Du visuel, des sensations, et aussi des sons. Quand on court, tous les sens sont en éveil. Vous êtes branchés à vous-même, et votre cerveau se charge de traiter toutes les informations captées par les yeux et les oreilles.
Tout commence par un zip de veste, un dernier coup d’oeil aux lacets, un bip de montre et ainsi vont les premières foulées. Dans un premier temps, on pourra remarquer le bruit du frottement des vêtements entre eux, bien présent, qui va s’estomper rapidement. Il laissera la place au bruit de nos foulées au sol, dur ou souple, avec ci et là un craquement d’une brindille ou un crissement sur la couche de neige l’hiver. Un bruit dans les fourrés qui vous fera inconsciemment accélérer, mais pas un regard de peur de découvrir l’éventuel animal qui se cacherait là dedans. Le regard se porte tantôt près pour ne pas manquer un appui, tantôt loin vers les montagnes qui sont en toile de fond derrière les champs.
Ces bruits extérieurs laisseront de temps en temps la place à tout ce qui se passe dans notre corps. Le souffle, irrégulier et bas, qui deviendra régulier et puissant, ponctué d’expirations fortes par moments pour évacuer par l’air les dégâts qui commencent à se produire à l’intérieur des muscles. Le coeur quand vous accélérez tambourine encore plus fort dans les oreilles. Vous voyez votre ombre et d’un coup vous réalisez les gestes parasites de votre allure, que vous vous appliquez à corriger.
En compétition, tout s’accélère. A l’échauffement, plein de séquences s’enchaînent. Un coup d’oeil vers les coureurs que vous croisez : vous remarquez leurs tenues, leurs silhouettes, leurs allures, et vous essayez de vous faire une idée du niveau de chacun d’entre eux. Le speaker fait monter l’ambiance pendant que le va et vient des coureurs qui font leurs accélérations ou leurs gammes. Le bruit du pistolet est souvent très bruyant, il fait place au martèlement des foulées sur le sol, des coups d’oeil trop rapides pour distinguer qui nous double. Puis une fois lancé, on fait confiance au flot continu du peloton pour nous guider sans regarder où on va vraiment. On entend les encouragements, on voit des têtes…
Mais dans le final, un long tunnel se forme et on ne distingue plus ce qui nous est adressé. On ne voit plus qu’une masse de personnes. Un coup d’oeil au chrono une fois la ligne franchie et très vite une première analyse se fait. Et tout se calme petit à petit…
Courir, c’est se connecter à son corps et à son environnement. Du son, des images et des sensations !
Mathieu BERTOS
Photo : Page FB du Festival des Templiers