Cette année, la FFA a organisé une session de formation d’entraîneur en même temps et sur le même lieu qu’un stage d’athlètes de haut-niveau regroupant l’équipe de France des 100km et l’équipe de France des 24h.
Parmi les entraîneurs en devenir, on retrouvait aussi des champions comme Driss El Himer (recordman des victoires aux championnats de France de cross-country, 2 fois champion de France de 10km, 2 h 06 min 48 sec sur marathon) et Mokhtar Benhari (champion de France du 5000m en 2004 et de cross en 2008). A cette occasion, une soirée à thème basée sur des questions/réponses a été programmée ; soirée à laquelle U-Run a pu participer par la présence du Coach.
Question : Quelle est la stratégie d’alimentation que vous adoptez sur 24h ou 100km ?
Équipe de France 24h hommes : c’est très simple, je fonctionne à heure des repas. Je peux manger du pain et du jambon, de la compote et sinon je marche à l’envie. Je peux même manger des choses que je ne mange pas d’habitude. Surtout, j’évite les gels car pour moi ça ne convient pas. Après il y a des stratégies très différentes, il y en a qui mangent solide et d’autres liquides.
Équipe de France 100km : moi je me contente de boire de l’eau et du coca ; et encore je m’aperçois souvent que le coca je n’y touche presque pas …
Équipe de France 100km : je prépare mes bidons à l’avance avec des boissons sportives, Overstim en l’occurrence pour moi.
Question : Et toi Driss, c’est quoi ta stratégie sur marathon ?
Driss El Himer : moi je ne bois que de l’eau en faisant attention à ce qu’elle soit à bonne température, j’ai trop peur de prendre autre chose sous peine d’avoir des problèmes digestifs.
Question : Est-ce que vous utilisez la méthode Cyrano dans votre entraînement ?
Équipe de France 24h : non moi je cours tout le temps. Après y’en a qui le font.
Équipe de France 24h : pareil. Pour les sorties longues, en général ça va de 4 à 8 h.
Question : Compte tenu de votre niveau international et de votre carrière, que vous apporte aujourd’hui un entraîneur, où plutôt qu’attendez-vous d’un entraîneur ?
Mokhtar Benhari : pour éviter la facilité ! Parce que sans entraîneur, tu fais les séances que tu préfères et tu délaisses les séances que tu trouves dures.
Driss El Himer : oui et puis c’est dur de programmer un entraînement.
Équipe de France 24h : c’est rassurant d’avoir quelqu’un, car on peut faire des erreurs, et ça t’engage de prendre un entraîneur, on se sent obligé et puis moi, l’entraîneur je l’ai à la maison car c’est mon mari donc je n’ai pas le choix…quand il rentre, il me demande tout de suite comment ça s’est passé !
Équipe de France 24h : l’entraîneur peut aussi décrypter ta gestuelle due à la fatigue et alléger le programme en conséquence pour éviter la séance de trop !
Question : Driss, tu es aujourd’hui en formation d’entraîneur, pourquoi cette reconversion ?
Driss El Himer : tu sais l’athlé m’a tout donné, donc je veux lui redonner ce qu’elle m’a donné, partager mon expérience. Donc je me forme pour avoir le savoir de la transmission.
Question : Avez-vous une préparation ou une stratégie mentale ?
Équipe de France 100km : l’entraînement physique forge le mental.
Équipe de France 24h : moi je compte chaque heure passée jusqu’à 12h après j’attaque le décompte des heures puis des minutes. Et puis les personnes sur la route ont une importance non négligeable, ils nous informent, nous encouragent.
Équipe de France 100km : oui, les accompagnateurs sont très importants.
Mokhtar Benhari : en cross, il faut avoir un moral de gagneur car on se souvient que des 1er et pas des deuxième. Moi, quand j’ai gagné les championnats de France, j’étais à la bagarre avec deux autres coureurs et je me suis dit « c’est pas possible que tu finisses à une autre place que premier » car je voulais qu’on se souvienne de moi.
Driss El Himer : c’est la tête qui fait la différence, il faut avoir faim, avoir un moral d’acier. Attention, il faut s’entraîner dur aussi ! Je ne dis pas qu’avec un mental d’acier tu peux devenir le meilleur, l’entraînement reste le plus important mais le mental peut faire la différence.
Équipe de France 100km : et puis quand ça va pas, tu te dis que t’as bossé dur, que t’as pas fait ça pour rien. Pour moi, lâcher en course c’est un peu renier tout ce que t’as fait, un peu renier soi-même donc je me rappelle tout le travail fait à l’entraînement.
Question : Quelle est la préparation physique pour un 24h ?
