Eco-Trail de Paris 2015 : Emmanuel Gault prend une nouvelle fois le départ du 80km, avec le dossard numéro 1. Vainqueur l’an dernier, il fait partie des favoris et ne cache pas son envie de bien figurer, cette année encore. Il nous partage le récit de sa course ici.
« Ça y est, nous y sommes ! Le premier objectif de l’année que nous préparons avec attention depuis 3 mois est enfin arrivé ! Capitale nous voilà ! Pour Sissi et moi, c’est un objectif qui nous fait vraiment vibrer et nous sommes très heureux de nous y rendre en espérant secrètement faire une belle course tous les deux.
De mon côté, un bon virus il y a quelques semaines a bien entamé mon capital énergie et ce n’est que depuis quelques jours que je me sens bien. Ma course au Trail des Cabornis m’ a un peu rassuré sur ma forme, un peu moins sur ma fraicheur… Je pars donc à Paris avec une petite pression qui ne disparaitra qu’une fois le départ donné ! Avant cela, RDV avec le reste du team et le staff qui nous bichonne comme d’habitude jusqu’au signal de départ.
Une bonne soirée de chambrage de Taz qui court la Verticale le vendredi soir et sur le lequel nous parions qu’il va vomir son 4 heures ! Une bonne nuit derrière ca et un bon petit déjeuner et il est déjà temps d’y aller. Une fois sur le site de départ, nous discutons un peu avec Laurent, le team manager. La stratégie élaborée par mes soins est simple : rester au contact de la tête et accélérer si les jambes le veulent bien en seconde partie de course. Laurent me dit que je n’ai rien à perdre, je lui dis ok, j’ai rien à perdre mais dans ma tête, je me dis « Manu, tu as tout à perdre » ! 🙂
Dossard numéro 1 sur le dos et tenant du titre, ca met une légère pression ..; Mais j’essaie d’en faire abstrction du mieux possible ! Laurent Briere fait quelques rushs durant l’échauffement. Il a décidé de me suivre toute la journée avec sa caméra… Là encore, pas envie de me rater ! Le dernier bisou à Sissi avant de décoller, la tape à Erik, Fabien Chartoire (bien rasé) et à Yoann stuck (le barbu), taz et c’est l’heure de s’envoler !
Une fois le départ donné, je me rends compte que ça file très très vite dès le début sous l’impulsion de Yoann Stuck qui met le feu aux poudres. L’allure est trop rapide pour le groupe qui le laisse s’échapper et je ne veux pas moi non plus griller des cartouches inutiles en début de course, je laisse donc faire… D’autant que Fabien et Erik se sont arrêtés faire un besoin naturel qui permet à Yoann de rapidement creuser un petit écart !
Quelques hectomètres plus tard, c’est Erik (Clavery) qui se sent des fourmis dans les jambes et qui décide de partir assez violemment dans le passage de blocs d’immeubles dans les descentes d’escaliers. Je laisse là aussi faire mais le groupe s’essaime et nous nous retrouvons au bout d’à peine 12 kilomètres à 2 avec Fabien Chartoire à faire la chasse. Nous nous connaissons bien et prenons des relais chacun notre tour afin de garder en visu Erik et de maintenir un train satisfaisant qui ne permette pas à Yoann de prendre trop de champ…. Erik, s’arrêtant un peu plus loin, souffrant des ischios, il ne nous reste rapidement plus que Yoann à chasser alors que le premier ravitaillement arrive !
Scénario improbable, la course a déjà complètement explosé alors que nous n’en sommes qu’au premier quart de course ! Nous passons avec pas mal de temps d’avance sur le temps de l’an dernier alors qu’on avait pas chômé me semble t’il en 2014. Ravito rapide mais appliqué, je repars avec quelques secondes de retard sur Fabien à Buc. Je reviens rapidement sur lui et nous repartons pour évoluer de concert dans la chasse à Stuck le barbu ! 😉 L’écart se maintient et nous tenons une bonne allure pour que ça ne grandisse pas. Les kilomètres filent assez vite et les jambes répondent bien, c’est un vrai régal dans cette partie de parcours faite de relances et de montagnes russes. Les relais s’enchainent bien et nous sommes d’un seul coup pointés en tête !
Yoan s’est probablement perdu et nous apprendrons qu’effectivement , il s’est égaré et a perdu quelques minutes dans l’affaire. A Meudon, au kilomètre 45, il est en effet pointé à 2′ 40″ de Fabien et moi… C’est le premier moment pour faire les comptes, ca tombe bien ! une bonne partie du dénivelé est passée et c’est souvent le moment de voir si il reste des forces dans les jambes. Je prends mon temps à ce ravitaillement et laisse Fabien repartir avec un peu de champ. Après le contrôle du sac et avoir bien rempli mes bidons, je repars assez fort pour boucher le trou au plus vite, ce que je fais dans le domaine de Meudon assez rapidement… Je me rends compte sur cet épisode que les jambes répondent bien et sens que la fatigue est très raisonnable.
