Aux douze coups de minuit, plus de 14 000 coureurs ont illuminé la nuit stéphanoise pour rallier la capitale des Gaules. Les uns ont passé le relais en cours de route, les autres ont affronté seuls, jusqu’au bout des 72 km, les températures négatives (-1°C à -3°C), le vent et l’effet Wind Chill qui les a fait ressentir jusqu’à -6°C, -8°C, la boue… Une vraie SaintéLyon hivernale pour la 61e édition de la doyenne des courses nature.
Au cœur de cette grande course populaire, tous les profils se côtoient et toutes les raisons de courir sont bonnes. Parmi eux, la famille Lupin où Denis, le père (50 ans) et Dimitri, le fils (20 ans) courent ensemble, l’un pour la 3e fois (SaintExpress 2011 et SaintéLyon solo 2013) et l’autre pour la 1ere fois dans le cadre du projet sportif de son école d’ingénieur. Ou encore quatre prisonniers du centre de détention de Neuvic sur l’Isles (24) qui sont engagés aux côtés de quatre de leurs gardiens sur la formule relais à 4… Un véritable projet d’insertion et une aventure humaine exceptionnelle. Et puis il y a ceux pour qui 72 kilomètres ne suffisent pas et qui, une fois arrivés à Lyon, repartent en direction de Saint-Etienne pour réaliser la 180 (comme 180 degrés). David Baravian, parisien de 44 ans, fait partie de ces 20, fêlés tirés au sort (trop nombreux postulants) et a parcouru ces 144 kilomètres en mode « minimaliste », c’est-à-dire chaussé de five-fingers qui lui donnent la sensation de courir pieds nus.
Chez les élites, Manu Gault, très motivé après sa deuxième place en 2013, est venu remettre son titre de vainqueur de 2012 en jeu avec déjà dans les jambes une saison bien chargée. Quelques pointures l’entouraient sur la ligne de départ, entendant bien ne pas le laisser partir seul. Dès le début de la course un petit groupe de quatre coureurs : Patrick Bringer, Emmanuel Gault, Pierre-Laurent Viguier et Fabien Chartoire, pointe en tête au ravitaillement de Saint Christo (km15), suivi à quelques minutes d’Alexandre Mayer et Léo Bechet. Toujours groupés, ils passeront ensemble tous les ravitaillements jusqu’à Soucieu (Km50). « J’essayais de les lâcher mais ça répondait toujours… » explique Manu Gault et « Fabien Chartoire, fallait pas s’en approcher sinon il accélérait… » ajoute Patrick Bringer. Vers le km53, c’est Pierre-Laurent Viguier qui se détache seul en tête, paraissant presque intouchable. Son échappée va durer une dizaine de km car 7/8 km avant l’arrivée Patrick et Manu le rattrapent.
« Dès le début j’ai senti qu’on était un groupe assez homogène, confie Manu Gault, et que la fin se ferait sans doute au sprint. » Et le sprint annoncé aura lieu entre les 2 hommes. Onze petites secondes les séparent, Patrick passant la ligne en tête: « Aujourd’hui c’est courant de finir à « l’emballage », explique Patrick Bringer et sur les derniers mètres la fraîcheur a joué. Puis j’ai pensé à Sébastien Bresle, (15e de la SaintéLyon 2011 et 5e en 2012 alors qu’il était malade et depuis décédé) et pour toutes les belles valeurs du trail, Sébastien m’a porté jusqu’au bout ». Parmi les surprises, l’abandon de Pascal Giguet à Soucieu en Jarrest (km50) alors qu’il était 13e. C’est une grosse déception pour le coureur qui s’était réservé et préparé spécialement pour cette course…
Chez les dames, Maud Gobert, qui détient 3 victoires (2009, 2010 et 2013) est venue remettre son titre en jeu. « La SaintéLyon est pour moi une course insolite que j’aime beaucoup. La nuit il se passe quelque chose, tout le monde se parle. J’ai beaucoup souffert de maux de ventre sur toute la première partie et j’ai vraiment pensé rentrer en voiture. Mais avec mes filles en assistance et ce que j’avais dit sur la ligne de départ aux 14 000 participants : ne vous plaignez pas si vous avez mal, pensez à ceux que la vie a maltraité, je ne pouvais absolument pas abandonner. » Elle passe la ligne d’arrivée en tête en 6h48’44 ». Là aussi la course se jouera à quelques kilomètres de l’arrivée. Sylvaine Cussot, qui a elle aussi souffert de maux de ventre pendant une bonne vingtaine de de kilomètres, fait à 20km de l’arrivée une belle remontée qui ne suffira pas à 2′ et 15 » près.
A la troisième place, la surprise est venue de Sandrine Monier (10 ans au sein du Team raid aventure La Clusaz, puis Quechua, Vainqueur du Marathon du Beaujolais le 22 novembre dernier) qui, jusqu’au ravitaillement de Soucieu en Jarrest, pointera en tête. Elle ne regrette sans doute pas l’annulation, faute de neige, de son week-end de ski. Avec cette 4e victoire Maud égalise les records jusque là détenus par : Anne-Marie Chapelle (1976, 77, 78 et 80) et Ginette Baudrand (1983, 84, 85 et 88).
Les deux vainqueurs de cette édition 2014 de la SaintéLyon annoncent déjà leur participation aux Championnats du monde de trail IAU 2015 qui se déroulent dans le cadre de la Tecnica-MaXi-Race du 29 au 31 mai 2015.
Résultats SaintéLyon 72 km – 2000 m D+
Podiums hommes
1- Patrick Bringer en 5h20’47 »
2- Emmanuel Gault en 5h20’58
3- Pierre-Laurent Viguier en 5h26’17 »
Podiums femmes
1- Maud Gobert en 6h48’44 »
2- Sylvaine Cussot en 6h50’59 »
3- Sandrine Monier en 7h06’26 »
Tous les résultats de toutes les courses, toutes les fiches coureurs sur : Saintélyon 2014
(photo : ©YM Quemener- Endurance Mag)
Laisser un commentaire