L’Albératrail fait partie d’une « collection » de courses qui s’intitulent les courses de la Massane au départ du Château de Valmy. Ce château est sur les hauteurs d’Argelès sur Mer situé donc dans les Pyrénées Orientales.
Samedi, ce sont les petits formats qui sont à l’honneur avec les courses enfants, un 5km (le 5km des vignes) et un 10km (le 10km de Valmy) se déroulant majoritairement autour du Château. Le dimanche ce sont les formats type semi avec le Trail de la Massane et type marathon avec l’Albératrail qui ont la part belle.
Pour ma part, je me suis donc inscrit à l’Albératrail long de 42km mais surtout annoncé avec un dénivelé de 3300m de D+. Des chiffres qui donnent presque le vertige !
Une chose est frappante en arrivant, le château de Valmy, avec l’aide des organisateurs, propose une zone de départ des plus sympathiques (stands, animations, cadre bucolique). Bref tout y est pour se sentir bien. Les montagnes (les Albères) en arrière-plan annoncent bel et bien la couleur. Le potentiel en terme de dénivelé est bien là !
La course
On est un peu moins de 300 à avoir choisi l’option du grand format. Mais le niveau semble au rendez-vous avec, entre autre, Benoit Cori (de retour de son stage avec l’équipe de France de Trail) et Nicolas Pianet (qui a gagné plusieurs fois le marathon du Mont Blanc). Ce sont les 2 grands favoris. Il y a bien sûr plein d’autres types comme moi, qui espèrent tirer leur épingle du jeu et venir participer à la « fête ».
On décolle à 7h30 sous un temps clément alors qu’il a plu dans la nuit. Certains passages rocailleux sont du coup bien glissants, mais pas de boue à déclarer. On déroule 500 mètres pour quitter le château puis on attaque déjà la première ascension de la journée : 7km500 pour 700mD+. Pistes forestières sur les premiers kilomètres, puis arrivent rapidement passages techniques et raidillons. J’essaye de trouver mon rythme en début de parcours mais ce n’est pas tout à fait ça. Ça tire déjà dans les jambes.
Je suis à moitié étonné et relativise mon malheur puisque 10 jours auparavant un simple footing était de l’ordre de l’impossible. Néanmoins je passe en haut de la 1ère difficulté, la tour de la Massane, en 7ème position. On attaque alors 5 kilomètres de descente technique et ça a le don de me faire vraiment du bien. On va supposer qu’avec le plaisir, les courbatures du départ s’estompent… je passe rapidement 6ème puis 5ème et je recolle sur Cori et Genthon juste avant d’attaquer la 2ème difficulté. Avec le retour des sensations, et surement un peu d’euphorie, je leur passe devant dès le début de la cote. Benoit me suit mais Jonathan semble décrocher. Je suis 3ème. Le pied ! Avec Cori. Incroyable ! On nous annonce les 2 premiers (dont Pianet) à 2 minutes devant.
Au milieu de l’ascension je laisse passer Benoit … pas vraiment par politesse mais juste car j’ai l’impression (et un peu peur) de m’enflammer alors qu’il reste plus de 30km. Au 2ème sommet, le Roc de la Mède, (km12) je suis juste une poignée de secondes derrière lui … mais encore une fois je me fais plaisir en descente. C’est du technique comme je l’aime. Il me laisse passer à son tour, et je lui fais un peu l’ouvreur. On se retrouve finalement à faire à quasiment 10 bornes ensemble. Mais je me demande à quelle sauce il va me manger. Km18, la plus longue ascension nous attend (un peu plus de 1000m de D+ à avaler). Benoit prend petit à petit l’ascendant sur moi avec un rythme plus régulier. Je ne le reverrai plus. Je suis 4ème. La pente devient sacrément raide avec encore de belles portions d’escalade. J’essaye de limiter les dégâts mais je sens que les dés sont jetés et qu’il faut que je gère ma place et évite surtout l’arrivée de crampes inopinées. A ma grande surprise je reviens sur celui qui fut jusque-là en 2ème position. Il semble cuit, alors je le passe sans trop m’attendrir. Désolé mais là je reviens de passer 3ème. C’est bon ça !
La montée est vraiment terrible par moment. A cause de l’épais brouillard, on nous fait faire un passage de transition avant d’avoir pu atteindre le Pic de Néoulous (à 1250m d’altitude) ce qui apparemment va nous épargner 100 ou 150m de D+. Je pense qu’on est au col de la Vaca (mais à confirmer) avec un ravito pour nous requinquer. On m’y annonce avec 3 minutes de retard sur Cori et 6 sur Pianet. Je ne peux rivaliser avec eux en montée mais je me dis que je vais pouvoir enfin galoper sur cette sorte de plateau. Et bien pas du tout. Gros coup de mou, mes mollets sont en bois et je galère vraiment.
