Le trail est une discipline difficile. Que celui qui n’a jamais essayé se jette à l’eau pour bien le comprendre ! C’est une somme d’effort et de sacrifices ne serait-ce que pour arriver au bout d’une longue distance où la nature du sol, la pente, le climat changeant sont autant d’éléments qui vous mettront à l’épreuve, vous et votre corps, vous et votre volonté.
Ceux qui prennent ces efforts à la légère sont hors contexte. La première qualité du traileur (et du sportif dans l’ensemble) c’est l’humilité.
L’humilité, car dans la difficulté, vous devez faire face avec vos propres forces. Vous ne pouvez pas feinter. Ces forces vous devez les avoir développées à l’entraînement car sinon vous vous retrouverez démunis. On n’avale pas le dénivelé en sifflotant, on ne descend pas sur des pentes caillouteuses sans s’être maintes fois exercé, on ne gère pas son matériel sans l’avoir utilisé avant …
L’humilité, car aussi fort qu’on se croît être, on pourra passer par divers états de forme en course et il faudra les gérer. La force mentale sera tout aussi importante que la force physique.
L’humilité face à la nature, qui, soumise à une météo capricieuse, peut s’en trouver totalement modifiée et déstabilisante. Le sol peut devenir glissant, l’atmosphère humide et fraîche… Il n’y a pas de règles. Vous devez vous comporter en conséquence.
En connaissance de cause, le 1er bonheur pour tout traileur est de franchir la ligne d’arrivée. Pour tout son investissement, pour avoir dompté les difficultés et les douleurs, pour ce défi réussi et partagé avec la famille ou les amis. Pour certains, tout se goupille bien : la forme est là, elle valide toute la préparation, aucun pépins n’arrivent en course, qu’il soit matériel ou physique voir digestif, ils ouvrent grand les yeux et captent tout ce qui les entoure. Bien sûr, rien ne se fait sans un peu de souffrance, l’épreuve reste exigeante. Si vous faites partie de ceux-là, vous faites partie des heureux. L’aventure se termine, elle a été enrichissante et réussie ! Vous pouvez partagez cette joie et avoir pleins de belles choses à raconter. Les éventuelles quelques photos que vous avez prises vous rappellent de bons souvenirs. Le défi que vous vous étiez fixé a été relevé !
Malheureusement, et c’est là que ce sport est cruel… vous avez beau être préparé plus que jamais, vous pouvez aussi bien être mis hors course et ne jamais arriver au bout, car cette activité d’endurance n’est jamais certaine et totalement maîtrisable. Vous ne pouvez pas savoir si votre corps vous fera des surprises : un coup de froid sur un sommet, une indigestion, une fringale… les jambes ne répondent plus…Tout peut arriver ! Malgré toutes ces heures réalisées sans pépins et sur tous types de terrain, vous pouvez vous fouler la cheville, vous pouvez déraper et chuter… Tout arrive si vite ! Là, c’est la mort dans l’âme que vous stoppez votre effort. Tout ce que vous avez sacrifiés en temps et en argent, tous ces gens qui vous attendaient sur la ligne, qui ont suivi votre progression sur internet… Quelques fois il y a des erreurs qui sont commises et l’important c’est d’en tirer des leçons. Mais on peut être stoppé par des choses que l’on ne peut prévoir, auxquelles on n’y peut rien.
On est difficilement consolable tant la déception est grande. Il faut « en vouloir » pour être traileur ! Se préparer tant et plus tout en sachant qu’il y a des chances que cela ne passe pas pour des raisons qu’on ne peut gérer ! … Le corps doit être fort et le mental aussi, pour parer aussi à toute éventualité. Pourvu qu’on fasse partie des heureux…!
Mathieu BERTOS