Retour sur mon GRP riche en rebondissements. Le GRP c’est surtout une course de cœur car elle passe sur mes terrains d’entrainements. Pour une fois en cette fin août, je suis resté dans les Pyrénées pour courir NOTRE course (et non pas partir courir l’UTMB – CCC comme tous les ans depuis ces derniers années).
Petit rappel 1 : le GRAND RAID DES PYRÉNÉES compte cette années 3 courses : le 160km et 10000m D+ / le 120km et ses 7000m D+ et enfin le 80km et ses 5000m D+ (comptant comme 4e manche des « Skyrunning France series »).
Petit rappel 2 : je suis papa depuis le 13 août d’une petite FLEUR et du coup j’ai une force supplémentaire (et une nouvelle supportrice) qui me porte et me motive pour donner le meilleur de moi-même !
La course (le 80km) rassemble donc un beau plateau de coureurs venus marquer des points dans le cadre de ces « Skyrunning France series » : Julien NAVARRO (Team New Balance) / Michael PASERO (Team New Balance) / Nicolas BOUVIER-GAZ (Team New Balance) / Guillaume BEAUXIS (Team Salomon espoir) / Antoine ALLONGUE (Team Outdoor Paris) / Nicolas MIQUEL (Toulouse) / Claude ESCOTS (Baztandarrak) / Guillaume ALFIERI (Bordeaux)…
Départ à 5h du matin de Vielle-Aure, le samedi 23 août dans une ambiance de folie avec beaucoup de spectateurs. Nous nous retrouvons rapidement à 5 dans les premières rampes de la première difficulté de la journée ( Julien NAVARRO / Michael PASERO / Nicolas BOUVIER-GAZ / Guillaume BEAUXIS). L’allure est bonne et nous gérons notre effort. Nous passons le Col de Portet groupés. Le soleil commence à se lever c’est magnifique car nous dépassons la mer de nuage qui plombait l’atmosphère du petit matin.
Direction le Col du Bastanet à 2400m pour redescendre ensuite vers Artigues au pied du Col du Tourmalet, via les superbes lacs de Greziolles. On domine le grand lac de l’Oule. C’est beau ! Tout à l’heure on repassera par là au retour de notre boucle infernale. Je lève le pied et laisse partir NAVARRO, PASERO et BEAUXIS. La course est longue et tortueuse. Je suis 4e. Il faut vraiment se gérer. La descente sur Artigues est longue de plus de 10km, tortueuse, très glissante et pentue. TOUT CE QUE J’ADORE ! Je descends très mal… mais vraiment très très mal.. je ne m’affole pas puisqu’il reste beaucoup de km à parcourir. Mais derrière plusieurs coureurs me reviennent dessus. Je suis alors 8e. Cela m’agace un peu mais c’est ainsi. Je ne veux pas tomber et me faire mal.
Juste avant le ravitaillement d’Artigues, je tape un cailloux avec la cheville, et notamment ma malléole. Le cailloux était dissimulé sous une grosse touffe d’herbe. Il faut dire que la végétation est luxuriante en cet été humide !!! La douleur est très vive ! je regarde et je vois du sang. Mon pied et tout endoloris et je ne peux pas courir. Je repars en marchant. Je me fait encore doubler. Le moral est au plus bas… tout ça pour ça ! J’arrive à Artigues et passe à l’infirmerie. Ce n’est qu’un gros choc. Donc je décide de repartir en serrant les dents. Je ne vais pas abandonner comme ça… J’ai vécu l’accouchement de Floriane et la souffrance elle l’a domptée… moi c’est rien du tout à côté alors je peux pas baisser les bras. En plus, MES FILLES seront à l’arrivée tout à l’heure… je m’accroche à cette idée. Je pense à Floriane et à Fleur.
Hop, hop, hop, on se bouge ! Je redémarre après un arrêt forcé et me lance dans la 2eme ascension du jour, celle du Pic du Midi de Bigorre. On est au 30e km à peine et je peux encore faire une belle remontée dans le classement. Je suis 10e… pas à ma place… Dans la montée sur le Pic j’aperçois quelques coureurs au loin. Je décide de mettre les bouchées doubles pour revenir dans la course. J’ai été piqué au vif ! Quelques km plus loin, au Col de Sencours je remonte 5 coureurs déjà. Je suis de nouveau 5e. Je suis survolté et en forme. L’ambiance au col est géniale. Il y a du monde. J’ai droit à beaucoup d’encouragements car je suis à domicile.