En plus le décor est limite lugubre avec cette visibilité ultra réduite et ces larges pistes qui tranchent tellement avec ce que l’on a vécu avant. J’essaye aussi de ne pas rater une rubalise. Une jolie purée de pois. Et pour couronner le tout je me mets à marcher à plusieurs reprises alors que le terrain se prête vraiment à galoper. J’essaye d’avoir du recul et de prendre mon mal en patience. Je sais que devant je ne les reverrais jamais et que donc le reste de ma course va se faire plus ou moins aux rétroviseurs. Ce n’est pas très glorieux mais c’est ainsi. Un gel, une barre, un petit pipi, 2 ou 3 phases de marche pour comprendre ce qui cloche mais surtout des bons coups de pied aux fesses. Bon, je perds un temps fou sur les 2 premiers mais arrive tout de même à garder ma 3ème place avant la plus longue descente.
Bilan sans surprise, je suis désormais à 15min du 1er avant d’attaquer cette descente, sans savoir où en sont mes poursuivants. La tactique est désormais d’éviter tout nouveau coup de mou, blessures ou crampes de derrière les fagots. Dans cette nouvelle descente technique, je me refais un peu la cerise et arrive dans la dernière ascension avec toujours le même retard. Je suis au km33. Il me reste donc une dernière ascension d’environ 3km pour atteindre le Col du Pomer (à 500m d’altitude « seulement ») puis enfin descendre jusqu’à l’arrivée. Bon autant vous dire que cette dernière ascension, je la fais avec les moyens du bord. Je pioche dans les réserves et ça pique vraiment les jambes. La pente est ultra raide et les passages bien techniques pour ne pas changer. Je ne vais pas pouvoir courir souvent sur cette partie. Bref je suis fréquemment en mode escalade, limite à quatre pattes par moment. On s’éloigne vraiment de la course à pied en faveur d’un effort très musculaire et plus complet. J’essaye de savoir si on me revient dessus mais hormis des promeneurs ou des bénévoles, personne en vue. Je bascule avec soulagement dans la dernière descente. Le début est encore une fois très technique, limite casse gueule. Mais finalement les 3 derniers kilomètres de larges pistes forestières pour rallier l’arrivée me font presque regretter ces singles techniques car dans ces larges pistes vos cuisses prennent tous les chocs et après 40km d’efforts variés, vos cuisses elles saturent.
Malgré tout, je rejoins enfin le château de Valmy après donc un périple de 42km en … 4h47. Oui ça fait pas une super moyenne mais bon je peux vous dire que je m’en contente. Benoit a bien géré sa seconde partie de course puisqu’il coiffe quasiment sur le poteau Nicolas Pianet qui a fait presque toute la course en tête mais a, si j’ai bien compris, fini avec une cheville douloureuse. Ça se joue à une minute entre eux. J’arrive un gros quart d’heure derrière eux et finalement mon poursuivant direct a autant de retard sur moi. Même si j’ai quelques « regrets » sur ma forme du jour et mon irrégularité dans cette course, je me rends compte qu’au final je n’aurais pas pu obtenir une meilleure place … alors je savoure mon podium avec ces deux figures nationales du trail, tout simplement. Pour l’anecdote Benoit remporte le maillot jaune d’Alberaman car vainqueur, et Nicolas P. le maillot à pied car il a passé le point culminant du parcours en tête. Des récompenses symboliques mais sympathiques, qui collent bien à l’ambiance générale de l’épreuve.
Le parcours en quelques mots
Il est exigeant, vraiment technique aussi bien dans les montées que dans les descentes. Bref c’est du solide ! Il faut avoir confiance en ces chevilles et avoir de bonnes cuisses pour encaisser les descentes et faire face aux cotes qui défient souvent la gravité. Il y a des portions qui sont à la limite de l’escalade. La vraie seule partie roulante se trouve en milieu de parcours après avoir encaissé les 2 tiers du dénivelé positif. Bref courir à ce moment-là n’est pas aisé. Les bâtons sont autorisés pendant la course. Pour ma part, je n’en ai pas pris mais j’ai de temps en temps récupéré des branches ici ou là pour m’aider sur quelques portions. Pas dit que j’y ai gagné du temps. Je pense qu’ils sont utiles mais pas indispensables. Je les préconiserais pour ceux qui ne jouent pas le top 10 (c’est une estimation).
Le décor est vraiment beau même si on se retrouve souvent à l’abri de la végétation et des arbres. Dommage d’avoir eu le brouillard sur la partie la plus haute car d’après les dires, la panorama vaut son pesant d’or. L’ambiance, le balisage sont vraiment au top. Et le site de départ et d’arrivée est vraiment agréable et bien pensé. Bref une super course qui mérite vraiment le détour mais aussi un bagage physique conséquent.
>> Plus d’informations sur la course : COURSE DE LA MASSANE