Maria Semerjian, athlète du team i-Run, participait ce WE à la célèbre épreuve basque : l’Euskal Trail. Un évènement trail qui se court en duo, et sur 2 jours, d’Urеpеl à Sаіnt Etіеnnе dе Bаïgоrry ; Deux étapes de 40km à enchaîner et à effectuer ensemble. Conditions difficiles pour cette 18ème édiiton, Maria nous raconte.
« On peut dire que nous l’avons doublement gagné cet immense béret basque si seyant ! D’abord on s’est bien battues contre les autres et le temps (1ère équipe féminine en 11h09 temps cumulé, 15e équipe au scratch, la 2e équipe féminine est à plus de 2 heures derrière) et puis on a bataillées vraiment ferme contre les éléments !
Jour 1
Vendredi matin, 5h45, on saute dans nos jolies tenues printanières, on prépare nos potions magiques et en route ! Christophe nous épargne la navette de 6h et les premières averses ! Il nous amène au départ à Urepel… Bon, il pleut déjà, on le savait, pas de miracle. J’ai acheté des sacs poubelles 100 l, c’est pas très girly mais au moins on se dit que l’on sera un peu au sec quelques kilomètres…
On se place devant sur la ligne, on ne connaît pas vraiment nos adversaires, tout le monde s’observe ! Et voilà c’est parti ! Brunilde prend la tête de notre duo de choc et donne le tempo… Devant il me semble avoir vu partir quelques jupes mais pas de précipitations ! L’étape débute par 1000 m de déniv positif d’entrée de jeu, ça va calmer tout le monde. Il pleut non stop et on porte toujours nos sacs poubelle ! J’ai bien failli le déchirer un peu plus tôt mais quelle riche idée d’y avoir renoncé !
En prenant de l’altitude, les conditions météo vont très vite se dégrader !! et « l’enfer » n’est pas loin ! La pluie nous fouette à l’horizontale et les rafales de vent monstrueuses non seulement nous transpercent de froid mais en plus elles ont la fâcheuse tendance à nous envoyer sur les barbelés de la frontière ! Nos bâtons vivent leur vie, on tient debout comme on peut mais là j’ai la trouille, je n’ai plus de sensations sous les pieds, mes doigts sont gelés, ma mâchoire tétanisée et les cuisses n’en parlons pas ! Brunilde semble résister un peu mieux mais à peine… Faut juste avancer, penser à rien d’autre…
Heureusement, on arrive enfin au sommet et on se lance dans la descente un peu à corps perdu. Plus on descend, plus on s’éloigne de l’enfer ! Effectivement on reprend un peu pied, on ne traîne pas au 1er ravito que l’on passe en 1h50 bien dans nos prévisionnels. Malheureusement le répit va être de courte durée… Le profil remonte !! et le froid avec !! J’avance au radar, les cuisses comme des blocs, en hyperventilation… je serre les dents, je suis Brunilde… le 2e ravito est au 20e… on retrouve pas mal de concurrents sous des couvertures de survie… Il faut que je fasse quelque chose si je veux continuer… Brunilde me prête sa 2e veste, elle aussi est gelée mais gère mieux la situation… j’essaie de boire un peu de soupe mais je tremble dans tous les sens, sans pouvoir me contrôler, les gentilles bénévoles essaient de me bloquer les mains pour que je puisse avaler une gorgée… bref, l’hypothermie n’est pas loin, mais là pas question d’arrêter !
D’abord on est devant ! et puis si j’arrête, il se passe quoi ? je me retrouve sous une couverture de survie et j’attends le déluge !! pas question ! je suis au fond d’un trou mais c’est cyclique, je vais bien finir par en sortir !! Alors on repart, les bénévoles sont un peu inquiets mais bipent nos dossards déjà en charpie ! Finalement le pire est derrière nous… Au fil des kilomètres suivant, le paysage va peu à peu s’ouvrir ! c’est pas le grand beau mais on moins il fait sec et on se régale enfin du paysage ! les crêtes ne sont plus synonymes de punition !! Les kilomètres défilent même bien, on se détend, on retrouve des sensations, on arrive à nouveau à se restaurer et à déguster nos gourdes !!
