Nous n’avons pas tous aimé la philo au moment du bac, ou pas forcément bien réussi, incompris que nous fûmes ! (oui, les coureurs fûmes… euh non, furent…). Pourtant nous nous intéressons aux sujets qui sortent chaque année, parce que par moments (ou plus souvent) nous aimons bien y réfléchir. Et si nous appliquions un sujet du bac aux coureurs que nous sommes ? Prenons celui-ci : « L’artiste est il maître de son oeuvre ? » … qui se transformerait donc en « Le coureur est-il maître de son œuvre ? ».
Le mot « œuvre » pour la plupart d’entre nous est un bien grand mot, je vous l’accorde. Nous sommes plus aptes à répandre des saletés partout sur le sol de la maison, que de repeindre le plafond de la Chapelle Sixtine. Pourtant, chacun a son style, sa façon de faire, sa propre foulée… et tout ceci résulte des entraînements, des apprentissages. L’œuvre au final est donc bien quelque chose de construit qui résulte d’une préparation. Mais il y a aussi une part d’inné. Ne serait ce que la foulée. Elle est tout à fait personnelle, voir inconsciente. Elle découle de notre morphologie, de la longueur de nos membres, de notre poids, notre façon de nous déplacer… C’est en quelque sorte le « coup de pinceau » du peintre. Bon…tout le monde ne peint pas au pinceau fin en martre ! Malheureusement… ou alors avec l’autre côté du pinceau ! Bref. Le travail donc, et le style propre à chacun. Déjà, nous avons un début de réponse car la part d’inné ou d’acquis n’est pas forcément maîtrisable et quantifiable. Donc « le coureur… n’est pas tout à fait maître de son œuvre ! »
Pourtant… Une performance peut être archi-préparée, maîtrisée. Prenons l’exemple de la piste. Un environnement stable, un lieu étalonné, un coach au bord du terrain avec les temps de passages… Et une course qui, au bout d’une préparation, donne un résultat attendu. Seulement, vous savez tous comme moi que vous avez beau être prêts, quelques fois rien ne se produit comme on le souhaite. D’autres fois au moment où vous ne vous y attendez pas, c’est la grosse performance, tout marche (ou court) comme sur des roulettes ! Malgré tous ces kilomètres, nous n’en sommes pas forcément… maître. Nous avons donc notre réponse: » le coureur n’est pas toujours maître de son œuvre« . Et là vous vous dîtes que si c’est pour s’enquiller autant d’heures d’entraînement pour un résultat qui ne marche pas toujours…! Certes oui, mais vous ne pouvez pas y aller « au talent » (comme dans vos bonnes vielles heures d’étudiant qui s’est mis à réviser ses exams la veille). Le talent ne suffit pas.
Il faut du travail et encore du travail. Les champions sont sans doute ceux qui travaillent le plus pour réaliser de grandes choses. Michelangelo (pas la tortue Ninja, celui de la Chapelle Sixtine!) n’a pas peint après avoir réalisé un matin qu’il avait du talent. Il a étudié la sculpture, l’anatomie etc… Son talent était de pouvoir concrétiser ses connaissances et son savoir-faire. Toutes les informations et les idées sont traitées et re-traitées par le cerveau pour se concrétiser… par le bout du pinceau! Ou des pieds 😉
Alors, pas trop fatigués après ces propos philosophiques? Allez, un petit footing pour se « dé-penser » et rêver à sa prochaine œuvre !
Mathieu BERTOS
Photo : Emelie Forsberg