Hasard du calendrier ou opportunité, toujours est-il que cette année le Trail de l’Albigeois (vendredi soir) et le Trail Urbain Toulousain (dimanche matin) ont lieu le même weekend.
Deux« trails urbains »qui se déroulent dans la même région et pas trop loin de chez moi … et dont la dénomination fait toujours parler ceux pour qui les mots « trail » et « urbain » n’ont pas été créés pour être associés.
Pour moi, cela reste simplement deux courses qui ont le mérite d’exister et d’attirer un nombre certain de participants. Bref deux courses que j’ai l’habitude de faire car je trouve l’exercice assez ludique et intéressant, sans avoir besoin de m’autoproclamer yamakasi. Du coup l’enchainement me semble un petit challenge personnel stimulant.
Surtout qu’après l’Albératrail et l’UTOP (de longues épreuves pour moi), j’avais besoin de retrouver des formats courts, plutôt bitumés, pour retrouver du rythme et de la vitesse, mais sans totalement laisser le dénivelé. Vers la mi-mai, j’ai pu d’ailleurs me rassurer du coté de Cordes puis Mons avec des sensations et des résultats encourageants. Bref les voyants semblent au vert pour cet enchainement urbain.
1er rendez-vous – Vendredi Soir – Le trail de l’Albigeois.
Crédit photos : Benoit Brault (www.runningmag.fr)
C’est la 9ème édition. Ce trail urbain est aussi vieux que le fameux Lyon Urban Trail (que je me promets de faire un jour). C’est ma 5ème venue ici et j’avoue toujours y prendre un plaisir fou. Bon comme d’habitude c’est un peu le stress pour arriver à l’heure pour le départ. Finir sa journée de travail, récupérer la famille, sortir de Toulouse, prendre l’autoroute (avec en bonus gratuit un camion en panne qui créera un gros ralentissement sur 5km), poser le fiston chez les grands-parents (à 20km du lieu de départ), puis repartir, rentrer dans Albi et arriver à se garer sans trop galérer. Bon 1ère épreuve de la journée effectuée (enfin si on oublie le test à l’effort effectué le matin même, qui représentait le dernier des diagnostics à faire suite à mes petits soucis de santé de début avril).
Je récupère le dossard 20 minutes avant le départ dans une salle archi bondée sur la zone de Pratgraussal. Ça sent le plan galère mais finalement hormis la file d’attente pour récupérer le cadeau souvenir, les files d’attente vont vite. On récupéra le lot plus tard si on y pense car je préfère avoir quelques minutes pour m’échauffer un peu rapido … sauf que là grosse averse qui freine un peu ma motivation. Pas envie d’être trempe avant l’heure. On s’adapte en sautillant sur place à l’abri. Ça fera l’affaire !
19h30, la pluie s’est un peu calmée et le départ est donné. On est au-delà des 350 surla b« longue » distance de 19km. Mais Bonne nouvelle les départs des 2 distances sont espacés de 15min. C’est pas plus mal car sinon à plus de 1000, cela aurait été dangereux. Je suis rapidement avec Jerome Amathieu, on échange un peu, mais je suis apparemment plus frais et le distance rapidement au gré des passages techniques. Je pensais courir un peu avec lui mais finalement je pars à mon rythme pour une virée solitaire. Passage dans le sable, bottes de paille et pneus agrémentent la zone de départ.
C’est plutôt fun mais il faut reste concentré. Puis on rentre dans le vif du sujet après avoir traversé le Tarn sur le Pont Vieux. On file vers les bords du Tarn, on plonge, on remonte, on traverse un entrepôt désaffecté avec quelques passages d’escaliers à la clef. On zigue, on zague, on traverse des jardins, on slalome dans le vieil Albi aux abords de la Cathédrale Ste Cécile, du Musée Toulouse Lautrec avec toujours autant des ruelles pavés, de changements de direction et d’escaliers. Au fil des kilomètres je fais le trou sur Jerome et Gregory Causse, qui eux vont se tirer la bourre entre eux. Du coup je me concentre sur le balisage. Pas envie de jardiner. En étant attentif tout se passe plutôt bien. C’est sûr, dans un environnement urbain, avec toutes les signalétiques, il y a de quoi se faire avoir si on est distrait.
