En préparation pour la célèbre Western States qui se déroulera fin juin en Californie, Maria Semerjian, athlète du team i-Run, décide de s’aligner sur l’ultra Trans Aurbac, qui s’est déroulé samedi. 105km pour 3500m de dénivelé positif, une belle répétition pour son prochain gros objectif ! Retour sur sa course à travers son récit.
« J’avais programmé cette course presque pile au milieu de ma préparation pour la Western States, une bonne répétition me semblait-il : départ matinal, 105 km assez roulant, 3500 de déniv positif, avec pas mal de belles bosses, et pas mal de descentes cassantes. La course a été rude mais je ne regrette pas cette virée sur les plateaux de l’Aubrac !
4h, on y est, j’enfile direct ma nouvelle belle tenue (3/4 étoilé, tee-shirt rose et veste assortie !), je sors de l’hôtel et un coureur me prend en pitié et me conduit au départ de la navette ! j’évite un kilomètre d’échauffement. On patiente au chaud dans le gymnase de Bertholène avant de se rassembler au niveau du château, très bien mis en valeur par quelques feux de bengale. L’ambiance est sympa, bon enfant, solos et 1er relayeurs partent ensemble, alors il y a pas mal de spectateurs finalement au petit jour !
La météo est clémente, je pars direct en tee-shirt, manchons. Et ça part vite ! Je me porte direct en tête de course, j’ai de bonnes sensations mais d’entrée je sens que je suis un peu prétentieuse, on part pour un 100 tout de même ! Tant pis, je me fais plaisir même si je suis trop haut en pulsations en montée (le débriefing du cardiofréquencemètre va bien me confirmer ces sensations !). Je rejoins le 1er ravito à Saint Côme d’Olt (24 km) en 2h15.
Direction Laguiole dans 31 km et cette portion compte le plus de dénivelé. J’avais bien vu dans mon rétroviseur la 2e féminine (Caroline Benoît) ! Je pensais l’avoir décrochée au ravito mais point du tout. Le sentier monte régulièrement en forêt, je sens bien qu’elle grignote petit à petit mon avance. Dès que ça descend, je parviens à remettre un peu de distance entre nous mais malheureusement ça monte beaucoup plus que ça ne descend ! Elle me double avec un petit geste amical, bonne course, je suis obligée de la laisser filer. Peut-être que je paie mon départ un peu fanfaron, j’ai du mal à m’alimenter, je suis un peu juste en glucose !
Le peloton commence à bien s’étirer, je discute quelques temps avec des coureurs croisés sur le GRP, on fait un peu anciens combattants ! c’est la première fois que l’on s’aligne sur un tel format, ultra mais roulant ! il nous manque un peu de montagne pour calmer le rythme ! alors on s’accroche, je sors mon i-pod ! Mon GPS choisit ce moment pour avoir une saute d’humeur, je ne sais pas trop où j’en suis dans le kilométrage et Laguiole se fait désirer !! Le petit sentier dans la boue et la bouse de vache commence à être long ! Enfin, on traverse le village, il commence à pleuvoir, il est 12h30, tout le monde est allé déjeuner, c’est tristounet !! Heureusement, mon ami m’attend au ravito, plein du camel, 3 gourdes de fruits secs, 2 bananes, un bisou et ça repart !
A la sortie du gymnase, c’est maintenant le déluge ! demi-tour, je vais chercher une veste un peu plus conséquente ! Et là, pas vraiment envie de repartir ! On monte sur le plateau de l’Aubrac, ça ne va pas s’arranger… Mais je me lance, au bout de 100 m je suis déjà trempée ! je m’abrite près d’une maison, je commence à me refroidir, faire demi-tour m’effleure l’esprit… mais je repars pour 200 m de plus, c’est la grêle maintenant qui s’abat sur moi ! et là carrément j’entre dans une étable ! il y fait chaud, les vaches doivent me prendre pour une extra terrestre mais je suis bien ! Heureusement Christophe ne répond pas au téléphone, sinon je pense que j’aurais jeté les gants à ce moment-là !
Je repars, je me dis que ça va passer, la météo c’est cyclique ! mais ça va durer plus de 15 km ! Fabienne, une relayeuse me double sous le déluge, et puis fait rapidement demi-tour et préfère rester avec moi ! solidarité féminine ! On papote ! et surtout on essaie de se rassurer comme on peut ! on est seules, l’orage gronde, on compte les secondes entre l’éclair et le tonnerre… on fait quoi déjà dans ces conditions ? se tenir loin des arbres et se mettre en boule ? dans une forêt, c’est pratique ! alors on continue à avancer petits soldats perdus dans la tourmente ! Finalement l’orage s’éloigne. On est trempées, j’essore mes gants comme une éponge, je suis gelée, j’en ai des crampes aux mollets tellement je grelotte ! c’est la première fois que je ressens ça ! heureusement nos tenues sèchent vite et le paysage est magnifique : des grandes étendues bien vertes et vallonnées, pleines de jonquilles en fleur ! c’est superbe et ça met un peu de baume au coeur….
Le village d’Aubrac et son beau buron des Bouals apparaissent au loin… Nouveau plein de nourritures terrestres et « spirituelles », ce sera le dernier contact familier avant l’arrivée dans 30 km. Sur le papier, le profil a l’air de bien descendre mais heureusement mon amie Mayeulle (dernière relayeuse, elle m’a donc soutenue depuis le matin sur l’ensemble du parcours) a bien étudié sa partie et elle m’informe qu’il reste plus de 600 m de déniv positif ! Donc méfiance !
Je ne suis pas si mal finalement mais la pluie a vraiment tout détrempé ! on court, on patauge, on s’enfonce dans la boue, dans les ruisseaux qui débordent et ça c’est pénible… mais bon, c’est le jeu du trail ! En plus je reçois un petit texto : la 3e ne serait qu’à 10’ derrière ! Là pas question de me faire rattraper. Devant, elle est sûrement loin mais j’ai envie de bien faire, finir en moins de 14h et sur la 2e marche, alors je ne m’endors pas. Effectivement, on a droit a de belles bosses bien raides, bien glissantes, mais je les passe encore sans trop de casse. Le paysage s’est fermé, je me concentre sur les kilomètres qui défilent pas si mal ! Je rattrape quelques traileurs finissant difficilement le Capuchadou (version 50 km) et je suis agréablement surprise par ma relative fraîcheur physique et mentale. Juste je m’énerve un peu sur les derniers km ! on est encore dans la forêt à suivre un joli petit ruisseau alors que mon GPS m’indique que je devrais largement être arrivée ! je déteste cette situation, je n’aime pas faire du rab non prévu ! mais enfin, les ruelles et la promenade aménagée au bord de l’eau de Saint Geniez d’olt se profilent et l’accueil chaleureux du gymnase clôture cette longue journée.
Bilan positif : 13h34, 2e féminine, 10e au général (la première finit en 12h48, 7e et la 3e en 14h17) et puis encore des routines qu’il faut absolument que je peaufine et que j’applique : partir moins fort pour pouvoir m’alimenter, bien vérifier le road book pour ne pas se laisser surprendre par des difficultés cachées, toujours s’accrocher, quand on est au fond, on va bien finir par remonter ! et ça c’est encore bien vérifié aujourd’hui ! »
>> Les résultats de l’ULTRA TRANS AUBRAC 2015 : ultra-trans-aubrac-resultats
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