Le club « La Foulée Forézienne », affilié à la Fédération Française d’Athlétisme, en collaboration avec la ville de Feurs et le lycée technique professionnel du Puits de l’Aune, ont organisé, le dimanche 22 mars 2015, la 4ème édition du Semi Marathon de FEURS EN FOREZ.
Sébastien Larue, athlète du team i-Run, était de la fête et se classe à une belle 7ème place en 1h13’24. Retour sur sa course à travers son récit.
« Cette course est pour moi mon semi-marathon test dans ma préparation pour le marathon d’ANNECY 2015, c’est un évènement important. Je la connais bien, car j’y ai réalisé mon record en 2013 en 1h13’09 (voir CR FEURS 2013), et en 2014, je partais pour 1h13h50 comme objectif, mais j’ai finalement passé la ligne en 1h14’42 en calant le moteur en fin de course face au vent. On ne réalise pas toujours ce que l’on espère dans ce sport. (Voir CR FEURS 2014).
Cette année, mon indice de forme est bon. Mes dernières séances sont positives et les sensations sont là (dernière grosse séance de la prépa marathon à J-10 du semi : 25 X 300 en 58’’/58’’5, récup 30/31’’ pour un total de 10 000 m en 37’15 et de bonnes jambes). Il y a 2 semaines, j’ai réalisé 34’04 au 10 km de BOURG (voir CR BOURG 2015) en courant seul quasiment 7 km. Avec une masse d’air satisfaisante, mais loin d’être optimale (soleil, air sec, 8°C, pression atmosphérique moyenne). D’ailleurs, la semaine suivante, des gars qui ont couru BOURG ont remis le couvert à Villeurbanne et beaucoup ont été plus rapide qu’à BOURG.
Je parle des masses d’air souvent car ça a un impact vraiment important sur les performances. Mes meilleures courses (pour tous les autres c’est pareil), c’est quand l’air est frais (3 à 10 ° C pour moi est le top), humide, un indice UV faible (= grisaille), le vent nul à modéré et quand les pressions atmo sont en dessous de 1020 mB. En 2 mots, il faut une météo dépressionnaire. Cela joue sur le retour veineux, la sudation, les échanges gazeux alvéolaires… Ce dimanche, les conditions sont toutes réunies, sauf au niveau du vent… Un bon 20/25 km/h venant du Nord.
Depuis le jeudi, je charge mon alimentation en pâtes, muesli céréales et noix diverses, jambon, bananes, nesquik… Avant un objectif, je veille à apporter des composants glucidiques, mais sans négliger les acides gras essentiels, le phosphore, le magnésium, le fer et le calcium. Autant de composants utiles au travail des cellules et qui contribuent aux contractions musculaires. Bref alimentation très soignée.
Le matin, je fais la route avec Lionel RIBEIRO un ami de mon club, qui a un record en 1h12’29 (Lille 2014) et qui vient d’améliorer son record personnel du 10 km à BOURG (32’57). Il est le 2ème maillon fort de l’équipe de Pont de Vaux et contribue largement à nos 2 titres de champion de France par équipe de marathon (voir CR TOULOUSE 2013 et METZ 2014). Nous nous échauffons avec soin (25’), bien couverts, il fait 3°C et le vent du Nord pince ! Gants, bonnets… La grisaille est au rendez-vous, l’air est frais et humide. Mon objectif est de faire moins de 1h14’ (1h13’50 en tête). Et un chrono comme celui de 2014 serait une belle déception.
Nous nous positionnons aux premières loges pour le départ. Pan ! C’est parti. Ça part raisonnablement. Il y a de gros poissons au départ : Alla HRIOUED le favori, Jérémy PEIXOTO, Sylvain DENIS, Pierre MAGAND, Antoine BUSSON, Lionel, Vincent JUGE… Un bon peloton de 10/15 se forme un peu devant moi. Je suis intercalé derrière avec un gars (Laurent FERMONT, que je ne connaissais pas), vétéran, qui reste à ma hauteur, et je ne m’occupe pas de ce qui se passe derrière. Le vent est globalement favorable sur les premiers kilomètres. Nous passons au km 1 en 3’21. C’est un peu vite pour moi, mais le vent pousse, j’évolue aux sensations en priorité.
