L’une des courses les plus difficiles que j’ai couru, de part sa longueur, associée à une grosse technicité, une météo dantesque, 2 cols à 2500m et un passage à 3010m d’altitude au Pic de Mulleres en Espagne sur le flan droit de l’ANETO, de gros névés bien pentus et glissant et un dénivelé cumulé important.
En bref 73km et 4500m D+ de Haute montagne avec 3 grosses montées ! Plus de 900 coureurs répartis sur les 3 courses proposées au menu (dont un 15km et un 42km), une belle organisation avec de gros moyens mis en oeuvre pour un bel évènement!
Un beau plateau de coureurs était réunis à Luchon, avec chez les hommes : Jerome FOURNIER (vainqueur GRP80km 2013), Nicolas BOUVIER-GAZ (Team New Balance), Emmanuel GAULT (Team ASCIS), Julien JORRO (Team LAFUMA), Pascal MASSOU (Team I-Run), Nicolas MIQUEL (Toulouse), Emmanuel REMI (SO)… Chez les filles, Célia TREVISAN (Team Optisport), Sylvaine CUSSOT (Team Asics), Fanny CATHER…
C’est le local de l’étape, le Luchonais Jérôme FOURNIER qui remporte la course. Il a dominé la course de bout en bout maitrisant à merveille le dénivelé et les passages techniques nombreux et sur la neige. C’est un habitué des belles victoires puisqu’il avait remporté l’an dernier le GRP 80km au nez et à la barbe des grosses écuries de trail français présentes.
Derrière, je fais la course tout du long avec mon meilleur amis et compère d’entrainement Nicolas BOUVIER-GAZ (team New-Balance et licencié à l’AC Aventignan). Nous sommes partis à bon rythme laissant filer une machine nommée FOURNIER, en se disant qu’on reviendrait bien à un moment… Nicolas MIQUEL nous a accompagné un temps mais nous l’avons lâché dans la montée sur le Port de Vénasque.
En haut du Port mes doigts sont gelés. J’ai fait l’erreur de ne pas emporter de gants croyants que le temps se lèverait en altitude comme c’était prévu. Nicolas file dans la descente et tout en gardant une bonne alure je bouge inlassablement mes doigts pour faire revenir le sang. J’ai les mains violettes et très douloureuses… c’est pas bon signe ! Nous avons plus de 20km au compteur et 2200m de dénivelé dans le cornet !
En Espagne après une descente technique mais rapide, nous passons par l’Hospital de Vénasque (en contre bas) et nous nous dirigeons au pied de l’Aneto sur un large plateau vers le refuge de la Besurta (1900m) par une route. C’est le départ de nombreuses expéditions vers l’ANETO. Nicolas est 500m devant. Je le rejoins juste après et nous faisons route ensemble vers le sommet de la course le Tuc de los Mulleres (3010m). Nous allons prendre 1000m de dénivelé en moins de 5km. Nous faisons un Allez-retour au sommet.
Là, le parcours change de physionomie car le sentier devient très escarpé et technique. On ne peut presque pas courir. Nous rencontrons nos premiers névés dangereux et pentus. Des cordes ont été mises en places. Elles nous rappellent que nous ne pratiquons pas un sport « aseptisé » et qu’à tout moment on peut partir à la faute et risquer une chute dangereuse. Vers 2600m l’altitude commence à se faire ressentir. La fatigue aussi. Nous avançons péniblement dans la neige. Il fait froid et le vent est fort. Nous apercevons le sommet entre deux napes de nuages. Il reste encore un bon bout!
Le dernier km de montée se fait dans un paysage pierreux, avec de gros blocs posés là, comme si on avait entassé de gros rochers. Le balisage est posé là aussi, de manière à rallier le sommet. Du coup nos appuis sont fuyants et instables. Nous faisons presque de l’escalade de blocs, toujours avec le soucis de perdre le moins de temps possible. Le premier déboule en « volant » sur ces terrains techniques… clairement il a gagné la course car nous n’irons jamais aussi vite sur ces portions neigeuses ou rocailleuses…
Nicolas prend quelques mètres d’avance pendant qu’au sommet, mes doigts sont encore gelés. Je reste une minute à me faire chauffer les mains par les bénévoles pendant qu’un autre me nourrit car je n’arrive même plus à ouvrir la poches où mon ravitaillement est rangé. Nous sommes à peine au 36ekm et 3100m de dénivelé cumulé.. à mi-parcours quoi ! La descente est très dangereuse. Je passe de blocs en blocs difficilement en évitant de tomber. Poser les mains est un supplice. Je joue à l’équilibriste. Je croise en descendant mes poursuivants directs. Manu GAULT d’abord, puis une « grappe » de 5 coureurs… je commence à stresser car je me dis que je vais me faire « manger » dans cette descente.
