23 médailles, dont 9 en or … Du jamais vu en équipe de France d’athlétisme ! Ces championnats d’Europe de Zurich ont été un véritable succès pour les bleus. Tous les domaines (courses, sauts, lancers, relais) ont été récompensés de médailles ! Revenons jour après jour sur ces magnifiques moments.
Cette semaine a démarré fort, dès la première finale du jour programmée, le 10 000m féminin. Ce fut une course d’attente jusqu’à ce que Clémence Calvin remue le cocotier dans le dernier kilomètre. Seule Jo Pavey a pu l’accrocher, et même la battre dans un superbe finish ! On peut être vétéran (40 ans) et performante, Jo Pavey l’a montré, mais Clémence Calvin est dans ses premières foulées à ce niveau et confirme la progression de ces derniers mois, suivie par une belle 3è place pour Laïla Traby dans sa plus belle forme à 35 ans.
Au deuxième soir, c’est la consécration de la meilleure sauteuse du moment. Eloyse Lesueur, championne du monde indoor, vainqueur de nombreux concours cette année, sort un saut victorieux à 6m85 ! Manifestement, notre championne semble avoir les 7m au bout de son magnifique ciseau aérien. Son titre confirme une fois de plus sa place au plus haut niveau. Elle peut être fière !
Sur le 100m femme, on sent que Myriam Soumaré va avoir fort à faire avec la néerlandaise Schippers, qui possède une technique impeccable et une belle sérénité. Ça ne se dément pas en finale, gagnée par Schippers en 11″12, 11″16 pour Myriam qui a tout donné… Cette coureuse, c’est du costaud, mais la déception de la française est grande… Rendez-vous pris sur le 200m !
Une autre française veut à tout pris la victoire sur le 100m haies. Cindy Billaud, record de France égalé il y a peu, a faim. Mais Tiffany Porter la britannique va venir contrarier ses plans. 12″76 contre 12″79 en finale, c’était serré ! Les deux filles sont incontestablement du niveau mondial, mais seule la première place est belle pour ces coureuses, et Cindy ne peut retenir une immense déception… Il y aura un jour de la revanche dans l’air !
Ce même soir on sent que Christophe Lemaître, bien qu’il ne soit pas favori, peut faire quelque chose sur le 100m. On sait son potentiel. Mais en la personne de James Dasaolu, il trouve un concurrent solide partant et son retour n’y fera rien, Christophe est second et déçu. Le 200m est sa distance, on l’entend aussi bien placé, ou mieux !
Le lendemain, finale du triple saut. Yoan Rapinier et Benjamin Compaoré se sont qualifiés au dernier saut. Mais au vu de leurs records, la médaille est envisageable. Compaoré, dès le premier saut, met tout le monde d’accord : le saut est propre et il retombe à 17m45, record personne! ! Aucun sauteur ne pourra faire mieux ! En l’absence de Teddy Tamgho, Benjamin montre qu’il est lui aussi capable du meilleur au niveau international.
3000m steeple homme. Mahiedine Mekhissi semble intouchable. Yoann Kowal peut accrocher une belle place. La finale est plutôt tactique, et quand le patron Mekhissi prend les devants, personne ne peut résister à son accélération ! Alors qu’il va l’emporter, il retire son maillot pour fêter sa victoire… A l’arrivée un juge lui met un carton jaune, normal. Yoann Kowal produit un superbe finish et double le polonais sur la dernière barrière et vient prendre l’argent, fruit d’un énorme travail ! Mais l’Espagne porte plainte, et les juges…se déjugent ! Mekhissi est éliminé, le vainqueur est un Kowal bien embêté par l’affaire, l’espagnol Mullera, 4è, récupère de façon assez anti-sportive le bronze… L’esprit sportif s’en trouve un peu bousculé. Mahiedine doit se remettre pour participer au 1500m.
