Jérôme Bellanca, athlète toulousain licencié au club de Blagnac et membre du team i-Run, fait partie des heureux élus sélectionnables pour les championnats du Monde de 100 km qui se dérouleront le 21 novembre prochain à Doha. C’est à l’issue du stage préparatoire terminal qui se déroulera à Andrézieux (42) du 19 Octobre au 25 Octobre 2014, que la sélection définitive sera communiquée par le DTN, sur le site internet de la FFA, le 1er novembre 2014.
Avec un titre de champion de France obtenu au 100km de Belvès le 27 Avril 2013 en 6h53’35’‘, Jérôme s’entraîne dur pour préparer ce prochain objectif et porter le plus haut possible les couleurs de la France ! Rencontre avec ce jeune homme rempli de motivation.
Tu es en pleine préparation des mondiaux de 100km, quand as tu appris ta sélection et comment s’est elle faite ?
J’ai du l’apprendre une première fois en début d’année car le manager 100km Homme m’a téléphoné pour me demander si c’était OK pour moi. A l’époque les mondiaux étaient fixés fin Août en Lettonie. Puis annulés et déplacés à Doha (Qatar), ce même manager m’a confirmé juste après les France de 100km le 30 Août dernier que je faisais bien parti du stage de sélection. La sélection définitive sera annoncée juste après ce stage (19-25 Octobre à Andrézieux).
Quand aura lieu ce championnat, connais tu le parcours, tes concurrents principaux ?
Le mondial se tiendra donc à Doha le 21 Novembre prochain. Le départ sera donné à 18h sur un parcours entièrement éclairé car formé d’une seule boucle de 5km. Et oui 20 tours, c’est bien cela !! Facile à calculer …euh à courir cela sera autre chose 🙂
Au point de vue « premier de la classe » sur la distance : Steve Way, un anglais qui vient de faire cette année 2h15 au marathon et 6h19′ au 100km, Jonas Buud suedois, vice champion du monde en titre avec 6h28′, Giorgio Calcaterra, italien double champion du monde en titre et une marque de 6h23′, un inconnu russe qui soit disant l’an dernier en étant seulement espoir a fait à son premier 100km 6h18′. Les américains sont doués aussi dans la discipline et sont capables d’aligner plusieurs gars en 6h30-6h35. D’autres italiens ont de bonnes marques: moins de 6h40. Je ne sais pas si les japonais viennent, mais là y’a des clients (car avec le système japonais, ils sont quasi semi pro). Il va falloir se frayer un passage …
Peux tu nous parler de ta préparation, quelles ont été les grands lignes ?
Comme vous le savez j’ai réglé cet hiver, un soucis majeur qui m’empoisonnait ma vie de coureur (et amplifié par le 100km). Donc la vraie reprise s’est faite fin mai début Juin. J’ai pu reprendre des semaines correctes de footing autour de 80-90km par semaine tout en gardant un gros travail de renforcement musculaire. Puis en Juillet, j’ai redemandé des plans d’entraînement à Ali, mon entraîneur, et directement on a ré-attaqué sur du lourd : mini 150km et travail de fartleck, d’allure seuil etc …
Le mois d’Août fut un mois charnière. Je suis parti en stage une semaine à Font Romeu. Au programme : sortie dans les montagnes sur 6 jours et 11 séances plus tard 210km dans les pattes. Après cela nous avons continué sur deux autres semaines chargées où je doublais un maximum car encore en vacances. Mais l’effet des montagnes (renforcement musculaire + oxygénation) s’est de suite fait sentir. Un petit test le 31 Août venait confirmer cela : marathon de St Girons remporté en 2h27’47.
A partie de là, le gros du travail pour l’objectif pouvait commencer. Je suis en train d’aligner les semaines à 220km avec des footings à 16km/h, des sorties seuil à 17.5 – 18, des fractionnés sur 1000m en 3’15-3’16 de moyenne. En parallèle c’est sortie longue de 3h (47km) à un rythme supérieur à ce que j’ai pu faire sur un 100km et toujours de la musculation, du gainage et un peu de balnéo. En gros, à part mon travail et un peu mes enfants, je suis pleinement dans ma préparation. D’ici 2 semaines je serais en stage avec l’Equipe de France pour une semaine puis il restera 2 semaines de travail et 2 semaines de récup.
