Il n’en revient toujours pas et est encore sur son petit nuage … Christophe Noclain, athlète du team i-Run, a réalisé une énorme performance le WE dernier en terminant 2ème de l’IRONMEDOC derrière Atilla Szabo. C’est Pierre Gaspariau qui complète le podium chez les hommes. On revit sa belle course ici à travers son récit.
« En venant sur ce triathlon XXL d’Hourtin (3.8km natation / 180km vélo / 42.2km course à pied) il n’était pas question de faire de la figuration. Par ordre de priorité et/ou d’envie je venais chercher un chrono sous les 9h, à la vue de la start-list un top 5 et « icing on the cake » un sub3 sur le marathon pour faire joli.
Et disons-le de suite mes souhaits ont été largement exaucés. En venant titiller le grand Atilla Szabo, au sens propre comme au sens figuré, en terminant à 5 minutes de cet imposant magyar avec un chrono de 8h35’41 l’entrée dans le « select club » sub9 est acquis, et pas qu’un peu ! Même en ramenant aux distances exactes (ben oui comme un peu partout (ie Nice vélo 173km ; cap 41) il manque toujours un chouille par ci, par là) nous sommes sur un ± 8h45. Enorme !!
En plus d’être parfait en terme logistico-pratique (75km de la maison) cet Ironman convient parfaitement à mes qualités à vélo notamment. Ajouté à ça une natation dans un lac calme et une course à pied sans D+ sur une piste cyclable en 4 A/R et vous avez là un cocktail détonnant pour vous amener, sur un plateau ou presque, un chrono fantastique.
La course
Elle ne commencera pas super sereinement à vrai dire. A moins de 5’ du water-start je m’aperçois que je n’ai pas de puce à ma cheville gauche. Ce STREEEESSSS !!!!! Je rejoins la berge, alerte un arbitre puis le chronométreur. Ce dernier me rassure très vite en me disant qu’on m’en fournira une à T1. Ouff ! Placé en 1ère ligne au milieu du pack je n’ai pas trop le temps de gamberger sur le fameux « qu’est-ce que je fous là ?? ‘tain c’est parti pour une journée entière à souffrir !!! etc … »
Départ sans encombre, enfin sans trop de coups je veux dire, à l’aise, haut sur l’eau. Avec la consigne de partir vite l’angoisse d’être asphyxié était réelle et il n’en fût rien. C’est top ! A la sortie du chenal (± 300m) nous sommes 4 ou 5. De suite je remarque un gars en tête de ce groupe, il lève souvent la tête pour s’orienter au mieux. Il est de loin le meilleur nageur de ce p’tit pack. D’ailleurs dès qu’il met la machine en marche je suis derrière au taquet à essayer de reprendre ses pieds, non sans mal parfois. Je l’ai mon poisson-pilote !!! … et autant vous dire que je ne l’ai pas lâché de la p’tite heure passée dans l’eau. Alors oui j’ai eu l’impression de fractionner, oui je l’ai fait chier Guillaume (c’est son p’tit nom au #34) mais non je ne suis pas entamé à la sortie de l’eau. ±3700m – 53’30. A moins de 2’30 du pack de devant où figure les gars à surveiller (P.Gaspariau, G. Verschuere, S. Souffleux entre autre) la casse natation est limitée au mieux. En effet je tablais sur un 5’ de retard max sur Pierre par exemple.
T1 ou ‘heureusement-que-le-ridicule-ne-tue-pas’
Cette fois-ci la combinaison s’enlève bien (et oui il y avait des chaises et me suis pas gêné pour en utiliser une ;)), j’attache la puce qu’un arbitre me tend, enfile mon dossard. Il ne reste plus qu’à boucler le casque. Et là, c’est le drame ! Je vais perdre 1’-1’20 à attacher la jugulaire. D’abord coincée dans la visière j’ai ensuite beaucoup de mal à clipser (doigt insensibilisé ??? ). Sérieusement j’ai très honte à ce moment-là avec notre speaker Michel Mondory qui me pointe du doigt en plus. Bref je vous épargne également la perte des gels dans le parc. Rappelé par un arbitre je suis obligé d’aller les ramasser … une cata j’vous dis !
