Daniel nous a déjà parlé de la douleur et de la relaxation. Il revient aujourd’hui nous parler du massage transversal profond. Pour l’avoir testé à la rédaction, on peut vous dire que ça fait mal, très mal mais que c’est efficace pour venir à bout notamment de problèmes tendineux. Pour en savoir plus, place à Daniel ! Voici encore un véritable guide pratique !
Les lésions les plus fréquemment rencontrées au niveau du squelette dans la pratique sportive, qu’elles soient musculaires, tendineuses, ligamentaires ou péri-articulaires en général, sont essentiellement caractérisées par la douleur et l’inflammation, avec comme conséquences une impotence fonctionnelle qui se traduit par l’obligation de restreindre, voir d’interrompre entrainement et espoirs de compétition, pour une durée souvent difficile à évaluer dans un premier temps.
De plus, cette gêne gestuelle, largement entretenue par les simples mouvements de la vie quotidienne, a une fâcheuse tendance à durer. Les traitements médicaux, comme nous en avions précédemment parlé, sont efficaces mais, étant forcément limités dans le temps, l’expérience montre bien le caractère récidivant de ces lésions… cela débouche donc souvent sur une saison sportive pourrie !!…
Il existe un moyen physique très simple, remarquablement efficace, facile à appliquer par le sujet lui-même, sans limitation de fréquence ni utilisation de matériel sophistiqué : le MASSAGE TRANSVERSAL PROFOND ( en abrégé MTP, connu également sous l’appellation de son auteur, massage de Cyriax).
Les intérêts :
- Antalgique : ne nous méprenons pas ! La manœuvre elle-même est paradoxalement… très douloureuse !!! C’est son effet « mécanique » qui est bénéfique. Il faut donc posséder cette forte motivation, mais qui nous caractérise en général,… savoir souffrir pour obtenir un résultat !
- Anti-inflammatoire : le MTP a pour principale action d’amener cette fameuse hyperémie, c’est-à-dire une importante augmentation locale de l’afflux sanguin, qui permet de déposer à l’endroit souhaité nos éléments globulaires capables de lutter très efficacement contre cette inflammation.
- Anti-raideur : la manœuvre empêche l’apparition ou, si elle est déjà constituée, assouplit la fibrose, cette adhérence profonde qui est elle-même génératrice de douleur supplémentaire à chaque tentative de mouvement auquel elle s’oppose…
La technique :
Extrêmement simple :
- Repérer la zone douloureuse : c’est le plus facile, personne n’est mieux placé que le sujet pour savoir où il a mal !!
- Placez l’extrémité de votre pouce (c’est le doigt le plus fort) sur le point électif de la douleur : si elle est plus grande que le doigt, vous aurez le privilège de faire la même manœuvre sur une surface plus vaste !…
- Faites une forte pression sur ce point, le but étant de mobiliser la peau sur la zone profonde (comme si vous cherchiez à faire briller une surface osseuse polie et que votre peau soit la lingette !…) Cette pression doit en principe être transversale, c’est-à-dire perpendiculaire au trajet du tendon, ligament ou muscle. Si on connait bien son squelette c’est facile. Dans le cas beaucoup plus répandu où l’on n’y connaît rien, contentez-vous de maintenir cette forte pression en effectuant simplement une manœuvre circulaire, comme si vous ponciez la surface profonde (les anglo-saxons parlent d’ailleurs fort à propos de « sanding »). Oui, c’est très douloureux au début, mais vous allez sentir, après 3 ou 4 minutes de masochisme médical, cette douleur s’atténuer, devenir plus sourde. On peut également faire précéder le MTP par l’application de froid qui tend à neutraliser en partie la douleur profonde.
- Répétez ce massage au moins deux à trois fois par jour. Ne vous étonnez pas de la rougeur locale parfois un peu durable (c’est l’hyperémie évoquée plus haut et qui est hautement souhaitable), parfois même de l’apparition secondaire d’une petite ecchymose (« bleu »), c’est simplement que vous êtes un bon thérapeute (et là, les dames sont fréquemment privilégiées car elles « marquent » souvent plus facilement !…)
Les résultats :
En deux ou trois jours, associé bien sur avec le repos sportif, la cryothérapie, l’utilisation locale éventuelle de gels ou produits anti-inflammatoires (dont on rappelle bien qu’ils ne sont que des adjuvants et que leur action ne remplacera jamais les techniques manuelles), le phénomène douloureux et inflammatoire doit naturellement régresser.
Si tel n’était pas le cas, et à plus forte raison si les signes douleur-chaleur-œdème-impotence fonctionnelle semblent se majorer, il faut consulter sans attendre car, ce qui peut sembler n’être initialement qu’un phénomène local sans gravité, peut se révéler être le signe inaugural d’une pathologie nettement plus préoccupante (algodystrophie, fracture de fatigue, etc…).
Le MTP peut être utilisé sans modération ! , à la demande, sur toutes les zones, au moins tendineuses ou ligamentaires. Ne jamais l’employer (ni aucune autre non plus d’ailleurs) sur une lésion musculaire grave, supposée ou avérée (déchirure, micro-ruptures fibrillaires, …) avant vérification validée du diagnostic d’abord, puis de la cicatrisation ensuite. De plus, au niveau musculaire (ischio-jambiers, triceps,…) compte tenue de la masse importante et de la localisation, d’accès malcommode, il convient plutôt de se rapprocher du kinésithérapeute ou de l’ostéopathe.
On ne peut pas terminer non plus sans évoquer la nécessité d’identifier, ou au moins de tout faire en ce sens, la cause de la lésion, en vertu toujours de notre principe fétiche : soigner, c’est bien, guérir, c’est mieux, mais éviter de mettre son doigt dans un engrenage qui ne s’arrête pas, c’est l’idéal !…
Bon MTP à toutes et tous !….