Je suis de nouveau dans la course. On est à la mi-course. Dans la montée finale sur l’Observatoire du Pic du Midi, je croise les premiers (on fait un Allez-retour au Pic). Les deux premiers de chez New Balance volent… NAVARRO et PASERO sont doués je le savais. Quelques minutes derrières il y a mon copain Guillaume (BEAUXIS). On s’encourage. Il est en forme Guillaume et je lui souhaite de finir sur le podium. En arrivant au sommet je rejoins presque le 4e. Il s’agit de Nicolas MIQUEL. Il a fait une grosse descente tout à l’heure et est revenu sur la tête de course.
Allez-retour et on repart dans la descente. Au col de Sencours on bascule sur l’autre versant vers le prochain ravito à Tournaboup (Barèges). La descente est sèche et plus roulante. Je suis plus à mon aise. Je passe MIQUEL et je suis 4e… incroyable !! il y a moins d’une heure j’ai cru abandonner… et là je suis à la porte du podium… si devant il y a une défaillance, je monte sur la boîte. Je reste concentré. A Tournaboup il y a encore beaucoup de monde. Nous sommes au 50ekm (à moitié Tourmalet sur l’autre versant). Il reste encore plus de 1000m de dénivelé positif à avaler et surtout 2 descentes très pentues et techniques à gérer. La course n’est pas terminée… 30km encore ! Mon staff me ravitaille et m’encourage, le public aussi… c’est génial !! ça booste !!
Je suis toujours en forme et repars assez vite. Le soleil tape fort maintenant. Il est presque 11h du matin. J’ai quelques début de crampes par-ci par-là. Je fais attention à bien boire. Nous nous dirigeons vers la cabane d’Aygues-Rouye. La vallée est magnifique. Nous sommes sur le parcours commun entre les 3 courses. Du coup je double beaucoup de coureurs du 120 et 160km. Ils m’encouragent… mais moi aussi… car c’est eux les champions… moi je ne cours que 80km…eux beaucoup plus ! Arrivée à la Cabane d’Aygues-Rouye, il reste un gros col à passer : la Hourquette nère. LA montée est très pentue et dans la rocaille. Le soleil tape fort. en haut c’est très beau. Beaucoup de lacs. Mais la descente est très technique. On ne peut pas bien courir. Il a des rochers à passer tous les mètres. C’est usant. Il faut être vigilant et concentré car la chute ne pardonnera pas.
On rejoint les bords du Lac de L’Oule. Plusieurs coureurs que je croise me motive en me disant « Allez juju pense à Fleur »… ça me booste. Je commence à accuser le coup !… c’est dur il reste 15km avec un mur de 300m D+ et la grosse descente sur l’arrivée que je redoute. Mes cuisses sont tendues. Arrêt rapide au dernier ravito de Merlans et je plonge sur Vielle-Aure. Il reste 12km et 1400m de dénivelé à descendre. Ca fait mal… on plonge droit dans les pistes de ski. C’est un supplice. Je ne descends pas vite. Je regarde derrière moi pour voir si d’autres coureurs me reviennent dessus. Je ne suis pas à l’abri d’un retour. Mais je pense surtout que tout le monde est cuit… comme moi !
Je déroule ma foulée comme je peux mais je ne suis pas rapide dans cette descente. Je pense que je perd beaucoup de temps… Tant pis il faut arriver en bas. A 2km de l’arrivée, Simon PAILLAT (Endurance Shop LA REUNION) me double. C’est la course… il est bien descendu et a fondu sur moi… Je suis 5e. Derniers hectomètres dans la plaine de Vielle-Aure et je passe la ligne d’arrivée en 10h47… Mon chrono n’est pas terrible… mais je n’ai pas bien descendu. J’ai perdu pas mal de temps aussi avec ma blessure de début de course… alors on va dire que je suis satisfait de ce résultat après toutes ces péripéties. Un 80km c’est court et long à la fois… On a peu de marges de manœuvre (car il faut beaucoup courir et courir vite) mais on peut se rattraper d’un pépin !
Julien NAVARRO remporte de main de maître la course en 9h25, suivi par Mika PASERO et Guigui BEAUXIS… donc 5e je suis pas mécontent. Cerise sur le gâteau, je passe la ligne avec ma petite FLEUR dans les bras… FLOPETT me la donne à 10m de la ligne. C’est un moment si émouvant que je lâche quelques larmes… la pression tombe après tout ce stresse et ces efforts. Je suis content. C’est encore une belle ligne sur mon palmarès.
Julien JORRO
Crédit photos : Yves Marie Quemener, Yann Ilhardoy, Runningmag, Jean Pierre Megias
Les résultats du 80km du GRP : Classement partiel GRP 80 km