La Bourgogne, une région qui fait plutôt penser aux vignes et donc à son bon vin qu’à ses terrains de trail … Et pourtant ! Il paraît que par là bas, se tient un très belle course qui intègre le TTN long (Trail Tour National) cette année : le Trail des Hautes Côtes, épreuve qui fait partie de l’évènement appelé Ultra Trail de la Côte d’Or (de par sa plus longue course : son ultra de 105km).
De multiples raisons nous motivent à cocher cette course là : découvrir une nouvelle épreuve sur un terrain de jeu qui nous est complètement inconnu, participer à une épreuve du TTN et ainsi avoir le nombre de manches nécessaires pour espérer un classement (ne terminant pas l’Eco-Trail de Paris à cause de ma chute, je rate une course classante), cibler une course avec un dénivelé modéré (1500D+ pour 47km sur cette épreuve du TTN) mais de quoi bien travailler pour la suite avec des portions roulantes mais aussi cassantes et techniques, … Bref, nous ne tardons pas à confirmer notre participation à l’organisateur, un ami, Fabrice Dubuisson, pressés de excités à l’idée de découvrir ce bel évènement !
Plus de 4h de route nous séparent de Marsannay la Côte, petite ville de la Côte d’Or située à une dizaine de kilomètres de Dijon, lieu du départ et de l’arrivée de la course. Nous arrivons la veille, pour un départ samedi 31 mai à 9h. Manu n’est pas dans sa forme des grands jours, et pour ma part, je suis prise d’une violente crise de conjonctivite depuis le milieu de journée, qui m’aveugle complètement. Autant dire que nous ne sommes pas hyper confiants en allant se coucher, mais on se posera les bonnes questions demain matin au réveil … ! Et nous savourons malgré tout ces moments privilégiés d’avant course !
Rapide débrief au réveil : Manu se sent toujours moyen moyen, et moi, petite amélioration par rapport à la veille, mais j’ai toujours les yeux bien rouges et douloureux. On va espérer que ça ne compromette pas trop le déroulement de la course ! Je garde de toute façon une chose en tête : assurer la sécurité de mon pouce encore fragile et sous attelle, et faire une course pleine sans chuter. 8h15, nous sommes déjà en possession de nos dossards, la voiture est garée dans le centre de Marsannay, non loin du départ, pas de stress, on est largement dans les temps (assez rare pour s’en réjouir !). Quelques échanges avec Dudu, on croise également Emmanuel David, Fabien Chartoire, Florian Perrier et sa petite femme, Laurent, Marylène, … Laurence Klein est annoncée mais je ne la vois pas encore dans les parages. Côté météo nous sommes gâtés : le ciel est bleu, aucune menace à l’horizon, on risque même d’avoir chaud. Tenue légère de rigueur, un porte bidon simple devrait suffire, les ravitaillement sont plutôt bien placés : 10km, 26km et 35km sur le papier ! 8h50, c’est l’heure de s’approcher de la ligne …
A 9h pile, après quelques mots du speaker, le départ est donné ! Seulement quelques mètres de bitume nous mènent vers les premiers sentiers, traversées de vignes pour commencer, puis rapidement, nous entamons les premiers dénivelés positifs en forêt. Une féminine est partie devant comme un boulet de canon, je ne la connais pas mais n’essaye même pas de l’accrocher, son départ est trop rapide à mon goût. J’ai déjà l’impression de partir à bon train, je garde mon rythme sans me laisser influencer. Les premières sensations sont plutôt bonnes, mais j’ai le ventre barbouillé et l’œil qui commence déjà à couiner … (vive le printemps !). Laurence Klein me double dans le premier quart d’heure, un rapide coucou d’encouragement et souhait d’une belle course et je la vois s’échapper.