Tant pis, je ne compte pas céder ma place et commence à accélérer. Je prends quelques risques, descends sans réfléchir. Je croise la plupart des concurrents et beaucoup m’encouragent, ça fait chaud au coeur. Je pense à eux en me disant que je sais ce qu’ils vont vivre dans quelques minutes… les pauvres ! Je descends le gros névé sur les fesses en me tenant à la corde et en freinant avec mes talons (ça c’était plutôt dangereux… mais marrant!!) En bas personne ne m’a rejoint oufff ! Je prends un ravitaillement rapide au refuge de la Besurta (on y repasse après l’allez-retour) et file vers la dernière difficulté du jour : le Col de la Picade (2500m), 700m au dessus… J’aperçois Nicolas environ 500m devant. Mais comme nous allons à la même vitesse… il y a des chances que je ne le rattrape jamais. C’est pas grave car mon but c’est que l’on monte tous les deux sur le podium… ça serait magique !
Je prends une bonne allure et gère mon alimentation et ma montée. En haut, nous croisons les coureurs qui faisaient le 42km. Commence alors une longue procession où je ne cesse de doubler doubler et doubler… mais comme le sentier est étroit c’est délicat et je préviens gentiment les coureurs de s’écarter car eux ne sont plus à une seconde près… moi OUI! Derrière moi, je n’aperçois qu’un coureur relativement loin. Mais je sais qu ‘en haut de la Picade il reste encore une bonne vingtaine de km où tout peut arriver ! La descente est maintenant sur ces pelouses d’altitude toutes boueuses après le passages de centaines de traileurs. ca glisse mais je gère. Nicolas est maintenant à quelques encablures. On s’encourage de loin. L’Hospice de France (dernier ravitaillement avant l’arrivée à 12km), je recharge mes batteries et me dis que je suis bientôt arrivé…
Sauf que cette descente est interminable et surtout parsemée de nombreux « coups de cul » qui cassent les jambes et font mal au moral. Descente interminableeeeeeeeeeeeeeee!!!!!!!… puis arrivée sur Luchon juste devant les Thermes avec la joie de finir sur le podium. Nicolas vient juste d’arriver. Le premier par contre nous a montré une belle leçon de technique… il nous met presque une heure et pourtant nous n’avons pas chômé ! Mais voilà, on peut perdre beaucoup (beaucoup) de temps quand on est pas à l’aise sur des terrains si extrêmes.
3e en 9h22 pour 70km et 4300m D+… c’est pour dire… une moyenne horaire qui démontre bien la difficulté du parcours ! J’avais déjà couru des courses de ce style (type skyrunning ou marathon de montagne comme le Vignemale par exemple) avec autant de difficulté et de technicité… mais pas sur une course de 70km. Mais je suis content d’avoir terminé 3e et d’être sorti indemne de ce gros « CHANTIER »! Donc deux Hauts-Pyrénéens et deux meilleurs potes sur le Podium!!!! 🙂
Prochain RDV à la fin du mois d’août pour le GRP80km!
RESULTATS du LUCON ANETO TRAIL:
Victoire de Jérôme FOURNIER en 8h23 sur le 73km devant Nicolas BOUVIER-GAZ (9h19) et Julien JORRO (9h22). Célia TREVISAN s’impose chez les filles en 10h56 devant Sylvaine CUSSOT (11h21) et Fanny CATHER (11h39) Le 42km est remporté par Yann GUILLERM devant Yves-Marie Lenestour et Nicolas Coutant. Brunilde Girardet et Marion Clignet s’imposent en 5h25. Sophie Mazana 3ème. Stéphane Cavalca et Mylène Bacon remportent le 15km.
Tous les résultats : resultats 15km resultats 42km resultats 73km
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