Kilomètre 2 : 6’47. Devant, le groupe de 10/15 est devenu un groupe de 7/8. HRIOUED est déjà loin et Lionel est dans un groupe extra. Je suis content pour lui. Ça sent bon pour lui. Moi je suis toujours avec le vétéran, qui me fait belle impression. Les sensations sont positives, mais le vent pousse et la route est longue… Km 3 en 10’21. Quelques secondes après notre passage, j’entends à nouveaux des encouragements et j’entends aussi… Des pieds… Beaucoup de pieds… Je fais quelque chose que je ne fais que très rarement, je me retourne… Et là ! HO MY GOD ! Je ne vois plus la route ! Un tas de gars ENORME !!! Je suis sidéré ! Ils sont 15/20 !! Je glisse 2 mots au gars avec moi : on ne change rien, on fait le point dans 1000 m.
Km 4 13’53, ils sont plus près. Je suis incrédule ! Au km 5, je passe en 17’20 (17’07 lors de mon record), dans l’aspi du vétéran, je me retourne, j’ai 15/20 mecs dans mes talons ! IN CROY ABLE !! Tous restent derrière nous pour le moment. J’ai peur qu’ils comptent sur nous (le vétéran et moi) pour faire le train dans la partie ventée (km 7 à 9.8). Puis au km 6, quelques gars nous remontent par les côtés et prennent place devant nous. En un coup œil, je remarque que 2/3 d’entre eux sont très bien, probablement mieux que moi… J’entends derrière moi qu’ils sont encore vraiment très nombreux.
Nous attaquons une portion délicate, la fin de la première boucle, très explosée au vent de face sur 2 bons kilomètres. 25 km/h de vent quand on coure à 17 km/h, ce n’est pas négligeable… Les meneurs du groupe ralentissent perceptiblement et veulent une collaboration. Sans hésiter, je me décale et je passe un long relai. C’est file indienne derrière moi, j’entends toujours beaucoup de pieds, malgré le vent de face. Vers le kilomètre 9, je m’écarte doucement pour que d’autres passent, certains me remontent timidement… Entre 2 souffles, je dis : « c’est là qu’on peut perdre le moins de 1h14’ ». 2 gars passent, Pascal SOARES, Manuel GUILOTHO, puis un autre. Quand ils se mettent devant, entre 2 souffles toujours, je dis : « dans 800 m, on tourne droite et vent favorable ». Les gars serrent les rangs pour optimiser l’abri et les contacts de chaussures à chaussures sont réguliers (2 X pour moi, des contacts venant de l’arrière), mais sans râle ou impolitesse. On entend juste quelques : « scuse » ou autres « pardon ».
Nous tournons, le vent pousse à nouveau légèrement. Nous sommes incroyablement nombreux. On croirait le groupe des 3h au Marathon de Paris !! Au km 10 : 34’49. (34’35 lors de mon record sur semi). Nous venons de passer dans le secteur exposé au vent des kilos en 3’28/3’30/3’30/3’30. C’est excellent ! Mais la fatigue commence à s’installer, le rythme du groupe est resté à plus de 17km/h vent de face, mais même abrité par d’autres athlètes, il faut appuyer quand même. Au passage au 10ème, nous sommes 15/18 à vue de nez, un gars me propose son bidon d’Overstim, je « tire dessus » 2 coups avant de lui redonner : merci à lui. Je lance au groupe, pour motiver : « base 1h13’45 ». Les jambes commencent à bruler, je suis en plein effort, mais je sais déjà, en moi que je vais probablement réussir moins de 1h14’. Devant Lionel, qui avait un super groupe pendant les 4 premiers kilomètres semble être livré à lui-même. Aie… Il est environ 300 m devant, avec un gars à sa hauteur (Thomas PERNEL je crois).
Du 10ème au 11ème, j’emmène le groupe qui semble s’effilocher (j’entends moins de pieds). Nous passons au km 11, je tape la montre 3’44 ?!? Je sais de suite que cette pancarte n’est pas à sa place et je ne panique pas, mais ça déclenche une relance d’un des plus fort du groupe : Pascal SOARES. Sur sa relance (quasiment un démarrage progressif, en tout cas, c’est comme ça que je l’ai ressenti), 4 autres emboitent le pas. Je suis à ce moment-là en 6ème position du groupe. Et des écarts se dessinent doucement… Par expérience, je sais que réagir avec un temps de retard est parfois définitif… J’essaie de me replacer, mais je viens de passer un relai solide de 800 m et ça coince un peu… Pascal SOARES et Laurent FERMONT (celui avec moi sur les premiers kilomètres) mènent la danse. Ils sont maintenant 15 m devant moi… C’est dur.
