Connue pour ses plages de sable blanc et son lagon, l’île Maurice peut également être un fabuleux terrain de jeu de trail. La preuve avec la septième édition du Ferney Trail qui s’est tenue le 9 août dernier. La technicité du parcours et les conditions de course ont fait de l’épreuve une superbe aventure.
Située au sud-est de l’île Maurice, la vallée de Ferney est un joli trou verdure où coulent des rivières, pousse une végétation luxuriante où nichent des oiseaux endémiques et où se croisent cerfs et cochons sauvages… Les Mauriciens courent aussi depuis sept ans dans cet endroit paradisiaque dans le cadre du Ferney Trail organisé par le Groupe Ciel (22 000 employés à l’île Maurice dans les secteurs diversifiés du textile, du tourisme avec ses hôtels des groupes Sun Resort Limited et Anahita), de l’immobilier, de la banque et de l’agro-industrie).
Un Ferney Trail qui cherche un peu sa voie depuis sa naissance. Entendez par là qu’Amélie Audibert, l’organisatrice en chef, et Patrice De Coriolis, son directeur de course, n’ont eu de cesse de trouver la bonne formule, les bons parcours afin que leur évènement continue à grandir de belle manière.
Un parcours surprenant
Ainsi le 9 août dernier, pour la première fois, quatre courses figuraient au programme de la journée. La petite nouvelle, le 4 km ouvert aux jeunes et aux familles, le 10 km et ses 1 100 inscrits, le 17 km (685 m D+) qui a réuni 400 concurrents, mais surtout le 35 km et ses 1 950 m D+.
Ceux qui avaient goûté à cette aventure Ferney Trail par le passé et annoncé que le parcours était roulant avec de longues montées sur de larges chemins, ont été plus que surpris lors de cette 7e édition. A commencer par le Réunionnais Jean-Eddy Lauret, le tenant du titre, auteur de 2h37 sur les 32 km de la cuvée 2013. «Cela m’a vraiment surpris ; ça ne redevenait jamais complètement roulant. Même à 4 km de l’arrivée, alors que je me disais que ça allait s’arrêter de monter, ils en ont remis une », s’est ainsi exprimé le poulain de Jean-Jacques Prianon (le formateur de Raymond Fontaine et premier international de l’histoire de l’athlétisme réunionnais dans les années 70 !) à l’arrivée après une seconde victoire acquise en 3h32’59.
Montées « tape-culs » et descentes glissantes
Le Petite-Ilois a souffert dans ces montagnes russes dans l’océan Indien. Comme son dauphin et camarade d’entraînement René-Paul Vitry (3h42’20) en pleine préparation pour son premier Grand Raid ou le troisième Réunionnais du podium Johnny Olivar (3h48’15).
Touchée à l’épaule gauche avant le départ, la première féminine, la Réunionnaise Cécile Ciman, 14e au scratch (4h51’10) après avoir abordé chaque descente avec le frein à main, le seul bras droit pour s’appuyer sur les arbres, a également trouvé le tracé sélectif. « Je ne m’attendais pas à cela. C’était technique, ludique. C’est même la première fois de ma vie que je cours dans une rivière », a ainsi commenté la quatrième du Grand Raid 2013 et future ambassadrice du team WAA dans l’océan Indien,.
A dire vrai, avec ce parcours 2014, le Ferney Trail a marqué les esprits. Comme a su le faire le Dodo Trail disputé un mois plus tôt dans le Sud de l’île. « Maurice » offre en réalité des terrains de jeu spécifiques avec des montées « tape-culs » (courtes et pentues) qu’on ne retrouve nulle part ailleurs dans la zone. Les Réunionnais ont été surpris. A les écouter, ils reviendront avec joie néanmoins car, malgré la difficulté, ils ont littéralement « kiffé » ces incessants changements de rythme, ces détours dans les sous-bois, ces grimpettes larges sans tracé précis où il a fallu faire preuve de lucidité pour trouver le chemin le plus adapté à sa morphologie, à sa forme de l’instant.
Rendez-vous le 6 septembre 2015
Le tout dans des conditions dignes d’un mois de novembre pluvieux. Le Ferney 2014 a ainsi ressemblé à un véritable trail-cross suite aux fortes pluies de la semaine précédente. Ce qui a encore compliqué les choses, notamment dans les descentes où les glissades ont été nombreuses. Ces sentiers « zépaule » , dixit un local, expression née des conséquences que pourrait avoir une lourde chute, ont au fil des kilomètres pesé dans les jambes, dans les têtes aussi, notamment dans la longue ascension des monts Gingembre et Pull Over puis dans une épuisante portion en dévers. Mais le jeu en valait la chandelle avec, aux sommets, des points de vue à couper le souffle sur le lagon parfois, sur les grandes pleines mauriciennes souvent…
Connue pour ses plages de sable blanc et son lagon, l’île Maurice vaut assurément également le détour par ses sentiers, par sa vallée de Ferney et son trail éponyme. En 2015, la course sera placée au calendrier de la Ligue de Trail locale (douze courses dans l’année) à la date du 6 septembre. « La participation extérieure s’accroit chaque année. On vise une participation sud-africaine (un partenariat avec une chaîne de télévision Sud’Af a été mis en 2014) et européenne, tout en voulant offrir l’occasion aux Mauriciens de découvrir cette vallée (terrain privé, celle-ci est fermée tout au long de l’année). Nous voulons que ce soit un fête pour tout le monde (avec garderie pour les parents qui courent) », conclut une Amélie Audibert, le regard tournée vers un sommet encore non exploré. « L’an prochain, on pourrait passer là-haut sur le trail long», sourit-elle.
On s’imagine déjà les mains sur les cuisses, le regard tourné vers la prochaine balise jaune avec l’envie et la motivation d’en prendre plein les yeux une fois arrivé en haut…
Luc Bizouerne
Crédit photos L. Garcia et S. Fuller
Plus d’informations et résultats : FERNEY TRAIL