Ce n’est pas un scoop, le cross-country a perdu du terrain que ce soit localement ou à l’international. Beaucoup de cross départementaux regroupent les catégories d’âge sur une seule course pour ne pas voir des pelotons trop clairsemés. Des cross nationaux comme celui de Gujan Mestras ont perdu des coureurs lors de ces dernières années et doivent compenser en y greffant des courses du type cross longue distance ou marche nordique pour continuer d’attirer de l’intérêt sur son événement.
Sur le territoire, les championnats nationaux ne sont plus diffusés par les chaînes publiques, alors que les têtes d’affiche de différentes discipline (demi-fond, fond, cross) aiment s’y retrouver et s’y livrer bataille. Au niveau mondial, ce recul s’est confirmé également par une diffusion plus disparate (en France il n’est pas plus diffusé que les championnats nationaux) et une compétition qui ne s’organise depuis 2011 que tous les deux ans. Ils sont donc organisés les années impairs et les Mondiaux de semi-marathon les années pairs. Les prochains championnats du monde auront lieu le 28 mars prochain en Chine à Guiyang (à environ 1100m d’altitude).
La discipline est pourtant adaptée au format télévisuel (durée, plusieurs passages) et spectaculaire. Le parcours peut mettre les coureurs en difficulté, le peloton est dense, certains passages étroits ou constitués d’obstacles comme des buttes ou des troncs d’arbre, et la course assez nerveuse dans son ensemble.
On sait, au niveau national et international, l’attrait important que constituent les courses sur route. Il est plus aisé de récolter des primes et d’intéresser des sponsors sur bitume. Si les coureurs de 10km peuvent assez facilement bifurquer par les cross de par la distance et l’effort physique, c’est plus compliqué pour les marathoniens, qui en mars-avril ont leurs gros objectifs qui prennent place, et qui ne peuvent pas trop se permettre de se disperser dans les dernières semaines de préparation.
Pourtant l’intérêt est validé par les entraîneurs quant à l’apport du cross-country sur le plan physique comme sur le plan mental, qui servira de base athlétique et éducative pour la suite de la carrière d’un coureur (et qui reste fort utile à tout âge). Il faut sans doute continuer de faire passer le message dans les clubs et d’ouvrir plus facilement l’épreuve aux non-licenciés. Rappelons que la plupart de ces épreuves sont gratuites!
Il faudrait peut-être intéresser d’avantage l’élite en créant un circuit national des plus grands cross. Bien sûr le soutien financier faciliterait grandement les choses… On peut aussi raccourcir une saison hivernale bien longue. De novembre à début mars (France de cross) il est difficile de visualiser 4 mois (voir « et demi ») d’objectifs avec souvent une fin de saison dans le dur. Mi-novembre à mi-février pourrait être un exemple d’une fourchette pour établir un calendrier.
Sebastian Coe (article paru sur VO2.fr) qui brigue le poste de Président de l’IAAF (août 2015) propose même de ré-introduire le cross-country aux Jeux Olympiques d’hiver. C’est une discipline qui en a déjà fait partie, mais plus depuis… 1924 ! (Paris). L’intérêt serait aussi d’élargir cette compétition hivernale aux pays africains qui n’ont pas d’intérêt particulier pour cet événement. L’intégration de cette épreuve est pourtant revenue régulièrement au centre des conversations avec des appuis comme Gebreselassie ou Radcliffe… La place dans le calendrier est qui plus est disponible.
Et vous, que feriez-vous pour relancer le cross-country ?
Mathieu BERTOS
Photo : IAAF
Laisser un commentaire