C’est un tournant de la course. Au mental, je temporise, puis tente de recoller. Je suis en train de me dire que je vais payer mon relais et que mon moins de 1h14’ peut s’échapper… Je recolle doucement sur le 3ème du groupe, qui est en train de se faire éjecter doucement… Je suis maintenant à 10 m des 2 plus forts de mon « groupe ». Derrière, tout a explosé. Le groupe très massif jusqu’alors s’est morcelé en groupes plus petits (en tout cas, c’est ce que j’imagine, aux bruits). Je me sens quasiment à intensité 10 km. Au kilomètre 14, je recolle enfin sur les 2 costauds. Je viens d’enchainer 3’26/3’25/3’23. Je suis dans le dur. Je sais que je viens de gratter encore des secondes pour le moins de 1h14’, mais j’ai peur de prendre « une reculée ». Dès que j’ai établi la jonction, je ne bouge plus une oreille, et je reste derrière, et j’essaye de tenir… Je pense avoir fait le bon choix, de prendre des risques sur cette portion de 3 km pour recoller (3 km pour reboucher 15 m !). J’ai des sensations de vitesses énormes sur les petites routes étroites. C’est dur ! Mais que ça va vite pour moi. La silhouette de Lionel, tout seul, parait moins petite. Km 15 en 52’08. (52’00 pour mon record en 2013). Soit 3’18 ce kilomètre-là ! (peut être aussi que le panneau n’était pas super bien placé aussi).
Les kilomètres sont si longs… Au km 17, notre route redevient exposée au vent. Je suis ravi d’être derrière 2 gars. Lionel n’a pas cette chance. Ça m’embarrasse vraiment de ne pas pouvoir passer un relai, mais si je passe, j’explose derrière. Je « ratonne comme un salaud ». D’ailleurs, les 2 autres me voient et m’entendent, ils savent bien qu’il n’y a rien à espérer de moi. Au 19ème, j’essaye quand même de me décaler pour passer un petit relais, mais je me range de suite, ce serait PURE CONNERIE. Pascal SOARES fait la plus grosse part du boulot, nous enchainons 3’31/3’33/3’30/3’33. Tout en ramassant des gars qui étaient devant, du gros : Pierre MAGAND, Thomas PERNEL, Antoine BUISSON (qui a cassé son rythme à mi-course et a dû s’arrêter pour un lacet)…
Au km 20 nous sommes donc en 1h09’43. Les moins de 1h14’ c’est fait, 1h13’30 jouable. Le vent pleine face, c’est interminable… Pascal SOARES démarre fort sur la gauche, il fait le break direct. J’essaye de me lancer derrière malgré tout, FERMONT et PERNEL s’accrochent. Puis je continue à appuyer au maximum, le vent est pleine face, je m’arrache, je suis dans le rouge complet. Derrière ça cède. Devant, je vois que Lionel n’est pas si loin. Le vent de face seul lui a été fatal, comme moi en 2014. Mais il termine devant SOARES quand même qui a fini très fort.
Je me classe 7ème/940 avec un superbe (pour moi) 1h13’24 (1h13’25 officiel), soit à 16’’ de mon record. Je suis très très content. C’est mon 2ème semi-marathon à plus de 17 km/h. Mais que j’ai souffert ! Ensuite nous retrouvons les meilleurs pour discuter tout en boitant jusqu’au ravito. Au ravito, je ne peux pas manger, j’ai des crampes intestinales, ça calme. On se rentre au chaud avec Lionel. On se pose, sur l’estrade de la future remise des récompenses, nous sommes seuls. Puis, arrive Monsieur Stéphane DIAGANA ! Il se pose à côté de nous. On le salue et le félicite pour d’une part sa carrière exemplaire, mais aussi sa personnalité, d’une gentillesse et d’une disponibilité infinie. Nous prenons des photos. Il a une charpente physique incroyable ! Des segments d’une longueur idéale et une musculature parfaite ! C’est une bête !
Au niveau classement, Alla HRIOUED s’impose en 1h06’59 (record de l’épreuve) seul tout le long, énorme ! 2ème Sylvain DENIS en 1h10’59 (tous les 2 la petite seconde qui va bien). Le vainqueur de 2014, J Peixoto complète le podium en 1h11’21. Cédric Jaquet 4ème 1h11’50. 5ème Lionel 1h13’07. P SOARES 1h13’19. Le 9ème fait 1h13’36. Puis, de la 10ème à la 15ème place, ils sont 6 en 15’’ (1h14’01 à 1h14’16). Il y a 25 classés en moins de 1h16’. La première Féminine est Anne Sophie VITTET qui réalise un superbe 1h18’55 (36ème au scratch). Record de l’épreuve également.
Me concernant, ce 1h13’25 au semi est un excellent résultat. Que je vais savourer. Il est dans mon top 10 de mes plus belles perfs toutes distances confondues. Prochain dossard : il y aura le double de kilomètres ! »
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