Surtout que le parcours a bien évolué depuis les années d’avant. Je découvre de nouveaux passages qui ont été ouverts pour l’occasion et qui offrent encore plus de charme à la manifestation. Je suis vraiment surpris. On a même le droit à un ravito dans un hôtel. C’est symbolique certes mais on reste dans le fun puisque l’épreuve se veut avant tout populaire. Première boucle citadine effectuée (qui est commune avec le 9km) puis on nous fait filer vers la partie plus nature, plus verte après avoir traversé le lycée Rascol. Là c’est majoritairement comme les années d’avant mais avec encore une fois des jolis passages inédits dans les bosquets et plusieurs traversées de ruisseau (du Caussels). Ces passages me vaudront d’ailleurs deux arrêts pour refaire mes lacets qui se sont défaits dans l’eau. Mais je ne m’attarde pas non plus, impossible de connaitre l’avance que j’ai. Donc je poursuis mon effort même si je ne vois personne dans mes rétros. Et toujours des descentes et des montées, des escaliers, des traversées de prairies.
Jamais de gros dénivelé, c’est par coup de 10m de D+ que cela se passe. Cela peut faire sourire, mais l’enchainement est délicat et mets les cuisses à l’épreuve. Surtout que parfois la pluie se remet à tomber pour corser le tout. Dans les passages en sous-bois de super singles ont été défrichés pour l’occasion, techniques et plutôt étroits. Y’a eu un sacré boulot fait en amont par l’organisation. Retour en ville en longeant le ruisseau puis le Tarn … et retour vers la zone verte via le Pont Vieux et encore quelques bâtiments à traverser, le tout en zigzaguant désormais parmi les concurrents du 9km partis 15minutes après nous puisque le final est commun.
Un peu de piment supplémentaire mais j’arrive à me faufiler sans trop de difficulté. Il y a la place et les gens sont vraiment sympas. En plus, sans le feu aux fesses ça aide. A nouveau sable, bottes de paille et pneus et voici l’arrivée. 1H18 pour 19km vraiment varié. J’ai pris mon pied avec une victoire à la clef devant Jerome et Greg que j’ai bien distancé. Avec 5 minutes d’avance. Je suis presque surpris. Merci aux passages techniques ! Du coup je repars avec un super trophée typé Kho Lanta, à remettre en jeu l’année prochaine. Décidemment ils n’en ont pas assez de moi.
2ème rendez-vous – Dimanche matin – Le Trail Urbain Toulousain (ou TUT pour les intimes).
Crédit photos : Remy Jégard / Jacques Raboisson (www.runningmag.fr)
Même dénomination mais changement d’heure et de décor pour le 2ème morceau du weekend.
Départ dimanche 9h du matin avec déjà une chaleur relative et un soleil généreux. J’ai choisi le 33km (qui en fera 31,3 d’après mon GPS). J’ai plutôt bien récupéré. J’ai même réussi à caser une sortie vélo le samedi afin de caser une récup assez active. Sur la ligne de départ, on est un peu moins de 200 sur ma distance. La foule a choisi majoritairement le 10 et le 18km. Pourtant le 33 me semble accessible. Dès le départ, un mec part en mode fusée. Ça me fait un peu sourire sur le moment, mais un peu moins 1km après.