Au dernier ravito, notre parcours rejoint celui du 2×25, on croise du monde, il fait même un rayon de soleil ! On ose enfin déchirer nos sacs poubelle, on sait que l’on est sauvées pour la journée !! et puis sur les photos à l’arrivée ce sera mieux ! Christophe est là, une belle foule aussi, personne ne semble se rendre compte de notre situation quelques heures plus tôt !! Profitons de notre arrivée sur un bon petit rythme ! On termine en 5h24, pour 40 km et 2600 de positif. On refait la course autour d’un bon gâteau basque, celui là on l’a bien mérité ! et place à la douche bouillante !
Jour 2
Même réveil, mêmes préparatifs et quasiment même météo annoncée. Bof, bof, bof… Quand tu sais ce qui t’attend, t’as moins envie d’aller te faire fouetter !! On se pare à nouveau de nos robes de polyéthylène ! On est bien loin du coton bio, mais hier, elles nous ont bien aidé à garder un peu de chaleur centrale ! Et puis perso, j’ajoute même une veste supplémentaire à ma superposition de couches, pas question de frôler la correctionnelle une 2e fois. Physiquement, à part un peu les genoux qui grincent, tout va bien !
On repart comme hier, Brunilde aux avants postes, marquant le rythme ! Comme hier, il pleut, mais 2 données supplémentaires se sont invitées à la fête du jour : le brouillard et la boue ! L’un et l’autre nous accompagneront quasiment sur tout le parcours ! Heureusement le balisage est parfait, des petits piquets jalonnent les chemins tous les 10 m. Par contre, on ne profite en rien de la balade ! On devine des paysages magnifiques surtout lorsqu’on arrive en crête ! mais le brouillard ne se lèvera pas de la journée ! dommage… La boue, elle, complique bien la progression ! Les Citadelles n’ont qu’à bien se tenir ! Heureusement, en montée on sort nos bâtons, voire on les garde en descente pour assurer les slaloms entre les racines hyper glissantes ! Quasiment tous les chemins sont transformés en petit ruisseau de boue… Les chaussettes s’en souviennent encore ! Le seul point positif c’est que la boue basque ne botte pas ! il ne manquait plus que ça !
L’expérience douloureuse d’hier porte ses fruits : on anticipe beaucoup mieux la gestion du matériel, on sort, on range les bâtons, les gants, les vestes… au bon moment. Les conditions climatiques sont calamiteuses mais le vent est bien moins fort qu’annoncé. On est bien dans notre prévisionnel de marche, les kilomètres et les ravito s’enchaînent bien. A partir du 3e ravito, on commence même à remonter pas mal de binômes masculins, on grignote des places, c’est bon pour le moral. Les gars nous encouragent, bons joueurs.
Comme hier, la fin du parcours nous fait redescendre dans la vallée et comme hier, on finit par se déshabiller et jeter nos sacs ! Le dernier ravito est un peu embouteillé par les nombreuses équipes du 25, ça bouchonne au contrôle des puces et puis sur le dernier chemin en single… alors piquée au vif par l’équipe mixte qui nous rattrape de façon étrange (auraient-ils zappé le dernier badgeage ?), je me mets en mode « sanglier » et en sollicitant « gentiment » le chemin auprès des équipes que nous rattrapons, on finit la course sur les chapeaux de roue ! Beaucoup de monde à l’arrivée, c’est bien sympa !
Et bien voilà, nous avons survécu à cette course d’anthologie !! Un grand merci à Brunilde pour sa veste, ses doigts plus habiles que les miens, sa patience dans les cotes et bien plus ! Le soleil sort juste pour les podiums, quelle ironie !
>> Infos et résultats sur le site de l’évènement : EUSKAL TRAIL
Laisser un commentaire