Cette première ascension, douce mais longue, en bon faux plat montant, se prolonge jusqu’au premier ravitaillement, le 10ème kilomètre environ. J’ai aperçu les deux filles devant moi à un endroit où l’horizon était dégagé, elles ne sont pas si loin et j’ai d’ailleurs rattrapé celle qui était partie en tête (Emilie Deronzier). Nous passons ensemble au ravitaillement, un peu plus de 50 minutes de course, je n’ai pas vu le temps passer, c’est plutôt bon signe. Je fais le plein d’eau même si je n’ai quasiment rien bu, histoire de ne pas risquer de manquer par la suite. Les sentiers sont souples et ombragés, je prends beaucoup de plaisir à courir sur cette portion. Quelques racines et pierres au sol, mais le parcours reste relativement propre pour le moment, je me permets d’allonger prudemment dans cette descente de 5km qui suit. Émilie, qui semblait avoir eu un coup de moins bien au 10ème km, me redouble à toute vitesse dans la descente. Je l’encourage, et la laisse à nouveau partir en me disant qu’elle risque de se fatiguer avec ces changements d’allure aussi soudains … On verra bien, c’est peut être sa stratégie de course après tout !
15ème kilomètre, jambes et souffle ok, je ne regarde pas trop ma montre pour rester concentrée sur mes appuis (les sentiers ressemblent à ceux de l’Eco-Trail de Paris : d’apparence roulants et propres mais remplis de petits pièges qui nécessitent de lever les pieds), mais je sens que ça avance bien. Mon œil droit n’est pas au top, à demi fermé, mais j’ai toujours le gauche pour m’orienter ! On reprend une petite ascension où Émilie semble coincer. Elle marche ici, je cours et la redouble donc. Elle lance : « pffff, allez, je vous laisse moi ! » On taquine avec un coureur qui porte un tee shirt Superman (oui, il pourrait la porter quand même si vraiment c’est un super héros !!), et je décide cette fois de vraiment donner une nette accélération pour creuser le trou. Ça tombe bien, ce passage n’est pas accidenté et permet de vraiment se faire plaisir. Superman donne le rythme, on enchaîne plusieurs minutes ensemble, mais en haut de la prochaine grimpette, il s’arrête net : »allez allez ! », j’essaye de le motiver. « Non, non, mais j’attends un copain »; Ok, je file alors !
Les kilomètres qui ont suivi jusqu’au second ravitaillement ont été plus longs. J’attendais le prochain point d’eau vers le 26ème kilomètre, mais nous ne l’avions toujours pas atteint au 28ème. Entre le 22 et le 28ème kilomètre, on enchaine montées, descentes, et cette fois sous le soleil, je commence à craindre de faire une hypo, je suis à sec ! J’ai l’impression de me trainer dans une longue montée (pourtant pas très pentue mais bien traitre !) qui me semble interminable … Et puis enfin, le voilà, le ravitaillement ! Je croyais la première féminine bien loin devant moi mais j’avais finalement réussi à remonter progressivement puisque je retrouve Laurence KLEIN à ce moment là. Elle repart du ravitaillement au moment où j’arrive. Je m’empresse de faire le plein d’eau, ajoute de la poudre sucrée Isostar que j’avais pris soin de mettre dans un sachet plastique (en fait, je galère un peu avec la manip et ça m’agace de perdre du temps avec ça !) et je repars ! Laurence en ligne de mire, je me fixe comme objectif de la recoller. Mon œil va mieux, c’est plutôt une bonne nouvelle, je ne me voyais pas faire les 47km avec une vision aussi mauvaise …
J’ai pris un léger coup de chaud avant d’arriver au ravitaillement, du coup j’accuse un peu le coup à ce moment là mais j’arrive au niveau de Laurence. On prend des nouvelles l’un de l’autre, mais je me cale dans sa foulée et la suit pendant environ 5km. Elle me prévient : « attention, on entame la partie la plus difficile là ! » Quelques spectateurs nous annoncent alors 2ème et 3ème féminine. Étrange, aucune fille ne nous a doublé et le classement est resté figé depuis le moment où j’ai distancé Émilie (qui était alors 3ème). Gros mystère et ça n’a pas l’air de plaire à Laurence, qui passe brusquement à la vitesse supérieure. Je préfère la laisser partir petit à petit. Au croisement je retrouve Damien Vierdet, qui est parti très tôt ce matin sur l’ultra. Je l’encourage et lui demande comment il va. A priori, il est dans le dur, allez Damien ! Je passe, avec l’espoir de revenir sur Laurence (je la vois toujours devant).