Sa foulée est dynamique et il a l’air à cheval sur le tempo. Il regarde d’ailleurs plus souvent sa montre que le marquage au sol. Je me décide à le suivre même si je trouve le tempo un peu fort d’entrée comme ça. Une fois la Praire des filtres quittée on longe la Garonne jusqu’au pont Jumeaux. Ça défile. On est entre 3’20 et 3’30 au kilo. On est rapidement seuls au monde. Je suis tombé sur un sacré candidat qui n’est pas venu pour enfiler des perles comme on dit, ni pour faire du tourisme. Par contre il a tendance à s’embrouiller un peu les pinceaux avec le balisage. OK je suis à domicile mais je ne connais pas par cœur le circuit non plus surtout qu’il y a de nombreuses nouveautés et que le circuit est majoritairement en sens inverse des années passées. D’ailleursje trouve le balisage bien fait, même si forcément au milieu des panneaux, des feux rouges et autres signalétiques, il faut forcément être doublement vigilant.
Du coup je préfère me mettre un poil en retrait, le laisser se fatiguer à faire des freinages frein à main à chaque fois qu’il voit la direction à prendre au dernier moment. Ceci afin de rester plus attentif au balisage qu’à lui et éventuellement moins perdre d’énergie. Je trouve que j’en ai pas à gaspiller d’ailleurs. On arrive à la médiathèque, km8, en tout juste 30 minutes, direction le jardin de l’Observatoire. On prend 50m de D+ d’un coup.
Ce n’est pas beaucoup certes mais le rythme ne faiblit que légèrement. On fait quelques mini montagnes russes et on revient vers le Canal du Midi à proximité de Saint Aubin. Et là ce qui devait arriver arriva, je crois apercevoir Alphonse (mon lapin de Garenne du jour) filer dans la bouche de métro. Je l’appelle sans succès et file vers le bon balisage. Il m’a tellement fait monter dans les tours depuis le début que je ne me sens pas d’humeur à aller le chercher non plus. Je file dans la bonne direction vers la Cathédrale St Etienne, le Jardin des Plantes puis la longue section le long du canal du midi. Alphonse m’y rejoint. On discute un peu enfin. Rapidement aussi. Je le charrie un peu en lui disant qu’il fait un peu n’importe quoi depuis le début au niveau du balisage, mais il me dit qu’il n’est pas venu ici pour faire une course d’orientation. Bon OK je pense qu’on ne fera pas forcément une soirée ensemble après la course.
On traverse le campus de Rangueil puis on passe vraiment dans la station de métro cette fois. On papote un peu plus et ça se décrispe. Mais le rythme reste toujours soutenu même si on rentre plus dans une phase d’observation – gestion. On monte vers Pech David avec une bosse de 100m de D+. Je me rends compte que je vais avoir du mal à la lâcher et pire qu’il me semble un poil au-dessus. Je choisis de ne pas attaquer car je n’arrive pas à faire monter le cardio et que les mollets piquent un peu. On crapahute dans la zone verte de Pech David avec de super points de vue … et un soleil de plomb. Puis on plonge ensemble vers l’ile du Ramier. On y rejoint les concurrents du 18km. Là un bénévole nous dit « Plus que 4 kilomètres et demi ». Cela a le don de re-motiver mon compagnon du jour. Et 1 et 2 et 3 accélérations au gré des slaloms entre les concurrents, je résiste plus ou moins à ses attaques même si je commence à un peu lâcher quelques mètres. Et oui, j’en chie un peu et ce n’est pas évident de se tirer la bourre au milieu des autres concurrents. C’est un peu ma hantise d’ailleurs. En plus les passages sont désormais hyper étroits en bords de Garonne avec des orties à la clef sur les côtés.