Vélo
Une bonne chose c’est que cet épisode malheureux à T1 ne m’a pas fait perdre les pédales. Elles sont bien d’ailleurs fixées à mes Bont et me permettent de partir à très bonne allure mais pas comme un taré non plus. Je suis assez lucide sur le fait que tout reste à faire. C’est dommage, certes, mais le gros de la journée est devant moi donc pas de connerie mon gars. Sur une allure/wattage proche du half IM la boucle N°1 (4 boucles de 45km à effectuer) est tournée en 1h08’47 (Puissance Normalisée -NP- 248w). Autour de la 10ème place à la sortie de l’eau + T1 je suis positionné en 7ème position à l’issue de ce 1er tour.
Sur ce 1er tour j’ai tout loisir de mesurer l’écart avec ceux de devant : Szabo est comme prévu bien, bien devant. Pierre G. pas si loin finalement puis il y a un pack de 3 gars (Serrapica ; Souffleux, Verschuere) en embuscade et Wattez aka poisson-pilote#34 qui a profité de ma belle T1 pour prendre une bonne avance. Au début du second tour j’ai un coup de moins bien. Disons qu’entre le 40ème et le 55ème la sérénité est loin d’être présente. Assez mal aux lombaires, pas très fringant avec ce vent de face sur le début de la boucle et une roue arrière, au niveau de la transmission, qui ne donne pas des signes très rassurants alors qu’il reste encore 130-140km à rouler. Autant dire que je ne fais pas le fier … Puis en reprenant la route forestière pour la 2ème fois de la journée ça va mieux, je retrouve un bon coup de pédale et passe même 6ème (double Wattez km70) ! Toujours un peu haut en watts (NP 250w) et donc 6ème à l’issue de 90km à vélo l’écart s’est sensiblement réduit avec devant. Sauf sur Pierre évidemment mais ça c’est tout à fait normal !
3ème tour avec un poil moins de puissance (NP 241w) mais bien plus à l’aise vs 2ème tour . Je ne sens quasiment plus le vent (c’est plutôt bon signe). Le mini sandwich pris au km90 (ravito perso) me fait un bien fou ! C’est l’occasion sur cette boucle de voir Pierre prendre les commandes de la course (il est fort l’übberbiker aquitain !!), de voir Serrapica lâcher (doublé vers 115ème), Seb Souffleux aussi mais un peu moins et Verschuere toujours à même distance (nous roulons pareil).
5ème à l’entame du dernier tour, j’avoue que c’est un peu l’inconnu et me demande « quand est-ce que je vais péter ?? ». 236w de NP sur ce dernier tour tout en maitrise, sans coup de mou .. c’est parfait ! Après avoir dépassé Seb Souffleux au début de ce tour (±km145) c’est au tour du hongrois Atilla de voir de plus près ma bomba P5. Nous sommes au km170 et je viens donc de passer 3ème de la course. Szabo, mains en haut du cintre depuis 1 tour et demi, est selon moi out de la course. Il finit le vélo tranquille (tout est relatif hein parce qu’il avance le bestiau même sans être aero!!) et va à la douche, ce n’est pas possible autrement.
Une transition (T2) cette fois-ci très bien. Le temps de jeter un œil à mon chrono : 178 km / 4h41 ! C’est ce qui était prévu. Comme disait l’autre : « j’adore qu’un plan se déroule sans accroc » .. ça c’est de la référence n’est-ce pas ?? 😉
Marathon
Dans ma tête ça va très vite, comme mes jambes à ce moment-là : Pour le Sub9 j’ai ± besoin d’un marathon en 3h25. Autant dire que même en « pétant » ça passe à l’aise (ouaah comment il s’la joue ;)). Pierre Gaspariau, l’homme de tête, est annoncé à 10’ . Quant à G. Verschuere il est là à 1’. Pas de doute je cours plus vite que Pierre mais faut-il que je le laisse espérer ???
C’est décidé, et ce d’autant plus que mes premières foulées sont sensationnellement excellentes, je vais aller lui mettre la pression au Piero ! Chronomètre déclenché au bout de 400m –j’ai merdouillé avec le bouton wifi- je me rends compte que suis à 3’50/km. J’ose même pas imaginer ce 1er 400 non enregistré … ça a du filer à + de 16km/h. Ma cadence de foulée -mon pêché mignon- est au top. Au bout de ± 2km je reviens sur G. Verschuere et passe donc 2ème. Veillant bien à m’alimenter (eau/ coca à chaque ravito) je déroule, concentré, fort dans la tête, à la limite de l’euphorie … limite que je ne franchis pas bien évidemment.