Il reste plus de 10km, mais cette partie est vraiment usante : alternance de montées courtes mais très raides (qui nécessitent parfois de mettre les mains ou de s’accrocher aux branches), et de descentes glissantes et escarpées (accompagnées de cordes et même de bénévoles pour nous sécuriser). J’accuse un peu le coup à ce moment là, mais je me rends compte aussi que je n’ai quasiment rien mangé ! Vite, j’avale une barre et je refais le plein d’eau au dernier ravitaillement où on m’annonce Laurence « vraiment pas loin ». Je retrouve un peu de forme pour terminer et parviens à allonger la foulée en zigzagant entre les coureurs qui viennent des autres parcours (le 29km notamment). J’abandonne l’idée de pouvoir raccrocher Laurence et m’accorde même une « pause pipi » avant la dernière descente vers l’arrivée.
Ma montre GPS m’indique plus de 46km, la fin de doit pas être loin, d’autant que nous retrouvons la traversée des vignes du départ. Retour sur le bitume, les encouragements se font de plus en plus nombreux : »allez, c’est presque fini ! » Un dernier virage nous emmène sur la dernière ligne droite, l’arche d’arrivée est désormais visible. Je pense à Manu, qui doit m’attendre depuis un moment (j’ai pris de ses nouvelles sur le parcours, Christophe Leloup, que je remercie pour ses nombreux encouragements, le comptait 4ème quasiment depuis le début) et que j’ai hâte de retrouver. Plus que quelques foulées et je franchis la ligne d’arrivée en 4h35. Au compteur : 47km et 1500D+.
Une féminine est en train de parler du micro avec le speaker, ce n’est pas Laurence. On l’annonce donc 2ème féminine et moi 3ème. Sauf qu’en fait, elle a coupé (involontairement) et a fait plusieurs kilomètres de moins que nous et s’est retrouvée de cette façon de la 8ème place à la 1ère (ils auraient été une quinzaine de coureurs à suivre un mauvais sentier et à se raccourcir le parcours de parfois 5km selon les propos de certains !). Légèrement agacée parce qu’elle ne dit rien, je vais en parler à Manu et hésite à expliquer la situation. Hé oh et puis mince alors, j’ose (quitte à passer pour une râleuse, mais bon y’a des points pour le TTN quoi !), je vais voir cette soi disant 2ème en lui demandant comment elle a pu se retrouver en tête de la course par miracle. Elle finit par avouer en effet, qu’elle s’est trompée de route et qu’elle doit me céder cette 2ème place. Le juge approuve en vérifiant les temps intermédiaires.
Me concernant, tout est donc rentré dans l’ordre, mais pour le reste du classement, pas évident de remettre chacun à la bonne position … Et pourtant, en refaisant le parcours, je ne comprends vraiment pas comment certains coureurs ont pu se tromper de parcours. Je n’ai eu aucun problème de balisage personnellement et j’ai pris beaucoup de plaisir à galoper dans ces superbes sentiers de la Côte d’Or. Un grand merci aux nombreux bénévoles et aux organisateurs.
Sylvaine CUSSOT
Crédit photos: Christophe ROCHOTTE
Les résultats du Trail des Hautes Côtes 2014
Top 5 hommes
1- DAVID Emmanuel- 3h38’13
2- CHARTOIRE Fabien- 3h46’49
3- HAYETINE Alexandre- 3h54’10
4- PIGNET Chistophe – 4h03’56
5- RENAUT Stephane- 4h05’23
Top 5 femmes
1- KLEIN Laurence- 4h29’29
2- CUSSOT Sylvaine- 4h35’58
3- PAULIN Aude- 4h38’09
4- DERONZIER Emilie- 4h49’41
5-HERVE Valérie- 5h01’10