Blottis dans les collines des plateaux du haut Languedoc, il est apaisant, et il est bon pour les neurones de venir s’y oxygéner les dimanches de mi-septembre.
Le village de Murat sur Vébre a su au fil des années faire ressortir le charme d’une petite station basée à proximité d’une chaine de montagne séparant le bassin versant méditerranéen et océanique.
Pour ce faire rien de tel que d’accompagner les visiteurs sur les chemins environnants. Car ici, les disciplines pédestres sont reines. Il n’est qu’à croiser tout au long de l’année les pèlerins de Saint Jacques de Compostelle pour s’en rendre compte. En effet, aux dires de tous, l’étape qui relie St Gervais sur Mare à Murat sur Vébre est la plus jolie mais aussi la plus dure (hormis les étapes pyrénéennes) pour les pèlerins empruntant la « voie d’Arles »,
C’est ainsi que des randonnées sont organisées depuis plusieurs décades maintenant. Au cours de celles-ci, les locaux se sont sculptés des « poumpils » (mollets) en béton. Et, progressivement l’aspect sportif à fait surface et a donné le jour à une course pédestre il y a de cela seize ans.
Les biens nommés « foulée de saint Jacques », ont connu comme toute manifestation de leur âge des hauts et des bas, et pas seulement par le parcours proposé. Mais, les muratés ont tenu à conserver cette épreuve. Après avoir connu le plus faible niveau de participants il y a deux ans, la renaissance de cette course c’est confirmée cette année. Ce sont deux jeunes et talentueux locaux répondant aux prénoms de Cédric et de Lionel qui ont pris les commandes de la manifestation, au grand bonheur de leurs aînés, présents à leur côté pour leur prêter main forte. Cette alliance des générations donnant à l’épreuve une dynamique conviviale recherchée par les coureurs. Il n’était qu’à entendre les commentaires de ceux-ci après la course.
Et côté course on a pu assister à deux épreuves. Une de 6800 mètres nommée les foulées bergères qui a vu la victoire de Yohan GIRABANCAS. Venu en voisin, il faisait fructifier un travail de longue haleine. En effet, il avait terminé deuxième de l’épreuve en 2013, et depuis il avait rajouté deux autres deuxième places à son palmarès. Après avoir tourné autour, il décroche donc le « saint graal ». Cette deuxième place était cette année assurée par le vétéran 3 Salvetois Michel MADARIAGA qui à petite foulées faisait valoir son expérience. Le podium étant complété par Hugo FABRE un jeune cadet.
La course des as était lancée sur les chapeaux de roues, et, dès la sortie du bourg, Lionel GROS aux commandes des opérations creuse les écarts. Après 16 kilomètres, c’est sous les ovations qu’en local et maître d’œuvre de l’organisation, il franchissait la ligne d’arrivée en grand vainqueur. La deuxième place était prise par un vétéran 2, et la troisième par monsieur GRAS (comme le vainqueur mais avec un « a ») toujours souriant et qui lui est dans la catégorie des 40/50 ans. Gros, Gras des noms du cru dans ce haut lieu de la charcuterie. Mais, ne vous y tromper pas leur silhouette est affûtée et leur foulée « Jacquaire ».
Brassage des générations je vous disais du côté de l’organisation, et cela avait certainement donné des idées aux coureurs, car comme vous le constaté les podiums sont intergénérationnels. Mais ce sont les jeunes qui dirigent la manœuvre. L’apéritif était rapidement servi, et au cours de celui-ci la remise des prix était remplit d’émotions lorsque Lionel GROS faisait part du chemin parcouru depuis 16 ans. A noter que lors de la première édition c’était son père qui faisait partie de l’équipe organisatrice, et que lui était dans le top 10, mais en partant de la fin.
Cette « cérémonie » s’est terminée avec les paroles chaleureuses de deux concurrents de plus de 70 ans, lesquels les yeux pleins de rêves faisaient savoir leur plaisir de participer à de telles épreuves. Le moment était alors venu de faire table commune. Grillades avec la saucisse fraiche locale (à volonté), fougasse Murataise, et surtout une merveille de fromage de brebis qui aura alimenté les débats. A savoir s’il s’agissait bien du meilleur fromage de brebis de France et par voie de conséquence du monde. Les festivités se poursuivaient une bonne parti de l’après-midi, et chacun pouvait regagner son domicile le visage éclairé d’une journée « inter-généreusionnelle ».
S’il est une personne à citer pour la réussite de cette épreuve, il s’agit d’André SUC. Après avoir finalisé les inscriptions du jour, il est arrivé tout pimpant sur la ligne de départ. Lui qui a gagné une course de 24h00 avec plus de 200 kilomètres dans les jambes, et qui a accompli avec succès le mythique Paris-Brest-Paris cyclotouriste en 80h00, est toujours aussi prompt à enfiler le short et les baskets pour une escapade dominicale. Celui qui a participé à plusieurs reprises à des émissions telles que « question pour un champion », « des chiffres et des lettres »…, nous prouve une fois de plus que sport et culture font bon ménage. Et, pour qui prend le temps de l’observer, il est évident que ces foulées de St Jacques portent son sceau.
Toujours en retrait, celui que l’on nomme affectueusement « dédé » sait faire émerger le meilleur des personnes qui l’entourent. En humaniste affirmé, celui que j’aime à appeler « la tête et les jambes » a toujours un regard bienveillant pour tous ceux qui ont le plaisir de croiser son chemin. Avec des images pleins la tête, lui qui se surnomme « bossuc » aura ensuite pris sa plume afin de composer un article dont lui seul a le secret, et qui sera une fois de plus ravir les lecteurs des quotidiens midi libre et de la dépêche du midi.
Pour tout cela et bien plus encore merci MONSIEUR SUC .
Stéphane TAILHADES
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