2ème manche du Trail Tour National après la Saintélyon, le Gruissan Phoebus Trail fait partie des premiers objectifs de cette saison. Une course que je commence à bien connaître, puisque j’y prends un dossard pour la 4ème fois consécutive. Trois fois sur la 2ème marche du podium, un parcours qui me réussit plutôt jusqu’à maintenant ! 🙂
Un beau plateau est annoncé cette année encore, du coup, le numéro 2 me conviendrait largement ! Mais avant tout, gardons à l’esprit que le but reste de prendre du plaisir et de gérer sans se blesser. J’ai appris vendredi ma sélection pour intégrer l’équipe de France de Trail (wouaaaah quel honneur !), et jusqu’aux mondiaux, j’ai bien l’intention d’essayer de me préserver pour arriver entière et en meilleure forme possible le jour J … Il va falloir honorer du mieux possible ce maillot bleu-blanc-rouge !!
Il va donc falloir être prudente et écouter ses sensations. Il y a une semaine encore, j’étais indécise sur me participation. Une mauvaise chute pendant le shooting photos en Slovénie, et un énorme œdème sur la cuisse m’empêchait de m’entraîner correctement. La douleur s’estompe doucement depuis, mais elle est quand même encore là le jour J. Une chose me rassure, je ne risque pas d’aggraver les choses. Il va juste falloir composer avec. Mais au départ, je n’y pense même pas ! J’ai juste hâte de m’élancer sur ces sentiers escarpés du massif de la Clape avec les quelques 400 autres participants.
Malheureusement, la météo n’est pas vraiment avec nous pour cette 11ème édition. Il fait plutôt doux, mais la pluie s’est invitée et a rendu les sentiers encore plus techniques qu’ils ne le sont. Cailloux mouillés signifie cailloux glissants. Et ça, je n’aime vraiment pas ! Nous sommes prévenus avant le coup d’envoi, prudence exigée pour tous. Ça promet quelques heures bien sympathiques …! Autant dire que je ne suis pas vraiment rassurée en m’installant sur la ligne de départ. Double porte-bidons obligé, le matériel obligatoire stipule 1,5l d’eau minimum. Ça pèse son poids sur le ventre, mine de rien ! Quelques barres et gels, la veste de pluie, couverture de survie, sifflet, on me rajoute une balise GPS : c’est bon, je suis pleine à craquer ! Mais bon, il faut attendre le 30ème kilomètre pour le premier ravitaillement, ceci explique cela … J’opte pour les Fuji Trainer comme modèle de chaussures.
9h, et PAM, c’est bien parti !! Un peu vite certes, mais je suis le mouvement, je sais que la première bosse obligera à ralentir le rythme d’ici quelques minutes. 3,4 féminines environ me devancent, J’aperçois Anne Valero, mais je ne reconnais pas les autres. La route est longue, pour le moment, restons concentrée sur ces premières foulées. Sensations de départ vraiment bof bof. J’ai le corps lourd, manque d’énergie (peut être à cause de mes deux dernières nuits vraiment pourries?), je ne me sens pas dans une forme des grands jours. On verra, mais j’avoue, je commence à me dire que ça risque d’être long si je passe 50km dans cet état là.
Km2, la première bosse ! J’adore ! Un beau mur, que je commence à grimper à petites foulées, mais que je termine mains sur les cuisses à grands pas. Le peloton respire de plus en plus fort, elle marque bien les esprits cette première difficulté en général !:-) Ça passe bien finalement et je relance comme je peux une fois au sommet. Je me cale dans un bon rythme ensuite, en essayant de faire abstraction de mes sensations pourries. Le parcours en monotrace alterne montées, descentes, petites bosses, relances, portions roulantes, … On ne s’ennuie pas et ce genre de profil, j’adore ! On m’annonce 3ème, et les 2 devant, je les vois, c’est Anne Valero et Badia El Hariri, qui mène. Je décide donc d’essayer de les garder en ligne de mire, et de faire en sorte de ne pas décrocher.
