Dominé dès les premiers kilomètres par les françaises, le championnat du monde de trail à Annecy a pris des allures de championnat de France.
Au terme d’une course rapide, Nathalie Mauclair a fait éclater tout son talent pour conquérir un nouveau titre devant Caroline Chaverot. Un doublé tricolore qui a logiquement emmené l’équipe de France vers un sacre collectif devant l’Espagne et l’Italie.
Nathalie Mauclair, la rage de vaincre
Ce petit bout de femme est double championne du monde ! Ce samedi à Annecy, Nathalie Mauclair a lâché cette hargne qui l’anime lorsqu’elle est lancée sur un parcours de trail. Cette année encore, rien n’a résisté à sa force mentale et physique. Et pourtant, à la veille du départ, elle se déclarait prête à laisser son titre : « Je n’aurais jamais pensé conquérir ce titre à nouveau. C’est incroyable. C’était compliqué pour moi d’aborder cette course avec le titre 2013. Je me suis mise la pression et avec la typologie du terrain, je pensais que c’était une course pour une montagnarde ». Nathalie Mauclair, qui, en 3 ans, est devenue une habituée des ultras (UTMB, Grand Raid de la Réunion), a su prouver qu’elle était aussi à l’aise sur des formats plus courts : « J’ai pris l’habitude de ne faire que des ultras mais je me suis très bien préparée pour ce format court où il a fallu refaire plus d’intensité et de vitesse. » Une recette gagnante pour un double sacre hors-normes.
La course est partie sur des bases plus rapides que l’an passé (Maxi Race 2014). C’est Anne-Lise Rousset qui a mené le premier groupe jusqu’en haut du Semnoz avant de rentrer dans le rang avec ses coéquipières Chaverot/Mauclair. Derrière, un quatuor s’est formé, avec Maud Gobert, Stéphanie Duc, Aurélia Truel et Juliette Bénédicto. En tête de course, Caroline Chaverot a pris son train de croisière, prenant quelques centaines de mètres d’avance. C’est ainsi qu’elle a fait course en tête pendant 50 Km, avant de se faire reprendre par Nathalie Mauclair. « Au départ, je n’ai pas cherché à rattraper Caroline. Mais quand j’ai l’ai doublé, je n’ai rien lâché jusqu’à l’arrivée ! ». En 9h30’59 (25e au général), la sarthoise conserve son titre, seulement 2’22 devant Caroline Chaverot et 8’32 devant l’espagnole Maite Mayora, unique concurrente à rivaliser avec les deux françaises.
La déception de Caroline Chaverot
Le sourire crispé, le regard vide, Caroline Chaverot cachait difficilement sa frustration sur la ligne d’arrivée. Et pour cause, celle qui avait remporté l’édition 2014 de la Maxi-Race avait de grandes ambitions sur ces mondiaux. Bien préparée, elle avait terminé 2e de la Transgrancanaria en mars dernier. Confiante en tête de course, elle a mené sur près de la moitié du parcours avec toutes les chances de croire au titre. Mais quand Nathalie Mauclair est arrivée à sa hauteur, la franco-suisse a pris un coup sur la tête et n’a plus eu la force de suivre sa coéquipière. Elle n’imaginait pas ce scénario : « Pour ne rien vous cacher, oui je suis déçue que la victoire m’échappe ainsi. J’avais pourtant l’impression de faire une belle course ». Une excellente course, c’est certain, puisqu’elle bat de 45 minutes son temps établi en 2014 sur le même parcours. Une explication à ce gain important ? La préparation, selon Caroline Chaverot : « Je pense que le fait que je sois passée de 8h à 12-13h d’entraînement par semaine m’a permise de progresser ». Pas assez pour contrer le retour fulgurant de Nathalie Mauclair.
Les françaises performantes
Titrées par équipe, les athlètes françaises aux profils très différents ont offert au public une homogène et belle démonstration aux mondiaux. On notera la performance de Anne-Lise Rousset, partie comme un boulet de canon jusqu’au Semnoz. La benjamine de l’équipe de France a finalement géré son effort pour terminer à une excellente 4e place, avec le grand sourire d’une première réussie : « Je savais que je ne pouvais pas rivaliser avec mes coéquipières alors je me suis faite plaisir ! » s’amuse l’aveyronnaise fatiguée.
Maud Gobert a terminé 7e et complète l’équipe victorieuse après un parcours sans encombres : « Je n’ai jamais voulu me mettre dans le dur » a déclaré la championne du monde 2011 à l’arrivée, en expérimentée des mondiaux. Belle première pour Sarah Vieuille qui honore le maillot tricolore avec une 14e place féminine. Aurélia Truel et Stéphanie Duc terminent main dans la main, dans un jour sans, ni moyens pour se mêler à la lutte du podium (16 et 17e). Enfin, Sylvaine Cussot a du batailler à la seule force de son mental pour venir à bout de ce tracé exigeant, ralentie par une cheville blessée depuis plusieurs semaines (32e). Seule Juliette Bénédicto a été contrainte à l’abandon (pépins physiques) malgré un bon début de course dans le top 6.
> Les résultats du championnat du monde de trail 2015
Rémi Blomme