J’essaye de me frayer un passage, tout en restant un maximum poli et de ne pas perdre de vue Alphonse. De temps en temps un petit convoi de concurrents me bouche le passage. Là je me dis que c’est mort. Mais devant il doit avoir les mêmes difficultés. J’ai envie d’abdiquer. Mais enfin on rejoint des passages plus larges et on revient même sur le bitume. Alors je me remotive car pour une fois que je peux me tirer la bourre et m’enlever les doigts sur un final, j’ai envie de jouer le jeu jusqu’au bout.Du coup le long du tramway je reviens à tout juste 5 secondes. Je me dis que ça peut finalement se jouer à rien dans la prairie des Filtres … si j’arrive à le surprendre. Mais je vois qu’un VTT à ces côtés l’informe que je reviens et il remet une dernière accélération jusqu’à la ligne qui va entériner le classement. J’arrive 12s après Alphonse. Dommage … mais il était plus fort que moi aujourd’hui tout simplement et sur l’ensemble de la course je l’ai senti plus entreprenant doncle classement est logique. Je suis tout de même content d’avoir essayé de le faire douter jusqu’au bout et de l’avoir accompagné après mon périple de vendredi soir. Le troisième Philippe est 9min derrière. Donc la sortie a vraiment été rythmée et avec du recul, c’était bien de se faire un peu malmener donc weekend plus que satisfaisant. On peut désormais passer à autre chose et revenir un peu plus sur les sentiers.
Bonus : Et si on faisait un petit comparatif ?
>> Le trail de l’Albigeois reste pour moi un gros coup de cœur. Hyper varié, très technique et truffé de relance. Ce qui d’ailleurs me correspond surement mieux. C’est même au-delà d’un trail urbain grâce à la deuxième partie nature qu’emprunte le circuit de 18km. Pourtant il n’y a pas d’escalier sans fin ou de longues côtes mais la succession de ceux-ci contribue à la difficulté. L’organisation arrive vraiment à mettre à profit de la meilleure des façons le terrain de jeu proposé. Je pense d’ailleurs que l’organisateur connait les personnes adéquates pour arriver à avoir accès à certains endroits d’une ville classée tout de même au patrimoine mondial de l’UNESCO. Tout cela donne un trail plein d’originalité, tout en relance pour lequel il faut être adroit et avoir confiance en ses chevilles, surtout que la pluie a tendance à venir régulièrement participer à la fête histoire de rendre le terrain plus technique. Les petits plus : Un repas d’après course avec des produits locaux et des tables de massages pour se faire chouchouter.
>> Le trail Urbain Toulousain est lui plus roulant donc plus fait pour les amateurs de vitesse. Il offre une belle virée dans la ville rose. Les spots de Pech David et Jolimont ont l’avantage de proposer un dénivelé plus important mais le reste du parcours reste assez plat sans être monotone non plus. En tout cas cette année les 2 spots intéressant de côté-là ont été mis à l’honneur. L’organisation arrive donc de mieux en mieux à bien exploiter le potentiel de la ville et surtout l’étendue du circuit est assez grande finalement. Ce qui permet de découvrir beaucoup de quartiers différents dans Toulouse, sans avoir peur d’y laisser une cheville. Pech David est la vraie touche nature de ce trail avec quelques beaux panoramas. La Garonne et le Canal du Midi reste aussi des endroits agréables pour courir et bien ombragé, ce qui est appréciable puisque pour la 3ème année consécutive la chaleur a accompagné le TUT. Les petits plus : il y a plus d’à coté (stands / kinés / ravito d’arrivée très fourni) et la manifestation s’étale sur le weekend avec démo de Dragon boat et courses enfant le samedi. Et le métro (ou le vélo) pour y accéder.
Bref 2 trails urbains assez proches d’un point de vue géographique et calendaire qui pourtant n’ont pas les mêmes caractéristiques. Une chose est sûre, cette année était placée sous le signe du renouveau et d’un balisage de grande qualité. Et chaque fois, les bénévoles ont grandement participé au succès de l’évènement et à l’ambiance vraiment très agréable dans les 2 cas. Le plus dur est donc de choisir. Et depuis 3 ans, je n’ai pas encore réussi … et je ne m’en plains pas.
Certains ne se laisseront jamais séduire par cet exercice car trop loin de leur conception de la course à pied, mais ces 2 manifestations méritaient vraiment ce petit article. Et comment ? Puisque sur l’ensemble du weekend ce sont plus de 2400 coureurs qui ont participé à l’un des deux évènements … et même pour certains aux deux ! »
Nicolas Miquel
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