec du coca, mange une banane et un abricot sec et c’est reparti pour une belle montée jusqu’au Pic Saint Barthelemy (2348m) avec de belles portions d’escalade.
Le parcours a été modifié par rapport à l’année dernière car on fait un aller-retour pour l’atteindre et en repartir. Cela permet du coup d’évaluer l’écart avec les autres concurrents et de s’encourager aussi au passage. J’ai environ 3 minutes d’avance. Même si ma gestion de course est plutôt bonne, le circuit me semble plus dur, avec des descentes épiques. Les sentiers empruntés pour rejoindre l’étang d’Appy sont d’un casse gueule inédit. Je me fais surprendre quelques fois mais sans jamais me rétamer. C’est quasiment un exploit vu les endroits ou l’on passe.
Un nouveau ravito qui fait du bien. Je refais les niveaux. Toujours quelques bénévoles ici ou là qui font office de signaleurs. On remonte un peu dans des sentiers bien herbeux et incourable, vent de face et hop direction le Pic De Han où dénicher un sentier à emprunter au milieu de ces énormes rochers se rapproche parfois de la science fiction. Effet de la chaleur ou hallucination, dans la descente suivante, je « tombe » sur un appareil photo réflex perdu au milieu de nulle part. Je crie pour savoir si son proprio est là. Personne ! Bon je le prends avec moi et le filerais à la prochaine personne croisée. Ce qui va arriver 2km plus loin. Deux longs kilomètres car j’avoue que j’ai un moment regretté ce choix car la descente est plus sereine les 2 mains vides. C’est bien son proprio, signaleur de la course, qui je croise. Je lui donne son bien et poursuis la trace … avec enfin un sentier qui se court bien.
C’est un vrai plaisir d’allonger la foulée librement dans ces petits singles et d’avoir su garder la fraicheur musculaire pour y arriver. Quelques passages de crêtes encore à effectuer et on revient sur le Fourcat. Et là nouveauté, on remonte en haut alors que l’année dernière on avait juste pris un sentier en devers. Bon là j’avoue que les cuisses chauffent un peu. Un bénévole fait une partie de l’ascension avec moi. Il me fait un petit cours de géographie sympathique qui me permet de prendre le temps de bien regarder les retros. Un panorama de fou et cerise sur le gâteau personne en vue. Je sens que je vais pouvoir me faire la descente du Fourcat sans taper comme un bourrin. Ce que je vais faire. Une descente toute en gestion sans trop d’impact. Et dire qu’en 2014, j’avais trouvé cette portion horrible physiquement et psychologiquement. Là je suis juste bien, pas de toute première fraicheur certes mais avec une certaine marge de manœuvre.
15km de descente qui mettent les cuisses à rude épreuve, avec une dernière bosse bien casse pattes à franchir. Elle aussi est modifiée et soi-disant plus facile. Mon œil ! C’est différent certes, mais on remonte aussi haut et en rallongeant un peu. Bon je peux enfin plonger une bonne fois pour toute sur Saint Paul de Jarrat. Je profite et j’arrive bien plus frais que l’année dernière avec 4 minutes de plus … mais avec un supplément de 1km mais surtout 600 mètres de D+ en plus !!!
Je prends le temps de répondre aux questions de Robert, le speakeur fort sympathique et peux profiter du ravito d’arrivée. L’année dernière j’avais une grosse demi-heure à retrouver un semblant de lucidité. Là tout va bien. Les jambes ont bossé, je le sens mais je suis pas rebuté. Une sortie qui fait du bien. Contrat rempli avec du coup une nouvelle victoire à la clef. Ne boudons pas son plaisir. Rudy va arriver 20 minutes plus tard. JB rétrograde en 6ème position et finalement c’est Pierre LLoveras qui finira 3ème.
Organisation au top, superbe ambiance, animation maîtrisée, bénévoles super efficaces, parcours hyper technique et exigeant et j’en passe. Un grand bravo à l’organisation tout simplement et un vrai trail qui mériterait d’être plus connu. Personnellement j’ai profité à 200% de cette édition et j’ai eu l’impression de bien gérer la course … pourvu que ça dure !
Nicolas MIQUEL
Site de la course :
http://www.traildescretes.com/fr/
Vidéo de l’édition 2015 (par Krapa Rando) :