Maria Semerjian (team i-Run), a remporté le WE dernier, la première édition des 100 Miles Sud de France à Argelès-sur-Mer en 33h16. C’est l’ariégeois, Sébastien Buffard, qui s’est imposé chez les hommes en 26h54.
Avec un départ vendredi à 15 h de Font-Romeu, cet ultra-trail comptait 399 inscrits au départ, mais seulement 136 franchiront la ligne d’arrivée dont 8 femmes. Maria revient ici sur sa course à travers ce récit.
« Ce 100 miles, c’était mon 2e gros objectif de la saison. Je l’avais reconnu, bien préparé, je me sentais prête pour cette première édition. Et même si au bout je suis super contente de mon classement, 1ère féminine et 9e au scratch, la course ne s’est pas du tout passée comme prévu !
15h : départ vendredi du centre de Font-Romeu sous une météo clémente. Tout va bien, les jeunes athlètes de la section sportive du lycée climatique nous accompagnent sur les premiers kilomètres, je pars assez vite, je me place devant pour tout de suite savoir où se trouvent mes concurrentes ! Valérie Lafitte me double, ok, je la laisse partir, je ne veux pas me griller d’entrée. Le début de la course se déroule sans anicroche, je me sens bien, les premiers cols passent sans souci, je suis même en avance sur mon tableau de marche. La pluie nous surprend en début de nuit sur la montée bien raide du col del Pal. Je ne bronche pas, la première base de vie n’est pas si loin, je pourrais me changer. Mais avant on a droit à une belle descente bien glissante assez peu balisée… J’ai toujours le sourire !
Le petit village de Py, première base de vie, est bien animé à 22h ! Mes amies Sandrine et Alice sont en place, un tee-shirt sec, un bol de soupe, un pointage sur la première qui est repartie avec 10’ d’avance et je m’élance pour la nuit. Je me souviens bien de cette partie superbe de jour, terriblement caillouteuse, qui contourne le Canigou. Je redoute juste le « jardinage » sur le GR10 si les balises sont trop espacées… En fait, tout va super bien. Je suis en confiance, je rattrape et je lâche assez facilement Valérie au refuge de Mariailles, et puis on a composé un mini-groupe de 3 coureurs et c’est pas mal du tout finalement pour passer les difficultés. On s’attend, on se relaie (enfin je suis plutôt devant !!), on discute un peu sur une vingtaine de kilomètres. On arrive sur le beau refuge des Cortalets, on a fait 70 km, il est 3h20 du matin, j’ai toujours 25 minutes d’avance sur mon prévisionnel…
Mais à partir de là, tout va se dérégler !! Dommage !! Je me crispe dans les descentes, je ne relance pas très vite sur les balcons pourtant assez roulants et les 10 km de descente entre Batère et Arles durent bien plus que prévus !! Mais je ne suis pas la seule à être surprise par les temps de passage envisagés : le premier a aussi plusieurs heures de retard sur l’estimation des organisateurs ! Bon, il est 8 h du mat’, j’ai la journée devant moi, je suis déjà dans le top 10, je sais que Valérie ne me talonne pas, il faut que je continue à avancer même si j’ai le moral au fond des chaussettes, j’ai faim, j’ai l’impression d’être une limace !! il me faut changer de stratégie mentale si je ne veux pas subir la 2e moitié de la course…
C’est dur, j’ai le soutien de mon compagnon au bout du fil, de mes amis, de ma famille… mais je rumine beaucoup !! Il n’est pas question que j’arrête : je suis devant, je n’ai pas de blessures, beaucoup me suivent derrière leur ordinateur et l’abandon n’est vraiment pas dans ma philosophie de course !! Mais il faut que j’attende le départ de la dernière base de vie du Perthus pour me dire, ok, là tu vas finir, c’est sûr… ! J’ai branché mes podcasts, j’alterne marche et course au maximum, j’ai mis de côté le chrono, je prends la course kilomètre après kilomètre… A partir du village de Saint-Martin on va finir peu ou prou à 3 coureurs, Lionel Planès, l’organisateur très sympa de la Verticausse et un V2 réunionnais, rompu aux ultra trail mais là qui trouve aussi que les kilomètres ne défilent pas bien vite !
La nuit est retombée sur les crêtes des Albères. De jour c’est magnifique, de nuit, dans le brouillard et sans balisage, ça a failli finir en crise de nerf !! Tout d’un coup je me retrouve seule, engluée dans un épais brouillard, collée à la dernière balise trouvée !! Panique à bord, je fais quoi !!?? Je crie !! « Y’a quelqu’un »?? et oui, deux frontales se retournent à quelques centaines de mètres et me servent de phare !! ouf, je n’ai bizarrement plus mal aux jambes, je « fonce » les rejoindre ! Pas sûre qu’ils n’en perdent pas quelques uns en route le reste de la nuit… Bon, après cette frayeur, reste la dernière difficulté, une descente de la mort ! Un grand n’importe quoi, hyper raide et plein de cailloux, les bâtons nous soulagent bien les quadriceps en feu mais ça ne descend pas vite !!
Enfin, le dernier ravito à La Vall… Il reste 300 m de remontée dans les cailloux avant de basculer vers la mer, tant attendue !! Le parcours finit sur la route, on se motive pour courir encore, on longe le port d’Argeles, quelques badauds nous encouragent et enfin, enfin, l’arche d’arrivée au bout d’une longue, longue ligne droite (en fait on longe la plage mais à minuit et des brouettes, je ne m’en aperçois même pas !!). Je finis donc en 33h16, 1ère féminine, 9e au scratch… Très contente de ce classement ! Avec un peu de recul je relativise ma perf chronométrique car Sébastien Buffard s’impose en 26h54 soit près de 9 heures de plus que ce annoncé par les organisateurs sur le road-book… »
Les résultats complets du 100 Miles SUD DE FRANCE : resultats 100 Miles Sud de France
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