Alors qu’on attend une domination de Pascal Martinot-Lagarde sur le 110m haies, c’est Shubenkov qui l’emporte alors que PML loupe sa finale, touchant beaucoup de haies. Il finira 4è. Bascou sort une belle course et emporte le bronze… Mais il a empiété sur le couloir intérieur, ce qui est interdit. Eliminé, c’est PML qui emporte le bronze. Ce soir, les coureurs passent par toutes les émotions, mais prennent à coup sûr en expérience !
Vendredi, c’est l’heure de Yohann Diniz. Le temps est pluvieux, ce qui rappelle son 1er titre européen en 2006. Deux russes prennent les devants. Yohann va réagir et les rejoindre, puis enchaîner. Rhyzov est seul à le suivre. Alors qu’il connaît quelques désagréments physiques, l’allure ne faiblit pas. Le russe mène, mais se met à la faute, et Yohann s’en va… Définitivement ! L’allure est folle ! Plus de 14kmH, passage en 2h59 au marathon, c’est tout simplement le record du monde qui est explosé sur la ligne, franchie avec rage et drapeau en mains, notre marcheur a sorti le grand jeu et rentre dans l’historie… quelle sensation ! 3h32’33 de souffrance et de bonheur !
Sur le 800m, on se dit que ça va être une formalité pour Pierre Ambroise Bosse. 2s d’avance au bilan, c’est un gouffre. Menant la course d’entrée, sa stratégie est claire : décrocher ses adversaires. Mais il semble à bout, et se fait passer par tout le peloton dans la dernière ligne droite… PAB n’est pas champion. Il avouera « avoir flippé comme un cadet ». Assez étrangement, il est encore essoufflé 15 min après pour les interviews… Une expérience de plus à prendre à 22 ans seulement !
L’heure est venue pour Myriam Soumaré de prendre sa revanche sur le 200m. Mais de revanche il n’y aura pas. Dafné Schippers sort une grosse course de niveau mondial : 22″03 ! Un chrono digne… d’une championne olympique ! Les américaines et jamaïcaines ont une nouvelle adversaire. Myriam réalise pourtant une belle course (22″58) mais se fait passer par Jodie Williams la britannique. Elle est inconsolable… Mais pas de quoi rougir, son comportement est exemplaire !
Christophe Lemaître a réalisé 20″06 cette année, ce qui est le meilleur temps européen. En finale du 200m, il prend un bon départ. Mais Gemili, avec des chronos au delà des 20″20 cette année, réalise son meilleur 200m de sa vie. Du départ jusqu’au bout de la ligne droite, il boucle la course en 19″98 ! Christophe est en 20″15… Déçu, il sent qu’il n’est pas à son top niveau. On l’espère un jour de retour sur la trace de ses 19″80, mais que doit-il changer…?
Le marathon est rarement à l’honneur en championnat du côté français. Sur l’épreuve femme, Christelle Daunay est aux avant-postes. La course est d’abord menée par une triathlète suisse, mais ce sera Straneo l’italienne vice championne du monde qui fera la différence. Daunay est la seule à suivre. On sent sa stratégie mise au point. La portugaise Augusto est 3è à contre temps. Dans le final, Christelle partira dans la descente, et emporte un magnifique marathon (quoi que pluvieux et très compliqué) en 2h25’14, qui aurait été sans doute un record de France ! Pour bientôt peut être ? La française, bientôt 40 ans, sait se préparer, elle l’a prouvé encore une fois avec ce beau titre !
Sur le saut à la perche, on n’attendait personne d’autre que Renaud Lavillenie. Avec 5m90, il survole encore le concours ! Pas de barre des 6m effacée, mais une émotion non contenue qui montre tout le chemin parcouru et les efforts consentis… Sur ce concours, une autre médaille bleue, celle de Kevin Ménaldo, vient étoiler le ciel français déjà bien brillant ! 5m70, c’est le bronze bien mérité !
