Créé début 2013 par des passionnés, le festival Montagne en Scène est parti d’un objectif simple : apporter l’amour de la montagne dans les grandes villes de l’hexagone et susciter des vocations. Pour cette nouvelle saison, 4 courts-métrages aux histoires très différentes ont été mis à l’honneur.
Premières impressions du nouveau cru qui s’apprête à partir en tournée dans toute la France.
La file devant le Grand Rex s’allonge, la salle se remplie comme une fourmilière. Montagne en Scène édition été 2015 a déjà réussi son premier pari, celui de mobiliser des centaines de citadins pour admirer la montagne au cinéma. Sur scène, un jeune groupe se produit en attendant les projections. Les clowns des Flying Frenchies déambulent dans les allées du cinéma. L’ambiance est bon enfant, les âges se mêlent, rassemblés par l’attirance des massifs et de la découverte. Les acteurs de ces aventures des temps modernes ont aussi répondu à l’appel, pour témoigner de leurs expériences atypiques si loin des sommets, l’air décontracté … Silence, ça tourne !
Film 1 : Sufferfest 2
Un film qui prend des allures de road trip américain où 2 escaladeurs déjantés jouent à la grimpette au beau milieu du désert américain. Pendant 2 mois au guidon de vieux VTT, Alex Honnold et Cedard Wright parcourent les légendes américaines par tous les temps. L’histoire est sympathique, teintée d’un humour communicateur, moteur croustillant de cette aventure bien trempée venue d’outre-atlantique. Le rythme narratif est soutenu, au point parfois de manquer d’un peu de respiration pour mieux apprécier la beauté des paysages du Colorado, de l’Utah ou encore de l’Arizona. Derrière cette chevauchée fantastique, le projet d’une ONG pour le développement durable. Simple et efficace !
Film 2 : On ne marche qu’une fois sur la lune
Le récit est un peu à l’image de son titre : une longue interview lunaire d’alpinistes hors normes. Il y a d’abord Ueli Steck, qui a gravi la façade sud de l’Annapurna (massif de l’Himalaya). Devant la mer de glace, le Suisse se confie à travers une interview déroutante et dérangeante sur ses expériences en haute montagne. Un entretien aux paroles hésitantes et approximatives qui suscite tantôt le sourire et l’amusement mais qui nous laisse toujours avec cette question au bout des lèvres : pourquoi tant de difficultés à éprouver ce que l’on a ressenti sur de tels sommets, pourquoi s’infliger cette folie solitaire aux frontières de la mort ?
Comme un destin sans sens, la passion qui anime pourtant les montagnards semble s’effriter ici derrière la douleur et la souffrance en silence. L’entretien avec les 2 alpinistes français, eux aussi vainqueurs de l’Annapurna, laisse la même impression, dans un mélange d’accomplissement et de doutes. Sans défendre leur pratique, ils se laissent à disserter sur une expérience profondément marquante qui façonne des séquelles. Un instant de vie que personne ne pourra jamais vraiment comprendre, portant en évidence la fameuse formule : il faut le voir pour le croire. Une épreuve psychologique pour eux mais aussi pour nous, là où la montagne pousse à faire des choses qui nous dépassent.
Film 3 : Flying Frenchies, Back to the Fjords
Sébastien Montaz-Rosset nous avait ébloui avec les premiers opus du projet Summits of My Life aux côtés de Kilian Jornet. Avec ses amis de la troupe délirante des Flying Frenchies, le réalisateur a de nouveau offert tous les ingrédients de sa recette si rafraîchissante : une belle histoire, de la poésie, des images saisissantes et sans artifices au plus près de l’action pour finir avec une bande son signée du talentueux collectif Zikali. Dans Back To The Fjords, c’est le cocktail du bonheur simple, celui d’un brin de folie et de passion pour un résultat extravagant et pétillant. Une jolie colonie de vacances qui joue avec le vide, où l’illusion de l’improvisation fait des miracles dans un coin de Norvège, où trône un bus rouge, quartier général d’un heureux bazar organisé libre comme l’air. Ce nouvel opus de la collaboration entre Sébastien Montaz-Rosset et les Flying Frenchies est un petit bijou !
Film 4 : The Dod Tour
L’idée est atypique et complètement délirante : faire le tour de la France en suivant précisément la frontière. Si le livre est un vrai régal, la construction amateur du court-métrage donne l’impression d’un film de vacances un peu maladroit qui traine en longueur, comme ces longues soirées diapo ou seul le photographe prend son pied. On s’ennuie un peu, les images ne se suffisent pas toujours à elles mêmes et la montagne se laisse désirer. Il manque un ton plus structuré pour accompagner cette aventure pourtant riche en contenus. Peut-être aurait-il fallu engager un réalisateur aventurier ? Dommage, même si l’ensemble dévoile une expérience touchante et résolument humaine, ponctuée de passages croustillants. Ici, la question du pourquoi laissée ouverte avec les alpinistes trouve un autre sens : celui du partage et des rencontres.
Ce festival fait sourire, met mal à l’aise, impressionne et pose des questions. Montagne en Scène, c’est tout ça à la fois, ce mélange entre passion et quête de sens, entre danger et réflexion, entre choc de l’extrême et maîtrise totale. Les courts-métrages du festival sont aussi opposés que fédérateurs.
Une invitation à la réflexion et au voyage au sein d’un monde paradoxal qui fera toujours rêver : la montagne.
> Le site officiel : MONTAGNE EN SCÈNE
>> Ci dessous, découvrez la bande annonce de Montagne en Scène
Rémi Blomme
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