Bitume, chemins, piste, herbe…voyons un peu les avantages et inconvénients de chacun !
L’asphalte
Mélange de bitume et de granulat, l’asphalte est une surface plutôt rigide et stable. Sa raideur est avantageuse pour le travail de vitesse car elle permet un grand rendement de course en restituant une partie de l’énergie emmagasinée au sol. Sa stabilité limite le risque d’entorse ou de chute. Il s’agit de la surface de course classique pour l’entraînement et les compétitions.
Les chemins
Par rapport à l’asphalte, les chemins et sentiers proposent une surface plus souple et moins stable optimisant le renforcement musculaire et articulaire ainsi que la proprioception et l’équilibre. Ils représentent la surface idéale pour faire des sorties d’endurance en toute tranquillité ou l’entraînement fractionné long de type seuil. Si le parcours présente des variations de reliefs, on pourra alors s’adonner à du fartleck ou tout simplement des séances de côtes.
Attention cependant à ne pas délaisser complétement l’asphalte car courir sur chemin et sentier peut occasionner une perte d’efficience de la foulée. En effet, la souplesse de la surface a tendance à diminuer la réponse élastique du pied lors de la poussée avec pour conséquence une foulée plus courte, un bassin plus bas et une allure minorée par rapport à la course sur route. Heureusement, pour contrecarrer ces phénomènes, il est possible de s’orienter vers des chaussures plus adaptées dites de « trail ». Par rapport à des running de routes, les chaussures de trail sont plus rigides afin d’apporter plus de stabilité et disposent de semelles de contact spécifiques pour plus d’accroche et une meilleure résistance à l’abrasion. Ainsi, si vous parcourez plus de 80% de chemins ou sentiers lors de votre sorties, optez pour ces chaussures de trail. En-dessous de ces pourcentages, préférez-y des chaussures de route qui sont plus polyvalentes et surtout plus amorties.
La piste syntéthique
Appelée plus communément “tartan”, la piste synthétique, est composée de différentes couches superposées de résine de polyuréthane, de caoutchouc, d’asphalte. Pour la petite histoire, elle est apparue pour la première fois en athlétisme aux Jeux Olympiques de Mexico de 1968.
La piste synthétique est le compromis idéal entre des caractéristiques de raideur et d’élasticité par rapport à la route et les chemins et favorise donc une action de course plus efficace. En témoigne la différence des records du monde sur 10000 m réalisés sur piste (26 min 17 sec) et sur route (26 min 44 sec). En plus du rendement optimal, la piste synthétique a l’avantage de proposer un cadre de course plat, fermé et surtout étalonné par des points de référence tous les 100m. Elle devient alors l’environnement idéal pour réaliser les séances de fractionné, contrôler ses allures et prêter toute son attention à l’action de course.
La piste n’est pas pour autant dénuée d’inconvénients à commencer par l’aspect mental. La répétition de tours de piste peut rapidement devenir ennuyeux et difficile mentalement pour le coureur. La répétition de séances de piste et donc de foulées uniformes pourraient à terme amener à des sur-sollicitations et donc inflammations musculaires, articulaires et tendineuses. Il convient donc d’y courir avec parcimonie et spécifiquement pour les séances de fractionnés courts de type V.M.A.
L’herbe
A l’opposé de l’asphalte et de la piste synthétique, l’herbe est une surface souple qui rend moins d’énergie et demande une dépense énergétique supplémentaire. En effet, les muscles posturaux doivent travailler plus pour maintenir la stabilité du corps dans l’espace. Il s’agit donc de la surface idéale pour travailler musculairement et notamment les muscles du pied. Nombreux sont les coureurs qui profitent des abords herbeux de la piste pour réaliser leurs éducatifs, la proprioception ou tout simplement insérer quelques minutes de course pieds nus dans leur séance.
L’un des secrets du sprinter jamaïquain Usain Bolt, serait justement de s’entraîner sur des pistes herbeuses. Courir sur herbe lui permettrait de gagner en force et en tonicité au niveau des membres inférieurs et de prévenir les risques de blessures, lui qui a souvent souffert de douleurs lombaires.
Quelle surface de course privilégier ?
Comme en entraînement, c’est le principe de diversité qui doit prévaloir. D’autant plus que, à lecture de plusieurs études scientifiques sur le sujet, il n’existe aucune surface qui soit plus adéquate que les autres ; à commencer par la force d’impact au niveau des articulations qui serait identique que la surface de course soit dur ou souple. L’explication de cette observation résiderait dans l’adaptation du corps à la surface afin de mieux absorber les chocs liés à la course à pied.
Cette idée selon laquelle le corps opérerait des ajustements en fonction de la surface de course reste néanmoins largement débattue. Si certains chercheurs comme D. Ferris et al. (Running in the Real World : Adjusting leg stiffness for different surfaces. Proceedings of the Royal Society of London B, 1998, 265, 989-994.) et Vitor Tessutti et al. (In-Shoe plantar pressure distribution during running on natural grass and asphalt in recreational runners, Journal of Science and Medicine in Sports, 2010, 13(1), 151-155) ont respectivement prouvé que les coureurs ajustaient la rigidité de leurs jambes dans la direction opposée à la surface et exprimaient 12% de pression en plus sur chaque pas quand ils courraient sur de l’asphalte comparé à de l’herbe ; Mark Tillman et al. (In-shoe plantar measurements during running on different surfaces : Changes in temporal and kinetic parameters, Sport Engineering, 2002, 5, 121-128.) n’ont trouvé aucune différence dans les forces appliquées dans les chaussures par des coureurs sur l’asphalte, sur du béton, de l’herbe ou sur terrain synthétique.
Chaque surface présente des avantages et des inconvénients. L’asphalte et la piste synthétique permettent de reproduire des foulées identiques et donc stressent répétitivement les muscles, os, tendons et articulations prédisposant ainsi risques d’inflammations ou de fractures. Sur chemins, sentiers ou herbes, l’irrégularité du terrain prévient ces risques là mais peut augmenter les risques d’entorses ou de chutes. Quant au tapis roulant, il peut se montrer une alternative intéressante mais ne peut en aucun cas remplacer complétement les autres surfaces compte tenu des modifications biomécaniques qu’il génère. A tout cela, nous pouvons rajouter qu’aucune étude n’a pu trouver de lien entre la surface de course et la proportion de blessures à l’image de celle de Jack Taunton et al. (A prospective study of running injuries : The Vancouver Sun Run « In training’ clinics, British Journal of Sports Medicine, 2003, 37, 239-244) réalisée sur un panel de 844 coureurs.
En conclusion, variez vos surfaces de course comme vos entraînements tout en tenant compte d’un dernier principe : le principe de spécificité. Ainsi, si vous préparez une course sur route, il faudra courir sur toutes les surfaces tout en privilégiant la route et inversement si vous préparez un trail.