As tu un entraineur qui te fait tes plans d’entraînement ?
Je suis au club de Blagnac depuis 2007 et depuis ce temps toujours avec le même entraîneur Ali Belkacem. Il me fait mes plans d’entraînement et il s’est établi un vrai partage car je lui donne mon avis sur certaines séances et un retour par rapport à la distance longue. Du coup ensemble on affine le plan. J’ai totalement confiance en lui et ses conseils.
Au niveau training ; tu t’entraines seul ? Est ce que tu varies les terrains d’entraînement ?
Oui et « malheureusement » je m’entraîne seul (mis à part des footings avec mon frère) car je n’ai pas de séances très appropriées aux autres coureurs. De plus je m’entraîne souvent entre 12h et 14h. De par cette même contrainte, je tourne souvent autour du lac de la Ramée, même si là bas j’y fais chemins et route. Pour ce qui est des sorties vers chez moi, pour les séances rapides je vais souvent sur le bord du canal car plat et sans voitures. Sinon j’ai de la chance d’habiter sur les coteaux donc je peux faire du vallonné. Mais je ne prends pas la voiture pour me rendre sur un autre lieu pour m’entraîner car j’optimise un maximum pour avoir du temps avant ou après pour ma compagne et mes enfants.
Quel est ton objectif le jour J ? Comment appréhendes tu l’épreuve ?
Je suis relativement jeune sur la distance (deux 100km en 2013) mais en évaluant mon potentiel et mes adversaires (euh juste sur leurs résultats), je vise un top 10, et bien sûr en allant le plus haut possible. Je pense que pour une première sélection cela pourra être une grosse satisfaction.
Après un 100km reste un 100km. Rien n’est écrit: dans le bon comme dans le mauvais. Mais je vais y aller le plus sereinement possible. Je me dis à chaque fois que c’est dur en séance, que je me suis tiré d’un mauvais pas cet hiver et que ce n’est que du bonheur maintenant. Je vais porter le maillot avec le petit drapeau tricolore ….
Que redoutes tu le jour J ? et qui ? 😉
Le jour J, c’est toujours pareil quand on n’a pas trop d’expérience sur la distance, il faudra que je me méfie de moi-même. Partir trop vite pour vouloir bien faire et se retrouver en galère en s’écroulant. Je ne suis pas non plus comme ca, j’essaie toujours au fur et à mesure de la préparation d’évaluer mes possibilités mais il y a toujours une part d’incertitude car on flirte avec ses limites. Sur distance longue, ne serait-ce qu’une seconde en plus ou en moins par kilomètre, cela peut changer pas mal de choses. Il ne faudra pas non plus se laisser embarquer par les autres. Sur un mondial, il va y en avoir qui vont partir sur des allures supérieures au record du monde.
Ce que je peux redouter aussi est le vent (je déteste ça) mais pas la chaleur. Les tempêtes de sables à Doha !! On sait jamais ! Et peut être la boucle de 5km. Je pense que cela sera un avantage sur la première partie car on retrouve notre ravitaillement et le staff souvent mais cela peut être un inconvénient sur la fin à force de tourner en rond. L’avantage c’est qu’il va y avoir des coureurs tout le long du parcours (jamais seul). Un autre inconvénient est qu’ils nous font partir à 18h le soir (à cause de la chaleur): même si cela sera bien éclairé car en centre ville, il peut y avoir des choses mal appréciées surtout avec un manque de lucidité.
Alors finalement, que peut on te souhaiter ?
Euh d’être champion du monde !! Non, tout simplement d’être au top le Jour J pour faire la meilleure performance possible. Car ce qui compte énormément pour moi c’est la performance. Je pense que si je suis dans de supers conditions le Jour J, le classement suivra.
Nous te le souhaitons sincèrement ! Merci Jérôme et bonne préparation !
Sylvaine CUSSOT
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