Voici une course peu connue des runners. Il faut dire qu’elle ne correspond pas aux critères habituels de ce que l’on peut rencontrer tous les week-end par chez nous !
C’est bien une course homme contre cheval. Des coureurs à pied, et d’autres à dos de cheval qui guident l’animal sur un parcours vallonné, sur des collines, avec un sol parfois dur mais souvent herbeux ou en terre, et quelques ruisseaux à traverser. Cela ressemble plus à un cross-country longue distance qu’à un trail, même si cela dépend de la météo qu’il fait certaines années.
Cette course est née en juin 1980 au Pays de Galles à la suite d’une discussion à l’arrière salle Neuadd Arms Hôtel. Alors propriétaire, Gordon Green entendit deux hommes discuter des mérites respectifs des hommes et des chevaux de course sur un terrain montagneux. L’entreprenant Green ne manqua pas l’occasion d’améliorer la vitrine de son entreprise à travers un événement tout à fait unique, et c’est ainsi qu’est née le « Man VS Horse Marathon« . Si l’avantage du cheval était net au début, la course a été ensuite modifiée pour que les écarts avec l’homme se resserrent. Le cheval gagnait toujours mais seulement de quelques minutes voir même de quelques secondes. Il a fallu attendre 25 ans pour qu’un homme l’emporte, Huw Lobb en 2h05 bat le premier cheval de plus de 2min. 3 ans plus tard il est imité par Florian Holzinger, mais depuis le cheval l’emporte chaque année.
La course compte environ 50 chevaux pour une centaine de coureurs. La course de 22 miles (environ 35 km) n’est pas un marathon. Les chevaux partent 15 minutes après les coureurs. C’est d’ailleurs toujours surprenant d’entendre comme un « tonnerre » quand les cavaliers arrivent avec leur monture derrière les coureurs dans d’étroits chemins, mais la maîtrise de l’animal est tout à fait bonne et tout se passe bien. A noter qu’à mi-course les chevaux doivent assister à un contrôle vétérinaire, ce qui donne un léger avantage supplémentaire aux coureurs. Depuis cette année, le chronométrage électrique est instauré, et un fonctionnement par prime révisé. Chaque année, on rajoute 500 livres (625€) tant que la course n’est pas gagnée par un coureur. Le 1er vainqueur homme avait gagné une coquette somme de 25 000 livres ! (31 254€). Le vainqueur 2014 est le duo Goeffrey Allen sur « Leo » en 2h22, tandis que le premier coureur est Jonathan Albon en 2h42.
Les particularités du terrain et de la météo changent quelque peu les données. Sur un terrain accidentés, l’homme passe plus vite alors que le cheval doit faire attention et assurer le pas. Ce qui permet à l’homme d’être plus régulier dans son effort avec de faibles variations d’allure, alors que le cheval ira bien plus vite sur le plat. De plus, les chevaux surchauffent plus avec la chaleur. Nous le savons, l’homme est avantagé sur le plan de l’endurance notamment par rapport à la sudation, plus régulée. Un expert équin confirme que pour 500kg, un cheval a 5 mètre carrés de surface alors qu’un homme pour 80kg en a 2 mètres. Chaque mètre carré de surface sur l’animal a besoin de perdre 2 fois et demi plus de chaleur! Sans compter qu’ils portent un homme sur leur dos… Et comme l’être humain, le cheval a besoin d’être entraîné spécifiquement à traverser des terrains accidentés sur de longues distances, sinon, pas de miracles !
Mathieu BERTOS
Photos : theguardian.com et green-events.co.uk