Ce mercredi 17 juin, l’athlétisme a perdu un des plus grands champions qu’elle ait eu. L’australien Ron Clarke est décédé à l’âge de 78 ans. Des problèmes de cœur l’ont emporté alors qu’il était dernièrement en mauvaise santé. Ce grand coureur des années 60 a fait évoluer les records du monde du fond d’une manière impressionnante. Il a battu pas moins de 17 records ! Malheureusement, il ne fut récompensé par aucune médailles d’or !
En 1956, la natif de Melbourne est un junior possédant déjà un record du monde, celui du mile en 4’06. Il est désigné pour allumer la torche olympique. Il fait par la suite des études d’expert comptable qui l’éloignent un peu du bord de la piste. Mais il y reviendra et n’ayant rien perdu, se lance dans sa quête… de records ! Le 1er interviendra en 1963 avec un 28’15″6 sur le 10 000m.
Il est clairement le favori des jeux de 1964, on lui promet la médaille d’or. Mais après avoir mené le train comme à son habitude, il se fait surprendre par le « fluide » tunisien Ghammoudi à 300m de la ligne, et même par le puissant américain Billy Mills. Il n’est « que » 3è. Tokyo n’est pas forcément un bon souvenir, mais Mexico en sera un pire en 1968. Pas habitué à l’effort en altitude, il finira même sur une civière avec le masque à oxygène.
Entre temps, il vit de grands moments avec le public pour ses différents records. Les chiffres sont dingues : en 44 jours, il établit 12 records dont 9 en 21 jours ! Sa plus grande perf’ sera sans doute celui du 10 000m : 27’39″4, 35s de retranchées ! Un pas énorme. Derrière lui, il faudra attendre 6 ans pour que Lasse Viren batte ce record, ainsi que celui du 5000m (13’16″6). En 1967, il récupère notamment le record du 2 miles dont Michel JAZY était le propriétaire.
Des records du 2 Miles au 20 km, succédant à des records prestigieux… Des courses perdues, nombreuses, mais plus de victoires, 240 dit-on. Mais pour combien de déconvenues à absorber et gérer…? Ron Clarke possédait un coeur qui pulsait très bas (28) mais qui ne montait pas très haut. Son allure était régulière. Il travailla à faire tomber les records, mais n’en put en sublimer un seul par des titres. Il courait… en partant d’entrée, forçant l’allure, mais n’était pas trop ouvert aux finesses tactiques et ne possédait aucun finish. Il lui fallait forcer et résister, ou s’arrêter.
Tant de coureurs dans son sillage qui ont suivi sa foulée et battu des records. Dommage qu’il n’ait plus se concentrer sur des objectifs ultimes d’événements. « On n’a qu’une seule vie, il est futile de se retourner sur elle et de regretter ce qu’on aurait pu faire » disait-il. Il était soutenu par la foule qui l’aimait bien, mais la foule est oublieuse et personne n’y peut rien… Un jour il reçu des mains d’Emil ZATOPEK une de ses 4 médailles d’or. » Tu le mérites « , lui dit le tchèque, reconnaissant le grand talent que fut celui de Clarke. John Landy, un autre grand coureur australien qui a pris maintes fois la foulée de Clarke, a déclaré : »J’étais très attristé d’entendre le décès de Ron ce matin, il était une grande star de l’athlétisme, et un homme incroyablement bon et généreux. J’élargis mes profondes condoléances à sa famille et ses amis. »
Après sa carrière d’athlète, Ron Clarke fut un homme d’affaire et écrivain, et devint maire de Gold Coast en 2004.
Mathieu BERTOS
Photo : sporting heroes