Au bout de 5km c’est le demi-tour et l’occasion de mesurer les écarts. Clairement il n’y a pas ou plus 10’ avec Pierre. Suivant les pointages de chacun ça tourne entre 4 et 5’ d’écart à la fin de la 1ère boucle. Ah oui c’est vrai .. j’ai oublié de préciser que notre ami Atilla s’est tout de même décidé à courir. Et merde ;))) Et franchement au bout de 5km il n’est pas très loin ! Le 2ème tour, revenu à une allure plus conventionnelle et surtout travaillée à l’entraînement de 4’05 – 4’10 au kil, se passe tout aussi bien. Au terme de ce 1er semi j’ai Pierre Gaspariau en ligne de mire. Donc en gros il m’aura fallu 22km pour combler mon retard d’un peu moins de 10’ (23km si le Piero n’avait pas voulu être le premier au WC à T2 ;)) .. et oui je suis parti vite, mais j’assume !
Bon c’est pas tout mais me voilà en tête maintenant, en tête d’un IM bon sang !! C’est aussi à ce moment précis que ça devient carrément plus difficile. La foulée devient plus lourde, moins cadencée.. c’est un peu le début de la fin mais aussi le moment de vérité. Là aussi je suis préparé à souffrir, ces km 25 à 35 ne sont que rarement une partie de plaisir au niveau musculaire. Ton corps te dit STOP, ta tête doit dire AVANCE, AVANCE !!
On m’a posé la question de savoir si j’étais déçu de n’avoir pu gagner cet IRONMEDOC. La réponse est non car je n’y ai sincèrement jamais cru. Avec ce départ rapide il était clair que la fin serait encore plus difficile, et quand j’ai croisé Atilla SZABO je me doutais qu’à un moment il reviendrait (ATILLA c’est quand même 5ème au dernier IM de Vichy avec des marathons souvent courus entre 2h45 et 2h50). Et donc il est revenu mon pote Atilla ! Au km32. J’aurais eu au moins droit à ce moment magique de boucler le 3ème tour en tête, avec les miens présents, ma famille, mes amis. Derrière mes lunettes quelques larmes ont (déjà) coulé. J’y peux rien, cette hypersensibilité fait aussi partie de moi .. il faut faire avec mais pas se laisser démobiliser.
Sur le 4ème tour il faut donc juste faire très attention, continuer à s’alimenter même si je n’ai pas connu de coup de pompes physiologique. J’ai juste horriblement mal aux jambes mais il faut se battre encore et encore. A moins de 2km de l’arrivée un classique survient : les crampes dans les ischios ! Comme quoi tout peut arriver, même à quelques hectomètres de la fin. J’essaie de courir jambes tendues, de maîtriser le truc et ça passe.
Y-a-t-il besoin de vous dire ce que j’ai ressenti au fond de moi lorsqu’il a fallu parcourir les derniers 50m dans l’aire d’arrivée ??? C’est un moment d’une telle intensité qu’il est difficile de mettre des mots là-dessus. Ce n’est pas original mais dans ta tête tu vois tout ce que tu as fais depuis le début de l’année, tous ces sacrifices : et dire qu’il y a 4 mois tu pesais 10kg de plus, y’a 6 mois tu voulais tout arrêter !!! Des heures d’entraînements, de très longues heures même pour quelques secondes de gloire d’une intensité rare mais des souvenirs à jamais gravés très profondément. C’est beau le sport ….. même si parfois ça fait mal ! Donc voilà c’est une 2ème place sur IRONMEDOC derrière Atilla Szabo. Pierre Gaspariau complète le podium pour représenter au mieux l’Aquitaine.
Ah oui au fait !! Je l’ai aussi donc mon sub 3 avec ce marathon bouclé en 2h56’34 officiellement. Dans les 3 disciplines les chronos sont superbes mais pas étonnants. A la décimale près c’est la moyenne vélo que Nick HEMET aka coach m’avait prévu. Tout comme il avait prévu un 2h58 à pied et un 56’ en nat. Sur le papier j’avais vraiment du mal à croire que je pouvais le réaliser. Comme quoi, hein …. »
Crédit photos : J.Boyer/ Griallet-Courier