Equipe de France 24h : j’essaie de toucher un peu à tout. En plus de courir, je pratique la natation, la danse, je fais des séances d’étirements en cours collectifs.
Equipe de France 100km : moi en tant qu’ancien triathlète, je pratique encore le vélo. Après tout dépend du profil et du passé de l’athlète.
Entraîneur équipe de France : pour moi, si l’athlète n’a jamais fait de préparation physique, c’est risqué de commencer tard, y’a plus de risques de se blesser que de performer. Je préfère qu’ils fassent dans ces cas-là de la musculation naturelle.
Question : Comment organisez-vous le stage avec plusieurs disciplines différentes ?
Entraîneur équipe de France : on essaye de faire une trame commune pour tous. L’important, c’est avant tout de faire de la cohésion, de partager un maximum de choses ensemble. Après bien-sûr chacun fait ses séances spécifiques.
Question : Sur quelles surfaces courrez-vous ?
Equipe de France 100km : toutes ! On essaie de varier au maximum. Après tout dépend de ce que chacun a près de chez soi.
Equipe de France 24h : en général, j’essaie de faire mes séances spécifiques et mes sorties longues sur chemin, c’est moins traumatisant.
Entraîneur équipe de France : voilà après plus la compétition approche, plus la surface et le profil des parcours se rapprochent de celui de la compétition.
Question : Comment vient-on à faire du 100km ou du 24h ?
Equipe de France 100km : moi j’ai commencé normalement par du 10km, puis j’ai fait des semi-marathons, des marathons, et après on ne s’arrête plus….
Equipe de France 24h : moi j’ai commencé par faire quelques trails et je me suis tout de suite bien classée. Après, en analysant les classements et en comparant avec ceux qui faisaient d’autres disciplines, mon mari a pensé que je serais bien sur une épreuve comme le 24h. C’est comme ça que j’ai évolué vers cette discipline. Après, il faut avoir le soutien de la famille pour faire cela car l’entraînement prend énormément de temps.
Question : Driss, tu as commencé par le cross avant de venir sur le tard au marathon. Avec le recul, est-ce que tu ferais pareil si c’était à refaire ?
Driss El Himer : oui, je referais pareil, je recommencerais par le cross pour travailler ma vitesse ; et puis le cross c’est l’école de la souffrance et de l’effort et ça forme les jeunes ! Après, je commencerais le marathon à 30 ans. Aujourd’hui les jeunes qui montent tôt sur marathon font des bons temps mais ne durent pas plus de 3-4 ans.
Question : Driss, quand tu partages du temps avec tes camarades, tu ne penses pas à monter en distance ?
Driss El Himer : si, je me suis dit que je finirais bien ma carrière sur un 100km. Mais d’ici là, je me donne encore 2 ans pour aller chercher le record de France V1 du Marathon.
Question : Et toi Mokhtar ?
Mokhtar Benhari : j’ai déjà essayé le marathon à Paris, il faisait chaud, et je n’ai pas pris de plaisir. Aujourd’hui, je vais peut-être essayer la course en montagne sur des distances de 10km mais le principal c’est le plaisir.
Question : Est-ce que vous vous entraînez seul ou en groupe ? Et que vous apporte le travail en groupe ?
Equipe de France 24h : principalement seul car travaillant, je m’entraîne tôt le matin et/ou le soir de 19h à 23h. Donc par rapport à ces horaires, je suis souvent seul.
Driss El Himer : je m’entraîne aussi souvent seul car dans ma région, il n’y a pas beaucoup de coureurs qui ont mon niveau, il n’y a souvent que le vélo qui a mon niveau (sourire). Cependant, je préfère m’entraîner en groupe car les séances sont mieux faites.
Mokhtar Benhari : oui c’est vrai ! Et puis, même si t’es seul, c’est important par exemple d’aller faire ta séance sur la piste car il y’a toujours des gens. Alors, tu ne veux pas décevoir, tu veux montrer que tu cours vite et alors, tu fais une meilleure séance.
Equipe de France 24h : moi, j’essaie toujours de faire au moins une partie de ma séance avec quelqu’un.
Question : Et concernant les stages comme celui que faîtes en ce moment, quelle importance y accordez-vous ?
Driss El Himer : le stage sert avant tout à s’entraider.
Entraîneur équipe de France : sur des épreuves comme le 100km ou le 24h, c’est aussi et surtout le moment opportun pour travailler les ravitaillements et la stratégie de course. Bon ben voilà, on va libérer nos athlètes pour qu’ils soient frais et dispos pour la séance qui les attend demain ! Merci à eux d’avoir répondu à vos questions !
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