Le 10 janvier prochain aura lieu le 11e cross d’Edimbourg. Chaque année, cette compétition est le théâtre d’un match international, quelques semaines après les Europe de Cross. Malgré le faible engouement pour le Cross-Country, l’événement a su trouver un équilibre pour se pérenniser dans le temps, à l’instar des grands rendez-vous de la discipline en France.
Le cross d’Edimbourg s’est inscrit comme l’un des grands rendez-vous annuels du cross-country. On y retrouve une course de 8 km pour les seniors hommes et femmes, des cross juniors et un cross court « élite » de 4 Km. Aux cross s’ajoute un 5 km populaire, la Great Winter Run, avec 2500 participants et des compétitions pour les clubs locaux.
Une belle vitrine pour Edimbourg et la région
À l’instar de grands rendez-vous sportifs, le cross d’Edimbourg vit surtout par le rayonnement médiatique et économique qu’il génère dans la région. « Attirer certains des meilleurs coureurs d’endurance dans le monde apporte 1 million de livres (1,3 M€) à l’économie locale et, grâce à la couverture en direct sur la BBC, agit comme une vitrine fantastique pour la ville » explique sans complexes Steve Cardownie, responsable des événements à la mairie d’Edimbourg. Le site atypique d’Holyrood Park, connu pour son histoire et son patrimoine, donne son cachet au cross.
« Le nombre croissant de participants aux épreuves populaires, l’augmentation du nombre de spectateurs, ainsi que la qualité constante des athlètes d’élite du monde entier nous prouvent que l’événement est un succès » poursuit l’élu. Si la discipline ne parvient pas à souder durablement une cohésion mondiale, les épreuves isolées, comme en France avec le Ouest-France ou Gujan-Mestras, ont structuré un modèle économique qui fonctionne : créer une émulation autour de la discipline, populariser les événements avec des épreuves ouvertes à tous et attirer le public avec des têtes d’affiches.
Un match international qui peine à dynamiser la discipline
Depuis quelques années, un match amical a été mis en place dans le cadre du cross d’Edimbourg. Le concept : trois équipes s’affrontent sur la compétition avec une sélection des meilleurs athlètes de chaque « zone » : USA, Europe et Grande-Bretagne. L’an dernier, la Grande-Bretagne s’était montrée au-dessus du lot, une dynamique encore confirmée par la belle moisson de médailles aux derniers Europe de Cross.
L’objectif de ces matchs attrayants sur le papier : redonner de la visibilité au cross pour relancer la discipline sur la scène européenne. Malheureusement, le faible engouement pour ce concept semble faire pâle figure pour redresse un cross-country en demi-teinte. Récemment, le concept des matchs internationaux s’est développé en trail (Festival des Templiers) avec un résultat mitigé. Cette année, seulement 3 français seront de la partie dans l’équipe européenne. Des coureurs qui se sont récemment illustrés aux Europe de Cross : Sophie Duarte, Cassande Beaugrand et Timothée Bommier (Florian Carvalho invité, a renoncé pour un stage en Afrique du Sud).
Mo Farah en vedette et un plateau de fête
Chaque année, les organisateurs font appel à des vedettes du demi-fond. En 2015, c’est Mo Farah qui donne son image à l’épreuve et qui sera à la tête de la sélection britannique. Le double champion du monde et olympique reprend du service dans les labours pour l’ouverture de sa saison. Avec Gemma Steel chez les féminines (championne d’Europe de Cross 2014 et vainqueur de la course l’an dernier), la Grande-Bretagne promet de nouveau d’être aux avants-postes. L’américain Chris Derrick l’avait emporté chez les hommes en 2014.
Sur le cross court, Edimbourg a pris pour habitude de sortir l’artillerie lourde avec un plateau d’exception. En atteste le cru 2014 avec Garreth Heath (vainqueur en 2014), Asbel Kiprop (champion olympique de 1500m) ou encore l’inoxydable Bernard Lagat (champion du monde de 1500m et de 5000m). Il y aura du spectacle, c’est certain.
Le circuit international du Cross-Country, fausse bonne idée ?
La fédération internationale d’athlétisme (IAAF) a pris conscience de l’essoufflement du cross-country et tente de le palier à travers diverses formules. Avec la mise en place d’un circuit international de cross il y a quelques années, l’objectif est de rassembler les coureurs d’élite en vue de préparer les grandes échéances. Si la plupart des dates sont peu connues et parfois boudées par les athlètes, elles peuvent donner des indices sur les favoris pour les mondiaux de cross. Le Cross d’Edimbourg fait partie intégrante de ce circuit international.
Le vice-président de l’IAAF, Sebastien Coe, est convaincu de l’importance de dynamiser le cross-country : « Nous nous devons de relever le défi consistant à conserver l’aspect véritablement mondial de cette facette de notre sport, qui, en plus d’avoir une tradition très riche, possède un potentiel extraordinaire, non seulement en tant que discipline unique, mais aussi comme socle de la course d’endurance », a déclaré avec justesse le double champion olympique de 1500m. « Ce circuit va une nouvelle fois viser à démontrer et mettre en valeur l’attrait international de la discipline et la place centrale qu’elle occupe au sein de l’athlétisme. » Il n’en reste pas moins que ce calendrier peine à trouver sa place dans l’athlétisme d’aujourd’hui et où la domination des coureurs des hauts-plateaux n’offre pas d’identité pérenne à la discipline.
Le 28 mars prochain auront lieu les championnats du monde à Guiyang (Chine). Ce circuit pourra-t-il vraiment contribuer à contrer un anonymat annoncé ? Le rayonnement international du cross-country n’est peut-être pas encore pour demain, mais c’est tout ce qu’on peut souhaiter à la discipline.
Site officiel : cross d’Edimbourg
Le site du circuit international de Cross-Country : IAAF.
Images : © IAAF/ Texte : Rémi Blomme
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