En analysant la situation, je décide donc d’accélérer à peu près au même endroit que l’an passé mais sur une portion de plat cette fois-ci puisque nous sommes sur quelques kilomètres très roulants. J’essaie d’augmenter nettement l’allure pour creuser l’écart et jauger la réponse de Fabien. Très vite, je ne l’aperçois plus et c’est une autre course qui commence alors : Aller le plus vite rejoindre la tour Eiffel en gérant quand même l’allure afin de garder de la fraîcheur sur la fin qui est souvent difficile sur les quais de Seine.
A Chaville, j’arrive donc en trombe et signale à Laurent que je suis dans la course, échange rapide de signes et d’informations, dépôt des bidons express, je m’arrête tout de même pour recharger et écouter Laurent comme je le fais souvent et demander quelques news de Sissi et c’est reparti ! Jusqu’à saint Cloud, je m’applique à garder un bonne allure et à relancer au mieux tout en en gardant un maximum sous le pied ! Je me régale dans les relances diverses en sous bois et apprécie les encouragements des coureurs du 50 kilomètres qui ont des mots très sympas ! je récolte au passage des infos sur Sissi quand certains qui suivent le Live peuvent m’en donner ! 🙂
Je sais qu’elle se bat, je suis super fier d’elle et ca me booste encore plus ! Je ne vois finalement pas le temps passer et pense beaucoup à ma fille qui est montée à paris et qui m’attend en haut de la Tour Eiffel ! L’an dernier nous n’avions pas pu savourer mon arrivée et depuis longtemps je voulais lui offrir une belle victoire si je le pouvais… Cette pensée anime mes pas jusqu’à Saint Cloud pour ne pas trop me relâcher et garder un bon rythme. Je me ravitaille à Saint Cloud sous la houlette de Laurent qui m’informe d’où en est la course. Les écarts sont assez conséquents parait il mais je préfère accélérer comme prévu sur les quais de Seine afin d’assurer la victoire. J’avais prévu d’accélérer encore plus ici, ce n’est pas pour en garder sous le pied !
Je ne regrette pas mon choix car du coup les derniers kilomètres habituellement très durs passent assez vite et je vois la tour se rapprocher à grands pas… Toujours des news de Sissi, toujours l’image de ma fille en tête… Je suis vraiment boosté sur les derniers hectomètres !
J’arrive au pied du quai Branly, mon père et mon oncle sont postés ici pour m’encourager comme depuis 6 ans maintenant ! Incroyable, à la marche près, ils sont au même endroit qu’il y a six ans lors de ma première victoire. Un flashback de fou… Plein de souvenirs qui remontent… Je m’arrête embrasser mon père, ému… Ça me rappelle vraiment 2009, moment très fort… Puis sors des escaliers du quai pour aller rejoindre la géante de fer. Je savoure les marches de la tour. Il me reste encore du jus pour en profiter pleinement. Je suis vraiment heureux de ce dénouement tant désiré depuis quelques mois… A ce moment je pense à Sissi qui va fouler les marches dans quelques temps ! On avait vraiment envie de faire un truc tous les deux et elle a tellement une revanche à prendre sur l’an dernier !!
Dernières marches, je débranche, aperçois les photographes et Laurent Briere camera au poing (je me dis qu’il n’aura pas bossé pour rien !!), passe la ligne et demande très vite où est ma fille Clémentine… Elle est cachée juste derrière et accourt ! Le reste, c’est indescriptible et je le garde pour moi ! Le reste de la famille est là et le staff arrive juste après ! On savoure tous ensemble cette troisième couronne. gros clin d’œil aussi à Jean Charles et Hervé de l’organisation qui ont toujours été de supers anges gardiens depuis ma première victoire à Paris.
J’attends ensuite mes poursuivants, c’est finalement Yoann qui précèdera Fabien, coureur super vaillant si il en est… Content de partager le podium avec ces gars là ! Puis Taz qui arrive ! Je profite ensuite de quelques petits fours en guise de ravitaillement en restant scotché sur Livetrail (suivi en live de la course) pour voir où en est Sissi ; je suis informé qu’elle remonte et suis comme un fou quand je vois les écarts à quelques hectomètres de l’arrivée !
C’est à son tour de se battre pour faire sa place et je vois son point lumineux cravacher sur les quais pour dépasser Simona Morbelli, première l’an dernier; elle terminera deuxième mais elle s’est dépouillée je le sais… Super fier d’elle ! je savoure son arrivée intensément ! Trop heureux de la retrouver avec un dénouement finalement super positif; On voulait faire un gros truc ensemble, je crois que la mission est accomplie !
Nous savourons ensemble le podium et le protocole avec la tribu Asics et nos familles. Un premier Gros projet de l’année qui se termine… De nombreux autres arrivent… »
>> Retrouvez ci dessous, la vidéo de la course d »Emmanuel sur cet Eco-Trail de Paris, à travers la vidéo de Laurent Brière.
Photo : Olivier GUI et Rémi Blomme
Emmanuel GAULT – Ecotrail Paris 2015 – le final… from Laurent BRIERE – BEtrainedProd. on Vimeo.