Certains vous diront que le fond français manque cruellement d’athlètes. C’est vrai. Mais lorsque la délégation française emmène dans ses bagages trois fondeuses de talent, ce n’est pas pour une simple figuration.
En s’offrant avec panache une 2e et 3e place aux championnats d’Europe de Zurich, Clémence Calvin et Laila Traby ont prouvé que les françaises pouvaient relancer un palmarès international à la peine.
Une équipe française à trois visages
> Sophie Duarte, 33 ans
Après le 3000m Steeple, la toulousaine retrouve la piste en grands championnats pour une toute autre distance.
Encore néophyte sur 10 000m, Sophie Duarte dispose d’un beau potentiel prouvé par un hiver détonnant (championne d’Europe de cross et record sur 10 Km en 31’53) et aura une carte à jouer dans les années à venir, que ce soit sur cette distance ou sur marathon.
> Laila Traby, 35 ans
L’ex-marocaine est peu connue du grand public. Mais depuis son retour à la compétition en 2012, la mère de deux enfants s’est brillamment illustrée sur les championnats (titre aux France de Cross et de 5000m cette année).
Ancienne coureuse de 800m, elle aura souvent l’occasion de créer la surprise et se positionne comme l’un des piliers de l’équipe de France de fond.
> Clémence Calvin, 24 ans
En 2014, la talentueuse fondeuse du SCO Sainte-Marguerite a franchi un cap sur la piste après de nombreuses victoires dans les catégories jeunes.
Record sur 5000m explosé (15’07), victoire à la Coupe d’Europe de 10 000m (31’52), championne de France de 1500m, Clémence Calvin n’avait plus qu’à concrétiser sa saison d’exception sur son premier grand rendez-vous international.
Une course pour les finisseuses
Comme le veut bien souvent l’effervescence des grands stades, les premiers kilomètres sont lancés sur un train de sénateur. Une course d’attente qui s’annonce déjà favorable aux plus rapides des engagées. Le peloton est très homogène et compact, à l’image du temps de référence des participantes qui ne dégage aucune favorite. Chacun se place, remonte, s’insère dans le peloton pour garder le rythme. Les françaises sont prudentes, prennent l’extérieur pour éviter les bousculades, se suivent comme pour garder des repères dans l’enceinte zurichoise.
La course est partie sur un rythme de 32’50. Personne n’ira se risquer à se détacher au train et il faudra attendre le dernier kilomètre pour voir les choses s’affoler. Les visages se crispent, la tête s’impatiente, la fatigue se fait ressentir. Trop pour Sophie Duarte qui lâche prise. À 2 km de l’arrivée, Clémence Calvin prend les devants, suivie par la britannique Jo Pavey. La portugaise Sara Moreira et Laila Traby sont en embuscade. Calvin maintient un rythme soutenu mais ne peut résister à l’accélération foudroyante de Pavey qui prend définitivement l’avantage au son de cloche. Derrière, Laila Traby récupère la 3e place laissée par la portugaise à bout de souffle. Pavey s’impose finalement en 32’22’’39 devant Clémence Calvin (32’23’58) et Laila Traby (32’26’’03) qui ont su jouer avec leur bonne pointe de vitesse. Une course solide qui nous a fait vibrer derrière le petit écran. Le compteur de médailles peut s’ouvrir pour la France avec deux belles médailles…
Un bilan plein d’espoir
La victoire de la britannique Jo Pavey, 40 ans, résonne comme un message aux athlètes françaises. Celui qui laisse entendre que l’âge n’est pas un frein à la performance. Dire qu’un renouveau du fond féminin est en marche serait un bien grand mot, mais les quelques pépites qui trônent sur les hauteurs des bilans nationaux ont tout l’avenir devant elles pour réaliser de belles choses. Zurich s’inscrit comme une récompense méritée pour le fond français, concrétisation des excellentes performances du début de saison.
Rémi Blomme
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