L’an dernier, nous abordions un sujet qui mettait en évidence l’état de santé de l’athlétisme : les Interclubs. Le constat n’était pas très folichon: les clubs ont de plus en plus de mal à constituer des équipes, faute de compétiteurs entre autre. Pourtant, l’élite se porte plutôt bien avec des athlètes qui peuvent briller à haut niveau comme Lavillenie, Vicaut, Lesueur, Lemaître, Bosse, Billaud, Martinot-Lagarde, Mehkissi, Robert-Michon, etc… Mais voilà, il ne faut pas oublier que les futurs athlètes de haut niveau sont issus des petits clubs au départ, voir de la « masse » des pratiquants. Si dans l’avenir, l’encadrement et la formation tendent à manquer, les athlètes issus de la masse vont être difficiles à trouver et à former.
C’est une des raisons pour laquelle l’athlétisme local est en péril. Moins de jeunes compétiteurs, c’est moins de personnes à former pour juger et encadrer les différentes épreuves, et c’est absolument nécessaire. Pour exemple en javelot, il faut quelqu’un pour valider le jet sur l’aire de lancer, et un autre pour valider l’objet à l’atterrissage et mesurer. Il faut également que les parents suivent et donnent un coup de main, pour placer et déplacer les haies, pour ratisser le sable d’un sautoir etc… l’organisation d’une compétition d’athlétisme n’est pas une mince affaire, et la sécurité est extrêmement importante.
Il faut des moyens humains, même à l’intérieur d’un club. Pour l’instant, des passionnés de la première heure sont toujours aux commandes (et heureusement!). Leur vécu et leur savoir sont indispensables, mais ils sont quelques fois toujours en place malgré eux, faute de pouvoir passer le flambeau. Il y a quelques temps, les clubs fourmillaient de personnes à tous les niveaux, ils ne sont désormais que quelques-uns à faire tourner la boutique. Bien sûr, les conditions financières sont plus dures, les partenaires manquent.
L’exemple des Interclubs était flagrant de vérité quand on voit le peu de renouvellement des athlètes présents, la difficulté de positionner deux athlètes par discipline… Il y a moins de 10 ans, les clubs pouvaient constituer régulièrement 2 équipes. Désormais c’est la croix et la bannière pour en coucher une sur le papier. D’ailleurs, de plus en plus de clubs sont forcés de faire des ententes pour continuer à exister sur cette compétition, qui rappelons-le est le poumon d’un club (compétition et loisir) car elle permet d’établir un niveau qui ensuite permet de décrocher des subventions (des moyens) pour faire fonctionner l’ensemble du club ! Être présent au complet sur deux week-end dans l’année est compliqué. Même les meetings sont dépeuplés, ce qui est triste à voir pour les passionnés.
Nous le constatons tous, anciens et nouveaux coureurs : la tendance est au loisir. Les disciplines de demi-fond et de fond sont sans doute les plus désertées. Les coureurs ne sont plus attirés par les tours de piste. On se lance d’autres défis beaucoup plus rapidement. Combien de coureurs se lancent sur leur 1er marathon après quelques mois de course à pied ? Combien d’entre vous passent au trail ? Et de plus en plus aux ultras ? Si le constat est vrai, la corrélation avec les résultats sur piste l’est aussi. Les vétérans se désolent bien souvent de voir le niveau et surtout la densité baisser. Moins de compétiteurs et donc moins de performances ! Même si, comme nous le disions en début d’article, nous avons toujours quelques élites bien placés, le 5000m et le 10 000m trouvent assez peu de coureurs pouvant s’exprimer au niveau international… (Bob Tahri semblerait en mesure de titiller ces records nationaux, notamment sur le 10 000m… à suivre). Alors au niveau local… Il y a très peu de 5000m proposés en meetings, et de très rares 10 000m, faute de participants entre autre.
Ce constat qui se dégrade d’année en année n’est pas bien joyeux, et on se demande jusqu’où ça va aller. Si les clubs n’unissent pas leurs forces (ententes, fusions…) c’est une mort à petit feu de l’athlétisme en compétition, qui fera vaciller ensuite le fonctionnement global du loisir. Tout le monde est concerné ! Athlètes, entraîneurs, parents et coureurs hors-stade.
L’athlétisme est un sport spectaculaire, intense, esthétique, essentiel pour la plupart des autres sports… gardons-le en bonne santé !
Mathieu BERTOS
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