Raccrocher un dossard 15 jours après ces 73km au Luchon Aneto Trail me paraissait plutôt ambitieux … Mais tenter de faire le trail des 2 lacs en l’intégrant à la prépa CCC dans le but de retrouver du rythme, pouvait s’envisager !
Le stage « Asics Family » étant planifié à La Plagne la semaine précédant l’évènement, quelques coureurs du team étaient au départ de cette célèbre Course des Géants : la 6000D ! 63km et plus de 3000m de dénivelé positif, encore un beau chantier mais (même si ça fait très envie), auquel il n’aurait pas été sérieux pour ma part de m’y frotter … Parallèlement à cette épreuve, une distance plus raisonnable, le trail des 2 lacs qui compte 22km et 1100m de dénivelé positif. Je sais pertinemment que je ne serais pas au top sur cette course, mais l’objectif n’étant pas de faire une performance, mais de participer à un bel événement, de le partager avec toute l’équipe et de continuer le travail pour ce grand RDV qui m’attend fin août à Chamonix.
Alors ok, allons y pour cette balade de 22km samedi 26 juillet à la Plagne ! Même topo pour Manu, qui décide finalement de se lancer sur la 6000D. Top départ à 6h pour les coureurs de la 6000D, à 8h30 pour ceux du trail des deux lacs. Record de participation cette année, tous les dossards ont trouvé preneurs ! Ils seront presque 1500 sur cette course des Géants et nous sommes plus de 800 sur les deux lacs. Le plateau annoncé est costaud, ça risque d’aller très vite … Juliette Benedicto, Elisa Bollogeon, Stéphanie Duc, ou encore Elise Poncet. On fera avec les conditions du moment de toute façon.
Le réveil sonne à 3h45 pour Manu qui quitte l’appartement de notre résidence à 4h45 (précisons quand même qu’il était encore à checker ses ravitos à 23h la veille …!). Je tente tant bien que mal de me rendormir jusqu’à 5h30 mais je me lève : FATIGUÉE ! Avec, j’avoue, un léger manque de motivation ! Bon cela fait aussi une semaine que j’enchaîne les petites nuits, ça n’aide pas. Petit train-train habituel d’avant-course et je réveille les enfants à 7h30 pour les emmener dans la foulée chez la famille SAINT GIRONS qui s’est proposée de les garder pendant la course : merci Fabienne ! Entre temps, je prends des nouvelles de la 6000D, j’apprends que le parcours a été modifié et que les coureurs ne passeront pas au glacier (conditions climatiques trop mauvaises), et j’apprends aussi malheureusement que Manu n’est pas dans un bon jour. Mince alors ! Positivons, ça peut toujours évoluer dans le bon sens d’ici l’arrivée … En attendant, il faut quand même que je me bouge pour aller vers le départ, il est 8h.
Le profil de la course nécessite un bon échauffement : on démarre droit dans le pentu ! Je m’y attèle donc sérieusement une fois arrivée à Plagne Bellecôte, lieu du départ et de l’arrivée. Il pleut, il fait frais, le ciel est gris-triste et bien chargé, le terrain risque d’être glissant, il va falloir faire attention aux glissades. Cécile Bertin ne semble pas beaucoup plus motivée que moi, mais je croise Juliette Benedicto et Stéphanie Duc qui sont elles, bien concentrées !! 8h30, nous sommes rassemblés sous l’arche, le départ est donné. C’est la cohue ! A peine 10m après le coup de feu, nous sommes déjà dans la première pente et le passage n’est pas bien large. Je passe mon tour sur cette fois là et laisse partir, je n’aime pas bien jouer des coudes et de toute façon je sens de suite que ça va être difficile : je suis complètement asphyxiée et j’ai deux poteaux à la place des jambes …Et bien, ça va être long !
