Né le 17 janvier 1940 dans la vallée du Rift au Kenya. D’origine modeste, il perd très tôt ses deux parents et aménage chez sa tante qui va l’élever. Venu à la course naturellement, il explique une histoire que vous avez déjà sans doute entendu : » Quand j’ai commencé à l’école primaire, j’ai couru pieds nus 4 miles direction l’école en matinée, direction la maison pour le déjeuner, même chose l’après-midi vers l’école et encore pour rentrer à la maison en fin de journée. Je l’ai fait tous les jours jusqu’à ce que je quitte l’école. »
Le calcul est simple : plus de 25km par jour, pieds nus, depuis l’âge de 5 ans…
Mais il n’est pas tout de suite devenu un coureur qui glanait les médailles. Il entre dans la police à 18 ans, puis devient instructeur d’entraînement physique. A l’époque, le Kenya n’était pas le grand fournisseur de coureur qu’il est aujourd’hui. En fait, Kip Keino fut l’un des premiers coureurs produits par le pays.
Durant ces années, il reçoit des conseils de Mal Whitfield, un américain triple champion olympique (800m, 4x400m) chargé de développer le sport au Kenya. En 1964 à Tokyo, il termine 5è du 5000m sur les talons du français Michel Jazy. En 1965, après avoir encore terminé derrière le français, il battra le record du monde du 3000m pour le porter à 7’39″6, et celui du 5000m en 13’24″2.
En 1968 à Mexico, l’histoire de Kip Keino va être marquée d’une drôle de manière. Il est inscrit sur le 10 000m, le 5000m et le 1500m. Souffrant de calculs biliaires, les médecins lui interdisent de courir ! Pourtant, il prendra le départ du 10 000m. Sa souffrance était telle que pendant la course, il s’effondra sur l’intérieur de la piste, ce qui provoquera son élimination, mais il tenu tout de même à terminer. Le vainqueur Naftali Temu aura l’honneur d’être le 1er kenyan médaillé d’or.
4 jours plus tard, le voilà au départ du 5000m. Il prendra une petite revanche et terminera 2è de la course derrière le tunisien Gammoudi pour 2 dixièmes de secondes. Médaille en poche, il décide de ne pas courir la finale du 1500m malgré sa qualification en finale, d’autant qu’il n’est pas guéri. A une heure de l’épreuve, il change d’avis et saute du lit pour se rendre au stade ! Sur le trajet, le bus est pris dans le trafic. Voyant qu’il va être en retard, il fait les 2 miles restants en courant pour rejoindre le stade !
La course est débridée d’entrée par un compatriote, ce qui asphyxie le grand favori Jim Ryun. Kip Keino accéléra fortement par la suite, et gagna la course avec plus de 20m d’avance sur Ryun, qui n’avait pas été battu sur 1500m depuis 3 ans ! Le chrono établi, 3’34″91 (soit plus de 25kmH!), est la 2è meilleure performance de tous les temps à ce jour. (voir vidéo ci dessous).
En 1972 à Munich, il participa à ses derniers Jeux Olympiques. Inscrit sur le 1500m et le 3000m steeple, il s’aligne sur la 1ère distance dont il devient favori après la chute de Jim Ryun en série. Malheureusement, il se fera surprendre par le finlandais Pekka Vasala. Mais il deviendra champion olympique du 3000m steeple ! Peu à l’aise dans les franchissements (il n’a que 6 courses à son compteur sur cette distance), il reste en retrait dans le peloton avant de produire son effort final et de l’emporter. Il se retira des pistes en fin d’année suivante.
Par la suite, il œuvra dans son pays en faveur des orphelins, puis aida à la création d’écoles primaire et secondaire. Il occupe désormais le poste de président au Comité National Olympique kenyan, où il tente entre autre de lutter contre les départs des athlètes pour d’autres pays contre de l’argent.
Mathieu BERTOS
Photo : Corbisimages.com et Wikipédia
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