Il y a peu nous parlions de coupure estivale, qu’il fallait envisager pour récupérer de tous ces kilomètres et de ces efforts consentis en compétitions.
Récupérer physiquement, car des indicateurs tels que la fatigue musculaire ou l’épuisement général le nécessitait, et récupérer mentalement pour relâcher la tension, se changer les idées pour se fixer de nouveaux objectifs pour les mois à venir.
Mais la fatigue mentale n’est elle pas déterminante ? On sait très bien que la condition mentale, la motivation, sont des éléments que l’on travaille pour tirer toujours plus de force. Combien d’exploits, tous niveaux confondus, ont pu être réalisés malgré des conditions physiques altérées ?
Prenons un exemple du quotidien. Vous venez d’avoir une journée de travail épuisante, même si votre travail n’est pas physique en soit. Nerveusement, les tensions, les inquiétudes, les problèmes à régler, sont la causes d’une fatigue mentale. Arrivez-vous à produire un entraînement de qualité le soir venu ? De même avec les soucis d’ordres privés ! Les performances et la qualité de vos entraînements s’en trouvent dégradés. Il y a donc bien un lien fort entre la fatigue mentale et la fatigue physique, alors que d’un point de vue physiologique ces deux états n’ont quasiment rien en commun.
Pourtant quand il y a une fatigue mentale, les performances chutent. Des études ont été réalisées pour comprendre tout ça. Avec un protocole où des sujets se voyaient faire un exercice cognitif difficile suivi d’un effort physique, on a pu remarquer que, sans baisse de fréquence cardiaque ou de consommation d’oxygène, la durée de l’effort s’en trouvait amputée. Si on leur demandait de percevoir la difficulté de l’effort, elle était plus importante. Bilan : lorsqu’on est fatigué mentalement, les choses paraissent plus difficiles.
Les efforts d’endurance se trouvent donc altérés par une fatigue mentale. Mais pour les efforts intenses et brefs, des tests ont montré que cela n’avait pas d’influence ! Surprenant direz-vous, mais les résultats sont clairs : les sujets arrivent à recruter normalement toutes les fibres musculaires et à produire un effort à puissance max. Il se pourrait que ces deux domaines dépendent des influences de circuits nerveux différents… A suivre !
La question est de savoir par quel biais la performance physique se trouve diminuée par la fatigue mentale. Des études ont tenté d’analyser les paramètres neuro-physiologiques avec un protocole similaire qu’évoqué précédemment (une pré-fatigue cognitive suivi d’un effort d’endurance), mais rien ne fut trouvé ! Aucun lien. Le résultat était toujours le même : la perception de l’effort amenait les sujets fatigués mentalement à interrompre précocement l’exercice. La question reste ouverte… Un axe concernant les zones d’activités du cerveau pourrait peut être donner plus d’infos, les nouvelles techniques d’analyses aidant.
Ne pas négliger cette fatigue mentale, qui peut être aussi nuisible au quotidien. Eviter toute situation de stress ou de sollicitations avant une compétition. La tête peut aider à faire des miracles, mais encore faut-il avoir un équilibre favorable pour réaliser une bonne performance.
Mathieu BERTOS
D’après une lecture de Sport Et Vie n°145 (Juillet-Août 2014), article : » Un mental à toute épreuve «