Une fois n’est pas coutume, on a décidé de vous parler sur Urun de l’UTMB et des championnats du monde d’athlétisme de Daegu. A quelques heures du grand départ, les concurrents sont déjà dans les starting-blocks. Physiquement prêt, c’est finalement contre le temps qu’il faut désormais lutter, l’impatience entretenue par plusieurs mois d’une intense préparation pour être prêt le jour J. Simple coïncidence ou pas, les premières épreuves disputées à Daegu sont le marathon et le décathlon, deux combats menés contre son corps et ses résistances physiques. L’occasion nous est donc donnée de faire un parallèle entre le parcours de l’UTMB et celui d’un décathlonien engagé à Daegu.
18h30, le coup de feu retentit…
Les dernières minutes avant le départ sont assurément les plus longues, paroles de sportifs. A l’impatience se mêle un sentiment de peur et de remise en cause. Suis je bien prêt ? Ma préparation a-t-elle été efficace ? Autant de questions qui se bousculent pour bientôt s’évanouir dans le bruit assommant d’un coup de feu. Avec quatre cols au programme, l’athlète engagé dans l’UTMB démarre sur un rythme léger alors que le décathlonien sprinte comme jamais. 100 mètres plus loin, il a déjà terminé sa première épreuve quand le traileur n’en est qu’à l’échauffement.
Les athlètes s’envolent.
La première difficulté de l’UTMB se présente quand le décathlonien, lui court avec de grandes foulées pour se jeter dans un bac à sable. Saut en longueur pour l’un, montée en altitude pour l’autre. Les deux se rejoignent finalement lors de l’épreuve de saut en hauteur. Après trois épreuves, les premières douleurs commencent à apparaitre pour le décathlonien quand le traileur averti ne ressent que de très légers picotements… La barre des deux mètres comme objectif est bien ridicule en comparaison du col du Bonhomme dont se lancent à l’assaut les participants de l’UTMB. Le décathlonien reprend finalement l’avantage sur le traileur dans l’épreuve du 400 m. Lancé comme une fusée, il démontre toutes ses capacités dans le changement de rythme et de cadence imposé par sa discipline. Plus régulier, le traileur continue la bataille qu’il mène contre son corps et pendant que l’un va dormir en pensant aux épreuves du lendemain, l’autre court toujours dans le décor majestueux que lui offre le Mont Blanc.
Une journée plus tard….
Sauf si vous vous appelez Kilian Jornet, vous êtes encore loin d’avoir fini l’UTMB. La douleur et la souffrance sont désormais à vos côtés pour le reste du parcours. De son côté, le décathlonien n’a pas forcément bien dormi mais il s’est quand même reposé, ce qui n’est pas négligeable. Dès le saut du lit, une nouvelle épreuve de sprint l’attend dans l’immense stade de Daegu, le 110 mètres haies. On pourrait presque se lancer dans le jeu des comparaisons avec le parcours accidenté de l’UTMB mais les haies présentes à intervalles réguliers sont une menace plus visible que les nombreuses pierres et branches d’arbres de l’UTMB. A la même heure, les traileurs ont déjà parcourus environ 80 km, trois cols et plus de 4406 m de dénivelés quand s’élancent les décathloniens à plus de 5 mètres de hauteur.
Les derniers mètres.
Cette fois, c’est la fin. Après avoir sauté, couru, lancé, la dernière épreuve apparaît comme une formalité. Le traileur quant à lui, n’est pas dans les mêmes dispositions. Il a surpassé sa douleur, son corps ne répond plus vraiment mais ses jambes continuent de bouger inlassablement vers l’avant. Le quatrième col vient d’être passé, dernière difficulté d’un parcours dantesque. Il reste désormais 1500 mètres aux traileurs et aux décathloniens pour terminer leur périple lancé hier. La foule se presse pour les encourager et les derniers mètres apparaissent comme une victoire pour l’un quand l’autre repense à son total de points à l’arrivée, aux prochaines échéances à venir, les Jeux olympiques… Pourtant c’est la même émotion qui se lit sur leurs visages à l’arrivée. Le sentiment du devoir accompli et d’avoir repoussé une fois de plus ses propres limites physiques.
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