Un long sentier en serpentins nous emmène au sommet de la première ascension 3km plus loin : le Dou du Praz. J’ai compté au moins 9 filles devant moi (avec ce parcours en zigzag, c’était assez facile de se faire une idée), mais je ne pourrais pas lutter aujourd’hui je crois ! J’ai cependant gardé un rythme de course régulier depuis le départ, que j’espère bien pouvoir tenir. Je sens clairement que je suis limitée en vitesse mais je ne me sens pas non plus complètement à la rue. On verra comment tout cela va évoluer … Une courte portion de replat nous permet ensuite de souffler et surtout de bien relancer ! J’en profite pour prendre de grandes inspirations, baisser les bras et tenter de recoller la féminine devant moi. Je la double, elle n’apprécie pas et accélère pour repasser. Ok, elle ne perd rien pour attendre Madame Salomon ! 😉 (elle avait la tenue complète). Elle est encouragée par son homme qui la motive sans arrêt. Rien ne sert de s’emballer ici, il reste quelques kilomètres pour une nouvelle tentative …!
J’aperçois Guillaume d’Isostar et parviens à le recoller dans l’ascension. J’ai l’impression que tout le monde m’entend respirer tellement je souffle fort ! Je suis certaine que Guillaume confirmera … Il me demande comment ça va, je lui réponds « moyen moyen, mais on va essayer d’aller au bout ». Lui semble plutôt bien, il me repasse d’ailleurs un peu plus loin (mais j’aurais repassé entre temps la coureuse Salomon). Le parcours se rétrécit et devient de plus en plus difficilement courable. Je finis par me résigner : je passe en mode marche, mains sur les cuisses, on appuie ! Nous avons rejoint les coureurs de la 6000D et atteignons le premier lac (Lac des Blanchets), superbe paysage ici ! S’en suit une belle montée dans un single étroit, pas simple de doubler. J’alterne marche/course jusqu’au sommet. Un spectateur m’annonce 10ème femme.
Le parcours se poursuit en faux-plat montant sur des petits sentiers en single vraiment sympas, que nous quittons finalement pour rejoindre une piste plus large. Toujours en montée ! Cette large route de 4×4 nous mène jusqu’au sommet de cette longue première belle ascension qui aura duré presque 10km avec 800m de dénivelé positif : la Roche de Mio. Je suis à 1h10 de course, j’ai redoublé une autre féminine avant d’arriver au sommet. Elle marchait, j’ai réussi à garder un rythme en petites foulées de course. Le brouillard est devenu épais, et nous ne voyons pas grand chose à plus de 50m … J’entends des encouragements d’une voix que je connais : « allez Sissi !!! » Ah génial, ce sont les enfants, Benjamin et Clémentine avec Fabienne, la femme de Thomas Saint Girons, ses enfants, et Sophie, la femme de Franck Bussière avec ses enfants aussi. Ils devaient nous attendre au Col de la Chiaupe, point du premier ravitaillement, mais il a finalement été fermé aux spectateurs et l’assistance a été autorisée exceptionnellement ici. Benji me tend un bidon (comme prévu), je l’attrape ! Un coucou à tous et je repars, ça descend, j’en profite pour allonger la foulée et essayer de rattraper le temps perdu (mais je crois que c’est trop tard).
Jusqu’au Col de la Chiaupe, c’est très propre au sol, ça va vite ! Passé le point de ravitaillement (merci à Sylvie, l’organisatrice du Trail de Gruissan), le sentier devient plus technique et engagé, il faut être un peu plus vigilant. J’ai avalé un Gel Isostar Actifood, il passe bien. Juste avant d’arriver en bas de la descente (environ 3km et 500m de dénivelé négatif plus loin), je retrouve Manu ! Oh quelle surprise ! Je suis contente de le voir mais je sais aussi ce que cela veut dire … Je prends le temps de ralentir pour prendre de ses nouvelles. « Ça le fait pas ? » Il a eu mal au ventre tout le début de course et a été vraiment mal le pauvre. Il me prévient qu’il a pris le décision d’abandonner à Plagne Bellecôte (lieu de notre arrivée). Mais il va beaucoup mieux que tout à l’heure, il me rassure, je n’ai pas à m’inquiéter. Je reprends donc ma route (les deux lacs part à gauche, la 6000D à droite) après un bisou de réconfort (on se fait, au passage, bien taquiner par le signaleur qui assiste du coup à toute la scène ! ;-)).