Pas de soucis avec ma cuisse pour le moment, bonheur ! On poursuit avec les mêmes écarts mais j’aperçois Anne prendre la tête, laissant Badia sur une allure un peu moins rapide et je prends conscience que je la recolle petit à petit. Elle commence à coincer dans les montées, qu’elle passe un peu moins vite que moi, si bien que je finis par la doubler aux alentours du 13/15ème kilomètre. Au sol, racines, pierriers. Le terrain est parfois glissant et boueux, laissant des tas de terre sous les chaussures. On a l’impression d’avoir 2kg sous chaque pied ! Ça tourne, il faut lever les pieds, ça se court bien certes, mais avec prudence maximale, c’est très piégeux ce genre de parcours … Depuis l’Eco-Trail de Paris, je m’en méfie encore davantage !
Anne est juste devant, nous sommes sensiblement sur les mêmes allures, mais je m’en rapproche doucement et ça me motive. J’ai retrouvé des sensations meilleures, même si j’ai connu largement mieux. Cependant (je ne regarde pas les allures sur ma Suunto de peur de tomber), j’ai l’impression qu’on tient un bon rythme depuis le début. C’est aux alentours du km17/18, dans une montée, que je double Anne. On s’encourage mutuellement (merci Anne!) et me voilà donc en tête. Mais la course est loin d’être terminée, je ne suis pas à l’abris d’une remontée derrière ou d’une défaillance. En plus, ma cuisse commence à me faire souffrir dans les descentes, aie aie aie !
J’ai déjà terminé un bidon, je calme un peu pour être sûr de ne pas manquer jusqu’au 30ème. J’ai avalé un Gel Actifood Isostar, pas de sensation de fatigue pour le moment, mais la caillasse commence à me brûler sous les pieds. Comme l’an dernier, je le craignais. C’est casse cheville, je discute avec un coureur derrière qui me raconte qu’il est arrivé 4 minutes derrière moi à la Saintélyon et badaboum, je me casse la figure. Rien de méchant, je me relève sans gros bobos mais je suis calmée et je lève un peu le pied : « ralentis un peu Sissi, c’est pas le moment de prendre des risques ! » A peine sortis de ce bourbier rocailleux, nous croisons des bénévoles qui nous encouragent : « allez les filles, vous êtes bien entourées ! » Ah, donc je ne suis pas seule. Je me retourne et en effet, je suis talonnée par une féminine. Surprise !:-)
Je ne reconnais pas l’une des favorites annoncées, mais elle ne tarde pas à me doubler et comme avec Anne, nous nous encourageons mutuellement. Contrairement à moi, elle a l’air super à l’aise sur ce terrain accidenté. Elle prend de la distance et je vois la première place s’envoler avec elle. Nous sommes aux alentours du 27ème kilomètre. La ravitaillement approche, il est temps, je suis à sec, ça y’est ! Traversée de vignes puis traversée de bois, j’entends mon prénom au loin « allez Sissi !!!! Elle n’est pas loin, tu peux le faire ! » C’est Lætitia qui m’encourage, ça fait du bien ! Merci ! Ça veut dire que le ravitaillement n’est pas loin. En effet, le voilà, au 30ème. J’aperçois Papa et les enfants (mon frère et ma sœur) qui font de grands gestes. Il me tend un bidon. Merci Papou. Merci Boris et Anna. Ça fait un bien fou de les avoir ici ! J’attrape un gel et une barre en plus, mais je sais que je les retrouve dans 11 kilomètres au 41ème, rien ne sert de trop se charger. Arrêt express, il ne faut pas que je traine si je veux me donner une chance de recoller (ou de ne pas me faire remonter, je ne connais pas les écarts derrière).
On redémarre droit dans le pentu après ce ravitaillement ! Ça grimpe, je m’accroche et reste concentrée sur ma foulée. Je regrette d’avoir oublié mon MP3 au départ, ça m’aurait bien changé les idées d’avoir un peu de musique ici, d’autant que je me retrouve souvent à courir seule. Entre ces deux ravitaillements, ce n’est pas la portion que je préfère : on prend quelques risques, avec des gros rochers glissants à enjamber, quelques passages avec des cordes pour nous sécuriser, des descentes raides et dangereuses. Je perds énormément de temps là dedans, ça m’agace, mais bon, je me dis que c’est pour le monde pareil ! À chaque bifurcation, on m’annonce à peine 1 minute derrière la première : « allez allez, il faut y croire, elle est juste devant la première. » Merci aux bénévoles pour les infos ! J’ai de plus en plus mal à la cuisse et la douleur grandissante commence à me faire peur. Ça me fait comme une grosse contracture. J’espère que ne m’empêchera pas de terminer … Le doute commence à m’envahir, c’est mauvais.
