Dans un précédent article, U-Run vous faisait découvrir le riche palmarès de Richard Yann, coureur de marathon chevronné qui s’apprête à courir son 100ème marathon. Aujourd’hui, la suite de cette interview vous permettra de découvrir les conseils d’un coureur expérimenté de 61 ans !
U-Run : Sur tes 100 marathons, s’il y en avait un à retenir, ce serait lequel ?
Robert Yann : C’est Athènes qui restera, malgré les difficultés du parcours, le plus émouvant parce que c’est à Marathon que tout a commencé, et puis il y a cette arrivée sur le stade olympique à Athènes qui vous donne des frissons.
En mai 1999 je découvre un article extraordinaire dans Endurance sur le Spartathlon : 246 km non stop en Grèce d’Athènes à Sparte. Je suis admiratif, cela doit être extraordinaire pour les coureurs qui arrivent à Sparte. J’appelle le regretté Auguste Lespinas, représentant français auprès de l’organisation. Il me demande mon meilleur temps sur 100 km, je lui dis 9h21. Il me répond « Alors tu peux venir mais ton dossier médical doit être complet pour la fin du mois. » Non, non je téléphonais juste pour me renseigner et peut être que l’année prochaine…
Fin mai Auguste avait mon dossier complet, et fin septembre j’étais sur la ligne de départ à Athènes. Complètement inconscient mais avec une telle envie de réussir cette folie. La joie d’être là, tout petit avec des coureurs de renom comme Jean-Pierre Guyomarch (vice champion d’Europe et champion de France à plusieurs reprises des 24h) me donnait des ailes et j’en oubliais presque la souffrance. Nous étions 120 au départ et une petite cinquantaine à l’arrivée. J’ai renouvelé l’aventure en 2000 et 2001.
Et celui qui fait rêver, c’est évidemment New-York. Parce que tout le monde en a rêvé, de son ampleur, de ses avenues, de ses ponts, de Central Park, et aussi parce que pour y aller il faut traverser l’Atlantique. Je souhaite à tous les passionnés du marathon d’avoir un jour la possibilité d’y aller.
U-Run : Et au-delà des marathons, laquelle de tes courses est, pour toi, la plus mémorable ?
En 2000 et 2002 j’ai fait la course l’Olympienne : 184 km, toujours en Grèce, départ au stade antique de Néméa et arrivée sur le lieu mythique de la création de l’olympisme, Olympie. Encore un rêve extraordinaire.
U-Run : A bientôt 61 ans, continuer à courir des marathons ce n’est pas commun, quel est ton secret ? Que fais-tu pour t’entraîner et garder la forme ?
Mon secret pour courir toujours, tu l’as bien deviné, c’est la passion, l’enthousiasme, le plaisir de partager avec les autres les joies et les souffrances et aussi évidemment la santé, la chance d’être en bonne santé. C’est bien d’en être conscient de temps en temps.
U-Run : Depuis que tu cours, comment a évolué le matériel de courses ? Est-ce que ça a fait évoluer la discipline ?
L’évolution de la course à pied niveau marathon et ultra depuis1994 je la situe au niveau de l’hygiène alimentaire, des plans d’entraînement plus pointus et de l’équipement vestimentaire de plus en plus confortable pour des coureurs.
U-Run : Actuellement tu cours avec des Saucony (Triumph et Razor), tu utilises les deux paires pour l’entraînement et les courses indifféremment ? De quel équipement ne pourrais-tu plus te passer aujourd’hui ?
Depuis un an j’ai découvert les tee-shirt compressing. Ils te maintiennent bien le haut du corps et sont très agréables à porter surtout en période de froid. Je n’ai pas essayé les chaussettes hautes.
Pour ce qui est de l’essai des chaussures Saucony, il va falloir que je les reçoive et après je te dirai ce que j’en pense. Je patiente.
U-Run : Si tu avais un conseil à donner à un coureur, quel serait-il ?
C’est difficile de donner des conseils mais ce qui se rapproche le plus du conseil c’est l’échange d’expérience avec les autres, la discussion, la communication. Là oui, dans les marathons, lors du premier semi pendant que mon diesel chauffe, j’observe et je discute avec les coureurs qui veulent bien.
Les débutants, 1er marathon, partent toujours trop vite et je leur explique, qu’avec mon expérience et en me connaissant bien aujourd’hui, je démarre calmement, qu’il faut aller sans forcer jusqu’au semi puis accélérer progressivement jusqu’à la ligne d’arrivée. Alors le plaisir sera total et le marathon réalisé en négative split, c’est-à-dire le 2ème semi couru plus rapidement que le 1er. Très peu de coureurs le font dans le peloton et lorsque je compte sur internet le nombre de coureurs qui sont passés avant moi au semi et qui terminent derrière moi, cela atteint plusieurs centaines et même 1600 lors d’un marathon au Mont Saint Michel. Moi-même je n’en revenais pas.
J’aime comparer l’organisme humain au réservoir de la voiture. Si vous enfoncez la pédale à fond vous irez vite, mais bien et moins loin que celui qui saura maîtriser vitesse et distance. Ce sont des petites discussions comme celles-là qui doivent donner envie de courir, du plaisir à l’arrivée malgré la fatigue, mais à quoi bon de terminer sur un brancard et dans les pommes ?
Prenez du plaisir dans la course à pied et vous ne verrez pas défiler les kilomètres. Bien sportivement à tous les passionnés !
U-Run : Merci à toi pour cette sympathique interview !
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