À Annecy, les hommes de l’équipe de France ne pouvaient espérer meilleur scénario en décrochant les deux titres mondiaux.
Sylvain Court, après une magnifique course, est le nouveau champion du monde de trail devant le favori attendu, l’espagnol Luis Alberto Hernando. Patrick Bringer et Nicolas Martin complètent l’équipe championne du monde.
Sylvain Court, une victoire au mérite
Philippe Propage, coach de l’équipe, l’avait dit avant la course : « Personne ne se détache du lot, tous ont tous une chance de jouer le podium ». Lorsqu’il avait demandé à chacun leurs pronostics, tous avaient répondu un nom différent, preuve de l’homogénéité de cette équipe. Mais à ce petit jeu dantesque de 85 Km, c’est Sylvain Court qui s’est illustré pour s’offrir le titre après 8h16 de course, laissant couler des larmes d’émotion au terme d’un effort d’une rare intensité. Une belle récompense pour le champion de France 2014 qui rajoute la plus belle des lignes à son palmarès.
Dès le début de course, l’équipe de France s’est détachée du peloton avec à sa tête un Xavier Thévenard habitué des départs fougueux. Dans l’obscurité du Semnoz, première difficulté de la Maxi Race, seuls les espagnols suivaient le rythme, annonçant un match France/Espagnol haletant. Mais c’était sans compter sur la détermination des français, qui, au fil du parcours, se sont joués de la concurrence. À Doussard (mi-parcours), c’est le duo Sébastien Spehler / Sylvain Court qui s’est retrouvé aux avants-postes en menant un rythme soutenu. Jean-François Pontier, manager du team France, avait prévenu : « La course commence après Doussard, là où arrivent les plus grosses difficultés. Là, on a eu peur que les français fassent la course entre eux mais le principal était qu’ils soient devant ».
Derrière, seul le favori espagnol Luis Alberto Hernando a pu maintenir la pression sur les français, prenant même la tête de course après une montée efficace vers le chalet de l’Aulp. À sa poursuite, Sylvain Court s’est lancé dans un mano à mano avec l’espagnol après l’abandon de Sébastien Spehler, victime d’un malaise. Le retrait de l’alsacien restera comme la grande frustration du jour. Le duel Court/Hernando va durer quant à lui plus de 10 Km : « Au ravito de Menton, j’ai été surpris de reprendre Luis, qui n’était pas au mieux. Mais il a attaqué de nouveau très fort et j’ai dû redoubler d’effort pour revenir à sa hauteur sur les crêtes du Mont Baron » explique le nouveau champion du monde. Philippe Propage, qui l’attendait à Menton, n’a jamais douté de son état de forme : « Quand j’ai vu Sylvain au dernier ravito, j’ai compris que c’était bon ». S’il a pris quelques hectomètres d’avance à l’amorce de la dernière descente vers Annecy, Sylvain Court devra attendre la dernière ligne droite pour s’assurer d’avoir course gagnée : « C’est une très grande surprise pour moi ! » sourit le français à l’arrivée, qui termine 3’28 devant Luis Alberto Hernando, accusant le coup sur la plage d’Albigny. Après Thomas Lorblanchet en 2009 et Erik Clavery en 2011, Sylvain Court écrit à 32 ans l’une des plus belles pages de sa carrière en trail.
Une démonstration des français
Patrick Bringer complète le podium après une course pleine de maîtrise. Le clermontois a effectué une belle remontée et termine à seulement 6 minutes du vainqueur. Intercalés entre les français, le britannique Tom Owens (4e) et l’américain Alex Nichols (6e) s’offrent de belles places d’honneur. Si Ludovic Pommeret termine 5e, c’est Nicolas Martin (7e) qui complète l’équipe pour le titre collectif, loin devant les USA et la Grande-Bretagne. Derrière, les autres français ont connu des fortunes diverses, victimes de coup de mou et de défaillances qui ont freiné leur progression pour se mêler à la lutte : Xavier Thévenard (8e), Fabien Antolinos (11e), Benoît Cori (13e) et Julien Rancon (19e). Mais il faut noter que les 8 français classés (unique abandon de Spehler) intègrent tous le top 20.
La domination des français vient confirmer le rôle central de l’Hexagone dans le développement du trail. Une domination à mettre non seulement au crédit d’un groupe homogène et survitaminé, mais aussi sur le sérieux de la préparation et de l’encadrement des athlètes, qui avaient tous coché les mondiaux comme un objectif central de leur saison. C’est justement ce collectif solide qui a manqué aux autres délégations pour tenir tête au clan tricolore.
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Rémi Blomme
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