Je sens que la forme commence à revenir et j’arrive à garder une allure qui me paraît beaucoup plus convenable ! Retour sur une belle partie de faux plat légèrement montant jusqu’au Dérochoir. Toujours en single technique (qui nous oblige à rester les uns derrière les autres), vraiment agréable. Nous sommes un petit groupe de 4/5 coureurs, j’ai l’impression que ça trépigne derrière moi. Je demande : « vous voulez passer ? » Il me répond : « Non non, c’est bon, l’allure me va bien ! » 16ème kilomètre, le chalet du Carroley, nous voilà arrivés au second ravitaillement. Sachant que rien n’est jouable niveau classement (logiquement je suis dans les environs de la 10ème place toujours), je me lance un autre défi : améliorer mon chrono de 5 minutes par rapport à la dernière fois où j’avais fait cette course, en 2012. J’avais mis 2h31 avec des conditions plus faciles. Je dois donc rentrer dans les 2h26. Je fais le calcul rapido dans ma tête : encore 5km et 300mD+ à grimper. Je suis à 1h52 de course. Wouah, faut pas trainer quoi, surtout avec la dernière ascension qui nous attend. Ok, défi lancé !
Du coup, je ne m’arrête pas au ravitaillement et me jette dans la montée vers le lac du Carroley (le second et qui justifie donc le nom donné à cette course). Je connais très bien la fin du parcours puisque nous l’avons fait en rando avec les enfants et le team l’avant veille. Il reste un dernier bon gros dernier effort pour grimper jusqu’au Col de l’Arpette à plus de 2300m d’altitude. Elle est costaud cette dernière mais je ne lâche rien, je pense au défi ! 😉 Impossible de courir là dedans, j’essaye de marcher le plus vite possible en restant branchée à ma Suunto. 2h12 au sommet, un coucou à Thierry (organisateur du Gruissan Phoebus Trail), je respire un grand coup : 17km600, j’ai donc 14′ pour arriver en bas et descendre ces 3km400. Outch ! Pas de temps à perdre, je dévale la pente sans réfléchir, avec des foulées les plus larges possible ! Bon ok, j’ai pris un maximum de risques … Le sol est humide, boueux, parfois glissants, et instables mais je suis super concentrée sur mes appuis. Je double plusieurs coureurs qui doivent me prendre pour une folle furieuse !
J’aperçois la station de Belle Plagne (merci à la famille Lorblanchet pour les encouragements !) que nous traversons. Il y a de plus en plus de monde, super ambiance ! Dernière descente vers l’arrivée, Plagne Bellecôte. A bloc ! Un coup d’oeil au chrono, 3’40 au kilo, je suis toujours dans le timing, énorme ! J’ai doublé plusieurs coureurs mais aucune coureuse, dommage pour moi … De nombreuses personnes sur le côté encouragent chaleureusement, merci à eux, ça porte, c’est juste extra ! L’arche d’arrivée est désormais visible, 2h25, ça va le faire ! Et banco, je passe la ligne en 2h26 (11ème femme et 96ème au scratch) bien contente d’avoir réussi à relever mon propre challenge malgré des sensations de course horribles sur la première partie. Cette contre performance était prévisible, et je n’en attendais pas mieux dans ces conditions de fatigue. On va dire que j’ai fait du bon boulot pour la suite de la prépa CCC ! 🙂
Un grand coup de chapeau à l’équipe organisatrice qui s’est démenée pour organiser un super parcours de repli au dernier moment … !
Sylvaine CUSSOT
Photos : Olivier Gui/Sylvain Delaissez
Les résultats de la 6000D 2014 :
classement-scratch-6Decouverte
classement-scratch-6000D
classement-scratch-Trail-des-2-Lacs