L’info est passée quasiment inaperçue alors que l’exploit est grand. Comment est-on passé à côté du fait que le 15 août dernier (observez bien la date), le suisso-équatorien Karl Egloff ait battu le record du Kilimandjaro (ascension + descente) en 6h42’24 ? C’est 32 min de mieux que le record de Kilian Jornet.
A l’ère des réseaux sociaux et des médias, et on en trouve dans le domaine du trail et de la montagne, il est étonnant que cet exploit n’ait pas été relayé, ou presque. Alors bien sûr Karl Egloff est bien moins connu que Kiliant Jornet, mais l’article nous indique bien que ce sportif émérite de 33 ans est un cycliste de haut niveau dans sa spécialité de VTT, aguerri à la haute montagne dont le père était un excellent alpiniste.
On se souvient que cet été, Kilian Jornet avait aussi perdu son record du GR20, battu par Guillaume Peretti, là aussi une performance moins médiatisée que celle de l’espagnol.
L’explication ? La popularité de Kilian Jornet auprès du public, notamment, soutenue mise en avant par son équipementier Salomon dont les moyens de communication sont importants et bien huilés. Les photos, reportages et films au sujet de leur coureur ne manquent pas. On sait très bien que ce n’est pas ce qu’il recherche, il répète bien souvent qu’il préfère être seul, c’est avant tout une aventure bien personnelle. Pour autant, son équipementier lui permet aussi de réaliser ses aventures et ses rêves.
Cet appui valorise donc ses performances (qui le méritent) mais les performances des autres coureurs comme Karl Egloff ne bénéficient pas du même écho. Il est dans la nature humaine de vouloir battre des records pour se dépasser et toujours avancer. Kilian Jornet vient d’ailleurs de battre le record de l’Aconcagua, qu’il connaît bien. Pour autant, ces performances ont-elles vocation à être médiatisées et ébahir le public au delà des spécialistes même ? Les auteurs de l’effort ne sont pas dans cet esprit là. Il y a sans doute eu tant d’exploits qui n’ont pas été répercutés dans les médias…
La difficulté est de rendre « palpables » ces performances pour un public qui n’a pas de repères concrets. Surtout que la performance elle-même, dépendante des moyens techniques et des conditions météos, ne favorise pas une compréhension nette du niveau de cette dernière, étant donné, en plus, que ces records sont tentés par peu de personnes.
Finalement, tout cela a plus une valeur humaine que « médiatique » destinée à être diffusé au grand public. Nous connaissons mieux Kilian Jornet, et nous savons d’ailleurs qu’il fait ça pour lui, et que cette quête est bien plus philosophique que physique.
Mathieu BERTOS
Photos et infos tirés de l’article de Sylvain Bazin dans Wider
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