Arrivée au second ravitaillement, Boris, Anna et Clémounette m’attendent à la sortie du bois et m’encouragent à bloc en faisant quelques pas à côté de moi ! J’ai des frissons de les entendre crier à côté de moi, c’est génial ! 🙂 Je prends des nouvelles de Manu, et malheureusement, Clémentine m’apprend qu’il a abandonné et qu’il est là, juste à quelques mètres pour me faire l’assistance. Mince alors …Il doit être déçu mais ça n’allait pas fort ce matin au réveil. Quelques mètres plus loin, papa est là, il m’encourage aussi en m’annonçant la première vraiment juste devant, puis Manu qui me tend mon ravitaillement. Que c’est bon d’avoir la famille ici dans ces moments là, merci merci ! Je vais tout donner pour ces 9 derniers kilomètres, mais je suis vraiment gênée par cette douleur qui devient de plus en plus vive.
En effet, en repartant du ravitaillement, je vois la première devant (Amélie Sparfel), mais je m’aperçois aussi qu’on évolue aux mêmes allures et qu’elle a d’ailleurs bien remarqué que je n’étais pas loin. Bref, ça va être compliqué ! Je m’en rapproche dans la montée qui suit, mais je m’en éloigne dans la descente d’après. J’ai mal, et la douleur m’empêche d’allonger la foulée. J’essaye de m’envahir de pensées positives mais ça va être dur de recoller, très dur, elle ne semble rien lâcher en plus ! Après un passage sur les hauteurs, on redescend sur le port pour à peine 1km de bitume, avant d’enchaîner pour la dernière difficulté. La petite famille m’attend en bas de cette dernière bosse, et m’encourage tous à fond ! Je parviens à la grimper à petites foulées, tranquillement, Amélie n’est pas loin mais elle a déjà entamé la dernière descente. C’est mort pour la victoire, mais dans ces conditions, je me contenterais très bien d’une seconde place.
Dernière descente dans la douleur, j’ai la cuisse en feu ! Puis nous revoilà sur le port pour la fin, une belle ligne droite de bitume qui nous mène vers l’arrivée au Palais des Congrès, en passant par un petit coin de verdure dans le parc. Je suis avec attention les balisages « Happy Run » (ce n’est pas le moment de se tromper de route ! ;-)), je commence à entendre la voix des speakers, Harry Bignon et Michel Hortola. Pas de nouvelles d’Amélie, elle doit être sur le point d’arriver. Bravo à elle, elle a fait une belle course intelligente et bien gérée. Elle le mérite ! Je déroule tranquillement, et j’aperçois Lætitia avec Boris et Anna juste à l’entrée de la salle, ils m’encouragent : « allez Sissi !! » Le tapis rouge me tend ses bras, puis l’entrée dans le Palais des Congrès, et enfin, l’arche d’arrivée !
Quelle ambiance, merci à tous. Avec le sourire, je tape dans la main de Sylvie Ferrasse, l’organisatrice, avant de franchir la ligne en 4h51, 46ème au scratch et 2ème féminine. Si près de la victoire, ça pourrait me décevoir, mais non, je suis vraiment contente de la décrocher cette nouvelle 2ème place ! Je retrouve ma petite famille et Manu, ils ont vraiment assuré, j’ai beaucoup de chance de les avoir eu à mes côtés.
Place au cassoulet et à un moment de partage convivial autour d’une table avant de recevoir les honneurs des organisateurs à l’occasion de la remise des prix. Merci à eux et à tous les bénévoles qui ont contribué à la réussite de l’évènement. Bravo à tous les coureurs, elle donne un peu le tournis celle là ! 😉 Place à la récup pour repartir en forme pour les prochaines dates cochées !
Sylvaine CUSSOT
Crédit photos : Carl GOSSE, Yann ILHARDOY, Benjamin DUNAND
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