Yohan Durand est un coureur de talent sur la relance, meurtri par les blessures. Après de longs coups d’arrêts en 2013 et 2014, le bergeracois laisse de côté la piste pour répondre lui aussi à l’appel séduisant de la mythique distance du marathon.
Au terme d’une saison hivernale passée en stage et dans les labours, le demi-fondeur s’alignera sur le Marathon de Paris le 12 avril prochain. Sa première expérience sur la distance. Nous avons posé quelques questions à l’athlète, deux mois avant cette échéance capitale.
Peux-tu nous faire un bref bilan de ton année 2014 ?
Ces deux dernières années ont été difficiles car j’ai été touché par des blessures à répétition. J’avais repris la compétition en mars 2014 après une blessure au tendon d’achille avec l’optique des championnats d’Europe de Zurich sur 5000m. Malheureusement, je me suis blessé de nouveau à la veille du meeting Areva avec une lourde déchirure du muscle sur mon mollet droit. De là est né beaucoup de déception et de frustration car j’étais en forme.
Quels sont tes objectifs 2015 ?
Je me tourne vers le marathon pour plusieurs raisons. D’abord parce que c’est la bonne période pour se lancer. À 29 ans, je sais que je ne saurais pas performant tout de suite mais j’ai une marge de 3-4 ans avant d’arriver à mon meilleur niveau. J’ai un contrat sportif avec l’armée jusqu’en 2020 qui me permet de me consacrer à l’entraînement dans des conditions optimales.
Pourquoi courir à Paris ?
Paris est tout d’abord idéalement situé dans le calendrier après la saison hivernale. Un marathon de printemps est toujours plus facile à préparer. D’autre part, commencer par le Marathon de Paris a aussi une valeur symbolique. C’est la course que l’on regardait à la télé quand on étais petit, toute ma famille et mes proches seront là pour m’encourager … Une belle source de motivation !
Pourquoi cette dynamique autour du marathon ?
C’est avant tout une distance mythique que beaucoup voient comme un aboutissement et la suite logique d’une carrière de demi-fond. Tout cela s’intègre aussi dans la dynamique qui touche la route et la popularité de la course à pied. Il n’y a qu’à voir l’engouement populaire pour la distance et les courses comme Paris qui remplissent 50 000 places en quelques semaines. Côté FFA, un projet marathon a été mis en place pour accompagner les athlètes dans leur préparation. Nous avons eu un stage collectif au Portugal au mois de janvier et c’est appréciable de pouvoir être encadré ainsi dans l’optique de Paris.
Quel chrono visé ?
Tout dépendra de mes entraînements et de mon état de forme, je n’ai pas encore d’idée précise. En 2010, j’avais réalisé 1h03’43 sur semi-marathon, ce qui me conforte dans mon potentiel sur la route. Je prendrais d’ailleurs le départ du semi de Paris le 8 mars prochain. Ce sera l’occasion de faire un premier point sur mes ambitions à Paris, mais je préfères rester modeste. Aujourd’hui, je suis vraiment concentré sur l’objectif marathon et rien d’autre. Je ne cherche pas à me projeter pour la suite.
La piste, du passé ?
Se lancer du marathon ne veut pas dire que je tire un trait sur la piste. Si l’on peut perdre en vitesse pour de courtes distances, les athlètes ont prouvé que l’on peut faire de très belles choses sur 10 000m par exemple. Il n’est pas question de tourner la page, mais il faudra de trouver un nouveau challenge pour performer sur le tartan.
Tu t’entraînes seul ?
Lorsque je suis chez moi à Bergerac, j’ai l’habitude de m’entraîner seul, épaulé par un groupe, et cela ne me pose pas de problème. Mais maintenant que je suis monté sur marathon, je me rends 2 fois par semaines à Bordeaux pour rejoindre Benjamin Malaty (record en 2h11’59) et Yannick Dupouy (record en 2h16’10) qui se préparent eux aussi sur marathon. C’est l’occasion de trouver une belle émulation et de partager des séances ensemble dans la préparation, eux qui ont déjà l’expérience du marathon. Il faut aussi s’habituer à faire des sorties plus longues, à travailler sa foulée pour la rendre plus économique et changer les habitudes de la piste. Quand on est prêt mentalement à se lancer dans une préparation que l’on sait difficile, tout se passe bien.
Le cross, une étape importante dans ta préparation ?
j’ai toujours attaché un intérêt particulier pour le cross, la bonne école du demi-fond. Je prends le cross comme une préparation qualitative sans réels objectifs (9e au Cross Ouest-France en juin dernier). Je devrais prendre part aux France de Cross le 1er mars aux Mureaux mais sans ambition personnelle.
Un mot sur la fidélité de Nike à tes côtés ?
J’ai la chance et l’honneur d’être accompagné par Nike depuis plus de 5 ans maintenant. C’est un soutien important qui a su m’accompagner dans les bons moments comme dans les moments difficiles (blessures). Pour nous athlètes, il est important de bénéficier d’équipements de qualité. En cela, Nike m’offre tout ce que je peux espérer tant au niveau de l’esthétisme que de la qualité des produits. Côté chaussures, j’utilise beaucoup la Pegasus, largement éprouvée et reconnue, pour mes sorties longues. Pour la vitesse, j’affectionne les Lunaracer pour leur compromis entre légèreté et amorti. Des produits au top !
Tu es actif sur les réseaux sociaux. Un vrai outil de partage ?
J’ai toujours été présent sur internet pour y partager ma passion. Je sais que les gens sont demandeurs de contenus sur le quotidien d’un sportif de haut-niveau, des entraînements, des lieux parfois atypiques où l’on a la chance d’aller … Je n’ai pas grand chose à cacher, alors autant en profiter ! Le partage, je l’exprime aussi avec mon club de Bergerac auprès des plus jeunes. C’est toujours sympa d’échanger quelques conseils et de transmettre son expérience !
Un grand merci à Yohan pour sa disponibilité.
Interview réalisée par Rémi Blomme – Photos : © Nike