Le trail prend de l’ampleur et c’est une bonne chose. Les gens amoureux de la nature et du sport combinent ces deux domaines pour pratiquer le trail de façon compétitive, ludique, ou les deux à la fois ce qui n’est en aucun cas antinomique. On remarque tous le succès de la pratique que ce soit dans nos campagnes ou sur les courses, ainsi que sur les réseaux sociaux et autres blogs où chacun se plaît à rapporter les récits de leurs aventures.
Le trail devient de plus en plus compétitif car les coureurs se préparent de mieux en mieux et axent leur saison sur certains événements, ce qui fait que certains rendez-vous sont très attendus.
Les épreuves prennent de l’ampleur et se modernisent, les Team se disputent les podiums… Ce qui porte à croire que l’on s’éloigne selon des personnes d’un certain « esprit trail ». Mais que signifie cette expression? Pour résumer rapidement, » l’esprit trail » c’est le fait de respecter le milieu naturel dans lequel on évolue, sans le dégrader ni le polluer, c’est le fait de porter secours à toute personne en difficulté physique ou matérielle, et c’est ce partage et cette convivialité qui semblent régner et qui attirent tant de personnes.
Mais cette expression est désormais utilisée à outrance, en toute circonstance, dès lors que l’on veut qualifier des situations de sportivité et d’humanité. Comme si ces principes ne se retrouvaient que dans le trail et nulle part ailleurs. Comme s’ils n’étaient que l’apanage de ce contexte sportif bien particulier.
L’esprit trail n’existe pas, ce n’est qu’une affaire de personne, avec ses principes et ses valeurs. L’esprit de compétition n’est en rien contre indiqué à la sportivité, même avec un enjeu important. Ce week-end la SaintéLyon s’est joué au finish et que n’a-t-on pas entendu ? » Ce n’est pas dans l’esprit trail, ils auraient pu finir ensemble après cette galère « . Cette expression est erronée. Des champions qui se respectent se battent jusqu’au bout et se tombent dans les bras pour se féliciter. Ainsi le respect de l’autre et celui de la course sont honorés, et c’est ce qu’il s’est passé.
Le trail c’est aussi une autre forme de compétition, différente de ce qui est connu via les cross, la piste ou la route. Son évolution est plutôt récente mais sa pratique est très ancienne mais ne portait pas de terme générique. C’est en tout premier lieu une « course », que l’on est libre d’effectuer en compétition organisée ou en dehors. Différentes qualités sont requises selon le profil du terrain ou du coureur. Comme sur les autres types d’épreuves, il y a des gens qui recherchent la performance (quel que soit leur niveau !) et d’autres qui sont là pour une aventure. Chacun trouve sa porte d’entrée dans la pratique ! Mais aucune n’exclue les vertus que l’on veut y associer. On peut voir aussi bien des coureurs de la masse se disputer leur rang dans une monotrace, que des élites se tendre une bouteille d’eau sur un marathon.
L’esprit trail n’est pas, il faut arrêter d’utiliser ce terme. Toute valeur, qu’elle soit liée à des qualités humaines ou de respect du milieu est une affaire de personne. Ne segmentons pas de façon manichéenne les épreuves de la course à pied. Être loyal, sportif, humain, généreux, conscient de l’environnement qui l’entoure… ça ne tient qu’à chacun d’entre nous de l’incarner à travers nos actions.
Mathieu BERTOS
Photo : Trail Endurance Mag/ Yves Marie Quemener. Retrouvez l’ensemble de la galerie photos de la SAINTÉLYON 2014 sur le site d’Endurance Mag.