Paul Tergat a aujourd’hui 45 ans. Il a laissé derrière lui une carrière immense, des courses et des performances hors du commun. Né le 17 juin 1969 à Karbarnet (Kenya), sa vie de sportif débute dans les premiers temps par le basket. Mais bien sûr ses qualités de coureur sont indéniables et il se met exclusivement à la course.
Son histoire s’écrit en parallèle du coureur éthiopien Haile Gebreselassie, légèrement plus jeune. Ils se retrouveront dans leurs débuts sur le cross, mais Paul Tergat montre plus d’aptitudes. Tellement qu’il va devenir le plus grand coureur sur cette discipline, remportant les 5 titres d’affilée de 1995 à 1999 ! John Ngugi en a aussi 5 mais sa série fut interrompue par Skah. Tout ceci avant que Bekele n’arrive au début des années 2000, où il fit 5 fois le doublé cross court/long avant de rajouter un 6è titre sur le long… et de le surpasser. En tout cas, le début de la légende Tergat vient de commencer.
Sur piste, il est présent sur 5000m et 10 000m mais c’est dans ce dernier qu’il s’exprime le mieux. Aux JO d’Atlanta en 1996, il affronte Gebreselassie. Quand l’éthiopien change de rythme dans le derniers tiers de course, c’est le seul à pouvoir répondre ! Mais « Gebre » tente le coup au dernier 400m et creuse un écart, de quelques mètres seulement, qu’il ne pourra combler. Il inquiète cependant le vainqueur qui se retournera jusqu’au bout. Avec 7’28 au 3000m et 12’49 au 5000m, Tergat possède d’indéniable qualité de vitesse pour un coureur de fond. En 1997, il s’attaque au record du monde de Salah Hissou (26’38). Lui et Paul Koech dépasseront la marque mais il porte la sienne à un impressionnant 26’27 ! Depuis, seuls Gebreselassie puis Bekele ont fait mieux (RM 26’17).
En 2000 en finale du 10 000m des JO de Sydney, la revanche a lieu entre lui et Gebre. La tension est palpable. Léger et fluide, Tergat économise ses forces tout en restant au contact. Gebre est devant mais se prépare à toute éventualité. A 400m de la fin, le peloton est encore groupé. L’allure s’accélère. Tergat, au milieu du groupe, décroche et produit une violente accélération aux 250m. La file de coureurs s’étire jusqu’à rompre. Gebre s’empresse de se mettre dans sa foulée. La vitesse est hallucinante dans la dernière ligne droite, où les deux coureurs sont seuls au monde pour livrer bataille, ils donnent tout. Gebre produit un effort immense et le passe dans les derniers mètres ! Nous venons d’assister au plus beau finish du 10 000m ! 56″ sur le dernier 400m en ne démarrant le sprint qu’aux 250m… 26″ sur le dernier 200m. mais Tergat ne sera jamais champion olympique…
Sa carrière s’oriente ensuite vers le marathon, alors qu’il a déjà nettement montré ses aptitudes sur route avec un record du monde du semi-marathon à Milan en 1998 : 59’17 ! Record qui aura tenu 7 ans, battu d’une seconde par Samuel Wanjiru. Après 2 essais au marathon de Londres ultra convaincants (2h08’15 en 2001 et 2h05’48 en 2002), c’est à Berlin où il réalise une performance fabuleuse: 2h04’55, record du monde ! Premier coureur sous les 2h05 ! Il avouera par la suite : » Être le premier coureur avec un temps sous les 2h05 est le plus grand moment de ma carrière. Bien sûr, j’ai eu de grands succès en cross-country et sur les épreuves de piste et de route où j’ai battu plusieurs records. Cette ensemble de résultats est assez unique. Et si je regarde mes temps sur 3000m et 5000m, je dois dire que ce sont des temps fabuleux »
Son autre fait de gloire sur marathon sera de remporter le marathon de New York en 2005 (2h09’30), en battant au sprint Hendrick Ramaala. En 2009, il réalise 2h10’22 à l’âge de 40 ans. Il vit la plupart du temps au Kenya où il est coach et mentor, aidant les athlètes également dans leur après carrière. Il a fait beaucoup pour les enfants à l’école. Il est devenu membre du CIO en 2013. Ses performances, son humilité et son altruisme en fait comme un Gebreselassie un des plus grands de l’histoire de la course à pied.
Mathieu BERTOS