Par gainage, entendons abdos-pompes-tractions-positions à contractions isométriques et autres postures relevant du burlesque (ou de l’art moderne). N’est pas esthète qui veut ! Bon, athlète non plus… Alors, il reste quoi ? Coureur à pied ? Ou plutôt « runner », pour faire années 2010.
Le joggueur dans les années 70-80 ne faisait pas du gainage mais plutôt de la « gym » (nom de Zeus, quel retour … en arrière). Quand on revoit les images de ces joggeurs en short blanc serré avec t-shirt en coton et bandeau serre-tête, ça prête à sourire. Quand on en voit certains aujourd’hui en mode sapin de Noël électrique (avec le fil des écouteurs on n’en est pas loin), c’est pas forcément mieux au niveau esthétique …
Bref ! Aujourd’hui, le gainage est plus « scientifique » dirons-nous, avec les postures de renforcement, les contractions isométriques etc, tout cela pour mieux transmettre les forces entre le haut et le bas du corps, et ainsi optimiser le fait de courir plus vite ou de se faire moins mal. La différence par rapport à avant ? C’est que l’on met des termes précis sur des choses que les anciens connaissaient déjà. Un peu comme le trail : les gens ont toujours couru en nature et en montagne, maintenant on y met un nom dessus.
La meilleure méthode ? Comparer des anciens qui jouaient aux moulins à vent en faisant des grands cercles avec les bras (vive la gym), aux nouveaux qui essayent d’imiter la position d’une table basse constipée en serrant les fesses (vive la gainage), ce n’est pas évident… Tant que le résultat capital santé / posture améliorée est validé, c’est que c’est bon.
En tout cas le coureur n’aime pas trop le gainage… Il sait qu’il faut faire des abdos, mais c’est vraiment dur et puis les résultats visibles (la fameuse « tablette de chocolat ») sont très longs à obtenir. Du coup la tablette il préfère la croquer. Il sait que la « planche » c’est très utile mais au bout de 20s le voilà atteint de tremblote parkinsonienne… Du coup la planche elle gondole, et le copain il rigole. Faut dire aussi que c’est drôle ! L’exercice de la chaise, un délice ! Quand il ressemble plus à une chaise en osier troué à laquelle il manque des barreaux… Quel état des lieux !
Ah la la, pourtant, si on n’abandonne pas au bout de la 3è séance (« et le coureur en train d’faire la planche est tombéééé »… pardon Eddy Mitchell!)… Je disais, si l’on s’y tient, les bénéfices sur la course sont importants sinon flagrants ! En trail au lieu de ressembler à un spaghetti mou en descente, vous ricochez sur les sentiers. En course sur route, comme une locomotive vous ne quittez plus les rails et êtes efficaces.
Alors spaghetti mou ou Orient Express, le choix est clair : bougez vos fesses !
Mathieu BERTOS