C’est le tour de Mélina Robert-Michon au disque. Brillante 2è des derniers mondiaux, la française est désormais reconnue comme faisant partie du top niveau en lancer du disque. Mais la concurrence est rude. La jeune croate Perkovic est intouchable (71m08) Derrière ça se joue à quelques centimètres. Jusqu’à ce que Mélina sorte un magnifique jet ! 65m33, c’est l’argent pour notre française, qui confirme comme aux mondiaux derrière la meilleure lanceuse actuelle ! Bravo !
Les français sur le marathon auront des fortunes diverses. Le meilleur d’entre eux est Meftah, 6è en 2h13. La France est tout de même 2è par équipe de peu. Malaty, ayant subi quelques soucis physiques, parlera d’un parcours « extrêmement dur », ce qui semblait évident au vu de tous ces virages en épingles et ces bosses (250m à 10%, à passer 4 fois) et de l’état de fraîcheur des coureurs à l’arrivée, avec pas mal d’abandons.
Mahiedine est de retour sur le 1500m. Son coach et Mehdi Baala, entre autres, ont pu le raisonner. La course est lente, tactique, il y a beaucoup de mouvements pour se placer. Dans l’emballage, un coureur se blessera à la cuisse, deux ou trois autres chuteront. Mahiedine part à l’extérieur et ne laisse aucune chance aux adversaires, produisant un effort hallucinant dans la ligne droite opposée ! On le sent enragé ! 52s au dernier 400m, en célébrant sa victoire la moitié du dernier 100m… Le patron, il l’a prouvé, c’est bien lui !! Yoann Kowal peut savourer avec plus de quiétude sa médaille du steeple.
Nous ne sommes pas remis que nous assistons à un 2è exploit. Le relais 4 x 400m féminin ne semble pas être favori. Les filles sont pourtant dans l’allure. Marie Gayot et Muriel Hurtis placent idéalement le relais. Mais les filles ont 15m de retard sur les 3 filles qui sont devant. Dans le dernier virage, on sent un rapproché de Floria Gueï. En craquant aux avant-postes, la médaille est possible. Mais Floria glisse sur le tartant alors que les autres sont comme embourbées… Elle passe toutes les filles en revue dans un effort superbe et prend sur la ligne la première place ! Les observateurs ont évalué sont 400m en 49″71… son record aurait été atomisé, quelle course ! Les hommes feront 4è sur le fil.
Le saut en longueur homme est dominé par l’anglais Rutherford. Kafétien Gomis, avec 2 planches mordues, il est dans le dur. Mais un bond à 8m13 lui vaut la médaille de bronze ! Superbe ! Un autre saut, à 8m14, le place à 1 cm de l’argent, mais le français est heureux, et on l’est aussi !
Deux médailles de plus vont venir sur les relais 4 x 100m. Les hommes seront 3è, avec une course propre mais avec peu de risques pris sur les transmissions. Christophe Lemaître, à 24 ans, devient l’athlète le plus médaillé dans cette compétition avec 7 médailles ! Chapeau ! Les filles avaient les crocs. Bien lancées, elles ne seront pourtant pas au contact des britanniques dans le dernier passage, mais obtiendront l’argent, belle couleur.
Un mot spécial pour le décathlon homme et l’heptathlon femme. Kevin Mayer, très bien placé sur la plupart des épreuves, a été obtenir sa médaille d’argent, à seulement 22 ans, grâce à la dernière épreuve, le 1500m, aidé par son coéquipier français, tandis que Querin remportait la course. Ces épreuves font aussi la place à un travail d’équipe, bel esprit ! Chez les femmes, c’est le titre, le second, pour Antoinette Nana-Djimou, qui l’obtiendra elle aussi sur la dernière course (le 800m), où elle a emboîté le pas de la meilleure spécialiste, battant son record et se surpassant pour obtenir le titre.
Que de belles émotions cette année et que de réussite ! On se dit vraiment que l’athlétisme est le plus beau des sports … !
Mathieu BERTOS
Photos : european athletics, letelegramme.fr, ledauphine.com, metronews.fr, lexpress.fr, lequipe.fr
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