Il est 19h15, Denis est chez lui, posé, prêt à sauter dans ses baskets pour sa séance de récup post « Prom’Classic« . Plutôt du soir, ça ne le perturbe pas de programmer une séance d’entraînement à 20h ou 21h, c’est son heure en général !
Ça tombe bien, parce que j’ai prévu de lui voler un peu de son temps ce soir pour m’entretenir avec lui et en savoir un peu plus sur ce garçon qui m’intrigue.
Un passage obligé sur le billard
Ces 3 derniers mois, il enchaîne 4 courses de 10km en moins de 30 minutes (29’14 à la Corrida de Houilles). C’est sûr, Denis Mayaud revient progressivement à son meilleur niveau, après une longue période de galères. Galères, c’est peu dire quand on connaît le parcours de Denis depuis plusieurs mois. Il se souvient : « j’étais gêné par des douleurs au tendon d’achille depuis environ 3 ans. Impossible de chausser les pointes sur certaines séances, j’étais obligé de ne faire qu’un entraînement sur deux. J’ai tout tenté pour soigner cette blessure en consultant plusieurs spécialistes : repos, ostéo, kiné, semelles, mésothérapie, glaçage, … Mais j’ai fini par me résoudre à passer sur la table d’opération. »
Denis se fait donc opérer du tendon d’achille courant de l’été 2013 et sait qu’il va devoir faire preuve de patience ensuite. Au programme, quelques semaines de plâtre et plusieurs mois de convalescence et de rééducation pour cet athlète de l’AS Saint-Junien. Il pensait être tranquille en 6 mois, mais c’est finalement 1 an 1/2 plus tard et après un séjour au centre de rééducation de Capbreton, que Denis peut enfin recourir sans douleurs ! Un véritable soulagement aujourd’hui, qui ne l’empêche cependant pas de rester à l’écoute de son corps et de ses tendons.
Un parcours brillant
D’abord passionné par le foot, c’est seulement au cours de ses années lycée que Denis prend goût à la course à pied. Il prend sa première licence au club limousin de l’AS SAINT-JUNIEN, club qu’il n’a jamais lâché depuis d’ailleurs, tout comme son entraîneur, Hadj Kahlal, qui le suit depuis ses débuts. Rapidement, on se rend compte qu’il est fait pour ce sport ! Les chronos suivent et grâce à ses bons résultats, il bénéficie d’aménagement horaires pour mieux s’entraîner.
Cross, piste, route, Denis Mayaud se spécialise dans le demi-fond et son palmarès s’étoffe au fil des années. 21 sélections en Équipe de France (6 en Équipe de France jeune (cross, 3000m et 10000m), 3 en Équipe de France Universitaire (cross, 10000m et semi-marathon), 12 en Équipe de France senior (cross et 10.000m)), un titre de Champion de France de 10km en 2012, de quoi confirmer son fort potentiel et largement l’encourager à persévérer dans la discipline et s’essayer sur semi-marathon. Chose faite et très bien faite, puisqu’il signe un très beau 1h03’36 » au semi-marathon de Paris en 2011, puis un 1h03’13 » l’année d’après à l’occasion du semi-marathon de La Haye. Ça sera son record personnel. Forcément, la question est sortie lors de notre discussion : « pour quand un marathon Denis ? » Réponse vague et encore incertaine : « peut être cette année, si mon tendon me le permet ! »
Une personnalité attachante
Simple, humble, calme, bourré de talent, Denis Mayaud gagne vraiment à être connu ! A en lire son palmarès, on s’imagine un athlète très rigoureux dans son approche de l’entraînement, mais c’est finalement un coureur passionné, qui se contente de courir en toute simplicité et d’avoir un gros potentiel pour assurer d’excellents chronos ! Enfin, « en toute simplicité », je m’entends, Denis se tient tout de à même à 9 entraînements par semaine, il faut pouvoir tenir son rythme. Régularité, courage et persévérance sont des qualificatifs qui l’accompagnent quotidiennement, mais contrairement à certains athlètes de haut niveau, il ne se prend pas la tête avec les « à côtés ». « Je ne fais jamais d’étirements, pas de musculation, très rarement de gainage et d’abdos. J’ai bien tenté des sports portés comme la natation ou le vélo pour soulager mes tendons, mais je n’accroche pas. Et j’ai vraiment besoin de mon footing journalier ! », me confie t-il.
J’aborde les problématiques parfois chères aux meilleurs athlètes telles que le « sans gluten » ou le « sans lactose », mais non, ça non plus, ça ne lui parle pas du tout ! Du riz, des pâtes, beaucoup de féculents, et peu de fruits et légumes. La rigueur et les restrictions alimentaires, ce n’est pas son truc, il laisse parler ses envies. « Avec ses soucis de tendons, je vais peut être me motiver à étrenner ce vélo d’appartement qui m’attend depuis un moment à la maison … » dit-il en rigolant. En voilà une bonne idée Denis !
En attendant, nous allons continuer à suivre ta reprise de près. Déjà bien amorcée d’ailleurs, puisqu’elle a démarré il y a maintenant 6 mois. Mais Denis préfère rester prudent pour le moment, avec des objectifs raisonnables et mesurés : « Je me contente pour le moment de prendre du plaisir à courir sans douleurs. Je prends une course après l’autre en tentant de faire baisser le chrono progressivement. Les cross à partir des interrégionaux cet hiver, puis la route. Semi-marathon ou marathon, on verra en fonction des sensations. » Si marathon il y a cette année, Denis parle de celui de Paris, mais c’est encore tôt pour annoncer une participation officielle. Soyons patients !
Il est 20h passé. Ses baskets l’attendent impatiemment. Une fois le téléphone raccroché, il se jettera dans la nuit noire des Bois Boulogne pour son footing du soir à la frontale. Merci Denis et bonne saison 2015 à toi !
Sylvaine CUSSOT
Les quelques records personnels de Denis Mayaud
> 5000m piste : 13’31″83
> 10000m piste : 28’21″50
> 10km route : 28’31 »
> Semi-marathon : 1h03’13 »
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