Samedi 30 août 2014, 13h57, passage de Vallorcine. Yaourt, coca et snickers sont avalés sans complexes avant la dernière ascension. Une nouvelle victoire en solitaire se profile. La foulée légère, presque fluette, l’américaine franchie la ligne d’arrivée triomphante. Sourire au lèvres, sautillante, langue tirée pour les photographes, elle affiche une fraîcheur déconcertante. Après s’être révélée au grand public en remportant l’UTMB l’an passé, la jeune traileuse vient de récidiver.
Une jeunesse à l’air des montagnes
Rory Bosio est née en Californie et a fait de la Sierra Nevada, chaîne de hautes montagnes à l’est de l’état, son terrain de jeu favori. Baignée par une enfance au contact de la nature, ella a mêlé course, randonnée et VTT grâce à des parents qui l’ont plus souvent tirée dehors que devant les écrans. L’hiver, la jeune californienne fait ses gammes en ski de fond. Infirmière de profession dans la petite ville de Truckee, Rory Bosio profite d’horaires aménagées et d’un emploi du temps allégé pour pratiquer sa passion.
Elle commence la course nature en milieu scolaire, déjà conquise par le rythme des longues distances. Mais l’étudiante entre pleinement dans ce monde à sa sortie de l’université grâce à Laura Vaughn, une ultra-traileuse de sa région qui l’a prise sous son aile. À 23 ans, elle débute ainsi véritablement sa carrière sportive avec la Silver State 50k, premier succès à la clé.
De son tempérament vif et impétueux, Rory Bosio affiche toujours un large sourire. Son physique laisse dubitatif les plus musclés des traileurs. Fine et longiligne, elle dévale avec aisance les chemins escarpés. S’il y a aussi des moments de souffrance, l’américaine s’amuse et le fait savoir, sans autre ambition que de prendre son pied à l’instar des pionniers du trail outre-atlantique.
Un palmarès déjà fourni
À seulement 30 ans, l’américaine s’est déjà forgé un beau palmarès. Après de multiples places d’honneur sur de petites courses américaines, elle monte sur le podium de la mythique Western States 100 miles (160 Km) en 2012 avec un chrono de 18 heures et rejoint l’équipe The North Face. C’est aussi l’année de sa première épreuve en Europe avec l’UTMB. Dans des conditions dantesques sur un parcours raccourci à 103 km, elle termine 4e féminine.
En 2013, retour gagnant autour du monde blanc où elle frappe un très grand coup : temps supersonique de 22h37 et 7e place au scratch qui l’inscrit dans l’histoire de l’épreuve. Reconnaissance du parcours, stages dans les Alpes, Rory Bosio n’est pas là par hasard. Le 30 août dernier, elle s’est offerte avec la manière une deuxième victoire. Après une nuit difficile, boueuse et pluvieuse, elle a pris la tête de cette édition 2014 à la mi-course pour ne plus la quitter, terminant 14e au scratch avec un temps de 23h23, 1h30 devant sa dauphine, l’espagnole Nuria Picas. Après Elisabeth Hawker et ses 5 couronnes, la voilà désormais reine des Alpes.
Une adepte du Yoga
Nul n’est étranger aux traumatismes que cause la pratique du trail au corps, muscles comme articulations. Rory Bosio a trouvé une solution bien à elle : le yoga. À travers une pratique quotidienne, elle diversifie toutes les formes de la discipline pour en optimiser ses bénéfices. Prévention des blessures, amplitude des mouvements, renforcement du cœur, allongements des muscles, réalignement du dos après une longue sortie, le yoga est devenu un vrai stimulateur de performance et de bien-être pour l’américaine.
Sans oublier un facteur primordial aux adeptes de l’ultra : le mental. Le yoga l’aide ainsi à garder l’esprit positif lors des moments de doute, d’oublier les douleurs pour se concentrer sur la respiration et sur tout ce qui fait de l’ultra-trail une discipline qui la fait vibrer. Car il n’y a aucun doute là-dessus : l’américaine est bien folle de ses montagnes.
Texte : Remi Blomme
Photos : © Trail Endurance Mag, Yves-Marie Quemener, The North Face, Michel Cottin
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